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VACATIO BONORUM (bona vacantia) [1].

P. Collinet

VACATIO MILITIAE. — La loi admettait, chez les Romains, quelques causes d’exemption du service militaire. La première était l’incapacité physique reconnue par le magistrat recruteur, le consul [2] [dilectus] ; les hommes ainsi réformés se nommaient causarii [missio]. Étaient également dispensés de servir : 1° les citoyens qui avaient accompli le nombre de campagnes réglementaire, ou atteint la limite d’âge de cinquante ans [3] ; ceux qui étaient revêtus d’un sacerdoce ou d’une magistrature à Rome [4] ou qui servaient l’État par ailleurs [5]. C’est ainsi que les colons habitant une colonie militaire en Italie et qui, par là même, faisaient un service de garnison, n’étaient pas inscrits dans les légions [6]. Enfin la vacatio militiae temporaire ou perpétuelle pouvait être une récompense accordée par l’État, pour loyaux services, à des particuliers [7] ou à un groupe d’hommes, par exemple à des soldats qui, enfermés dans Préneste, avaient vaillamment soutenu le siège [8], ou à des vétérans [9][dilectus, p. 214]

R. Cagnat.

VACERRA. — Pieu, poteau, auquel on attachait les chevaux [10]. L’empereur Auguste employait volontiers l’adjectif vacerrosus pour désigner un homme stupide ou qui ne jouissait pas de sa raison [11] ; nous disons : une bûche ou un soliveau. Ces pieux, très massifs et généralement en chêne [12] assez solides pour pouvoir résister à la poussée des gros animaux, servaient à faire des montants de barrières [clathri] ; fichés en terre à intervalles réguliers, ils étaient reliés entre eux par des barres transversales. C’est ainsi que l’on construisait les stalles à claire-voie dans lesquelles on enfermait les bœufs et les bêtes de somme, quand le vétérinaire avait à leur donner des soins [13]. Par le même système de clôture on formait de grands parcs, où l’on entretenait, pour les besoins de la chasse, des cerfs, des sangliers et autres bêtes sauvages [14].

Georges Lafaye.

VACUNA. — Divinité originaire de la Sabine, où elle parait avoir été fort en honneur aux anciens temps. La littérature du règne d’Auguste nous a conservé son nom, avec de vagues indices qui nous permettent de conjec-


turer sa signification et son culte [15]. Les uns l’identifiaient alors avec Diane ou Cérès, parce qu’elle était un génie de la nature silvestre ou des champs ; d’autres avec Vénus, Minerve, Bellone et surtout Victoria. La région, assez limitée, où elle était populaire avait pour centre la ville de Réate et les bords du lac Velinus. C’est là qu’a été découverte une inscription rappelant que l’empereur Vespasien lui avait réédifié un temple, déjà en ruines du temps d’Horace 2. La campagne de ce dernier, don de Mécène, se trouvait à proximité ; l’inscription consacre l’assimilation de Vacuna avec Victoria. La découverte récente qui, croit-on, a localisé, dans la vallée de l’antique Digentia (aujourd’hui Licenza), au milieu d’une forêt sauvage connue sous le nom de nemora Vacunae, la villa du poète 3, va peut-être permettre de fixer l’emplacement du temple et d’en dégager les ruines. Horace, qui aimait à y chercher le repos, explique le nom de la déesse par vacare ; ses commentateurs diront même qu’elle est la protectrice de ceux qui sapientiae vacant. Mais Ovide, sans doute à la suite de Varron originaire du pays, y signale, comme encore pratiqué de son temps, un culte rustique qui réunit les paysans, debout ou assis : ante vacunales focos 4. L. Preller a consacré à Vacuna une notice ingénieuse qui montre en elle une divinité maternelle, personnification de la campagne fertile et devenue avec le temps une déesse latine de la guerre et de la victoire 5 ; il est probable que cette assimilation est le fait de Vespasien 6. J. A. Hild.

VADIMONIUM. — D’une manière générale, le vadimonium 1 peut être défini un moyen d’assurer la comparution en justice du défendeur. Ce moyen consiste en une promesse faite au demandeur, mais la personne appelée à fournir cette promesse a varié au cours de l’histoire de la procédure romaine. Sous la période des actions de la loi, la promesse était faite par les vades qui s’obligeaient aux lieu et place du défendeur. A l’époque de la procédure formulaire, au contraire, c’est le défendeur lui-même qui prend l’engagement de comparaître en justice. Sous cette forme, le vadimonium se maintint jusque dans le droit de

2. AEDEM VICTORIAE VETVSTATE DILAM SVA IMPENSA RESTITVIT (C. i. l. XIV, 3485, et Orelli, l. c.). 3. V. R. Voucher (documenté par M. Angiolo Pasqui, directeur des fouilles de la province de Rome) : La villa d’Horace (l’Illustration, 17 mai 1913, p. 451). 4. Vid. supr. loc. cit. 5. Preller-Jordan, Rœm. Mythol. I, p. 408 sq. ; et, du même, Ausgewaehlte Aufsaetze, p. 256 sq. et Leipziger Berichten, 1855, p. 391 sq. 6. Babelon, Monnaies de la