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Le culle de Vénus doit avoir clé forl ancien à Albe et à Gabies’ ; nous savons, d’autre part, qu’elle possédait, deux sanctuaires importants à Ardée et à Lavinium, ce dernier étant commun aux divers peuples latins qui s’y réunissaient sous la présidence des Ardéates-. En 337= 217, les decemviri sacris faciundis vinrent à Ardée pour sacrifier à la déesse^ et c’est d’Ardée que semble dériver le culte romain de Vénus ^

A Rome, certaines vieilles divinités, comme Murcia et Cloaciiia, ont été, à l’époque historique, assimilées à Vénus^ ; on a même pu les considérer comme dos formes primitives de la Vénus romaine^ Quoi qu’il en soit, les deux plus anciens cultes nettement certifiés sont ceux que l’on rendait à Vénus dans le bois sacré de Libilina et au voisinage du CArcus Maximiis. Le premier sanc- tuaire, dont l’emplacement contribuait à fonder l’identi- fication de Vénus avec libitiina, est de date inconnue ’ ; le second fut commencé en 459 = 295 par l’édile curule Q. Fabius Gurges*. L’anniversaire de ces deux temples était célébré le 19 août, jour des Vinalia rustica où les holilores avaient leur fêle’", ce qui met en relief la nature primitivement agraire de la Vénus italique".

Sans être jamais complètement effacé’", ce caractère primitif va être relégué au second plan , du jour où Aphro- dite s’appropriera le nom de Vénus et se confondra avec elle. Le culte de la déesse hellénique était largement répandu sur toutes les rives méditerranéennes, et les Étrusques, en particulier, semblent l’avoir reçu de fort bonne lieurc’^ 11 leur vint du sanctuaire de l’Éryx qui fut aussi un foyer d’influence pour le Lalium’ où Énée, disait-on, avait lui-môme apporté l’image de l’Kry- cine’^ A l’époque de la première guerre punique, les Romains furent mis en contact direct avec ce sanctuaire qu’ils considérèrent longtemps comme une métropole religieuse". En 337 - = 217, sur l’injonction des livres Sibyllins, en même temps qu’un lectistcrne réunissait Mars et Vénus, le dictateur Q. Fabius Maximus promet- tait un temple à la déesse de l’Éryx, et l’on vit, deux ans plus lard, s’élever sur le Capitole une filiale du temple sicilien. Un autre sanctuaire encore plus impor- tant fui élevé en 373 = 181 devant la porte Colline, en

I Pl-cllcr-Jord.in, Op. c. p. il ? cl n. I. — 2 Strali. V, 232 ; VVm. Nat. hist. m, 50-37. Elle a ilonc Ui le carnclcre de Coiicordia (Preller-Jordan, Op. c. p. 43i). _ 3 T. Liv. XXII, I, 19. — IWissowa, Op. c. p. 2.15. — 5 Murcia » la terre nourricière, douce aux vivants, douce aux morts » (Bouché-Leclercq, Man. fies insl. rom. p. 482) deiint .1/jrtea ( Varr. De l. lat. V, 15t ; l’iiu. Nat. hht. XV, 121 ; Plut, riaafst. rom. 20 ; Serv. ad Aen. VIII, (.30 ; cf. Wissowa, Op. c. p. 195-, Momniscn-Marquardl, Op. c. Il, p. 75). Le sacelhm Mitrciae était à l’intérieur du Circus Maa-iimis (Wissowa, Op. c. p. 194 ; Richlcr, Topor/r. i. Siadt liom, p. 177 ; V. opinion diirérentc, Preller-Jordan, Op. c. p. 438 et u. 3). Sur le sacrarium de Venus Clnacina, v. T. I.iv. III, 48 ; Plin. Nal. Iiisl. XV, 119 ; cf. Plaut. Cure. 471 : il était situé sur le Forum (v. Ilichlcr, Topogr. d. Staiit Boni, p. 102*, à l’endroit, dit Pline, où les liomains et les S.ihins se purifièrent de leurs luttes sanglantes avec dos branches de myrte. On faisait dériver le nom de Venus Clo- acina, de chare, ctuere = purgare (Preller.Jordau, Op. £. p. 439) ; Thédeuat, Forum liom. p. 75 et fig. 8 : sacrarium de Venus Cloacina sur un denier de la Képubii<|ue. — Preller-Jordan, Op. c. p. 438 sq. — TSelon Wissowa {Op. c. p. 197), Libitina, ili’-cssedes funérailles,’ fut assimilée à une antre déesse Lubcnlia. Le nom de cotte der- nière élanl r.itlaché h Merc, libido, Libitina fut identifiée avec Aphrodite- Vénus. On Irouvc Vénus l.ihitinaoul.ubenlinaap.Varr. />( !/. lat. VI. 47 ; Cic. Nat. deor. Il, Cl ; Scrv.arf Aen. 1,720. — 8T. Liv. X, 31, 9. Cf. liiclitcr. Op. c. p. 180. La désignation comme Obscquena fScrv. Aen. 1, 720’ do la Vénus dont le cuite fut institué par K. Gurges, désignation acceptée par Pi-eller-Jordan, Op. c. p. 440, est arbitraire selon Wissowa (^p. c. p. iK, n. 4). Prcller.Jordan et Momuisen-Marquardtadmcticnt que cet ancien sanctuaire placé près du (jrque était celui de llnrcia. Mais v. Wissowa, Op. c. p. 194 et 23 :i, et Uichler, Op. c. p. 177. — Varr. De re ruât. VI, 20 ; l’est. p. 203 ; cf. Mommsen-Marquardl, Op. c. Il, p. 18, 19. — m Varr. De ling. lai. VI, 20. — II Wissowa, Op. c. p. 235. — ’^ Corp. inscr. lat. IV, 2770 ; cf. Wissowa, 0/1. c p. 233, n. 0. — 13 Preller-Jordan, Op. c. p. 437-38. Sur les iiomlircuseB représentations étrusques de Vénu^. v. Cierliard, L’eii. Venusid,

exécution d’une promesse faite pendant la guerre ligu- rienne par le consul L. Porcins ". Le cultede l’Éryx avait gardé à Rome, quelque chose de son caractère originel : ’es merelrices prenaient une grande part aux fêles" qui célébraient chaque anniversaire de la fondation de ce temple, le 23 avril, jour des Vinalia priora-". C’est encore un ordre des livres Sibyllins qui, en 040=114,

amena l’établissement d’.Vphrodite Apoatrophia sous le nom de Verticordia, pour expier le crime de trois Vestales-’. L’anniversaire du temple, dont l’emplace- ment n’est pas connu--, tombait le l^’ avril ; ce jour était la fêle des matrones, Veneralia’", fête décente et grave, en harmonie avec le caractère des épouses et la nature d’une déesse établie pour ramener les femmes à la discipline et à la vertu’-'.

Avec le temps, le culte delà Vénus iiellénisée se répan- dit sous des formes diverses, en particulier grâce à l’initiative de certains hommes d’État. Sylla, qui se nom- mait lui-même en grec ’ETtaopooiro ;- ’, vénérait la déesse, sous l’appellation de Venus Félix, comme dispensatrice de l’heureuse chance et du bonheur-. L’image de Venus

p. 0. Le nom étrusque de Turan semble correspondre à Uranie (Preller-Jordan, Op. c. p. 437, n. 2). — 14 Preller-Jordan, Op. c. p. 43ù ; Momnisen-iMarquardl, Op. c. Il, p. 75 ; Wissowa, Op. c. p. 236, — 18 Solin. Il, 14 : cf. Roscher, Lex. I. c. p. 176. II l’introduisit, est-il dit, sous le nom de Fruits. Frutis, en réalité, semble avoir été une divinité locale, ([ui fut, elle aussi, assimilée à Aphrodite, comme le fut encore Berentas, déesse des Osques (Wissowa, Op. c. p. 236).

— iiiDiod. IV, 83 ; Tac. Ann. IV, 43 ; Suet. Claud. 25.-17 1. Liv. XXII, 9, 7 sq. ; 10, 10 ; XXIII, 13 sq. ; 31, 9. Cf. Mommsen-Marquardt, Op. c. Il, p. 75 ; Kichtcr, Op.c. p. 128. Celte Vénus est aussi nommée Vic(r(>. — 18 T. Liv. XXX, 38, 10 ; XL, 34, 4 ; Strab. VI, 272. On a parfois identifié ce temple avec celui de la Venus hor- torum Salhtstianorum (cf. Wissowa, Op. c p. 236, n. 7). Peut-être y avait-il des diseuses de bonne aventure attachées à ce temple {Corp. inscr. lat. VI, 2274).

— lu Preller-Jordan, Op. c. p. 446 et 430 ; Wissowa, Op. e. p. 237 et d. 3.

— 20 Mommsen-Marquardt, Op. c. Il, p. 17 ; Kichtcr, Op. c. p. 291. — 21 T. Liv. .Kpi(. 63 ;Ov. Fast. IV, 133 sq. ; Oros. V, 15, 22. Seule, d’abord, Aemilia fut con- damnée ; un prodige fit reprendre le procès et amena la fondation du temple (cf. Preller-Jordan, Op. c. p. 446 ; Momnisen-Marquardl, Op. c. Il, p. 73). On n’a pas retrouvé — bien flu’on l’ail cru parfois — d’image de Verticordia (Mommsen-Mar- quardt, i. c. n. 8 ; llelbig, Wnndi/em.n’ 1271-78 ; 1427 b). Il ne faut pas confondre la dédicace du temple avec celle il’une statue, sous les traits de Sulpicia, qui avait en lieu bien longteuq)S auparavant (Mommsen-Marquardt, /. c. ; Wissowa, Op, c. p. 236, n. 11). — 22 Uicliter, Op. c. p. 390 ; Servius (nd A..’n. VIII, 630)confoiid ce temple avec le sanctuaire de Murcia (Wissowa, Op. c. p. 236, n. 12).

— 23 0v. Fust. IV, 133 sq. ; Lyd. De mens. IV, 45 ; Macr. Sat. I, 12, 15 ; Plut. Aam. 19. — 2V Wissowa, Op. c. p. 237. — 20 11 traduisait ainsi son surnom de Félix (Plut. De fort. Ilom. 4). — i>> Wissowa, Op. c. p. 237. Vénus Félix n’est pas, comme ou l’ailinct parfois (Preller-Jordan, p. 448i une déesse canqiauienne de la l’écoudilé féminine (cf. Wissowa, Op. c. p. 214, n. I"). Kllc résulte du mé. laugc opéré p ;ir Sylla de Véi ;us- Aphrodite et de Félicitas ; cf. Corp. insc. lat. VI, 8710,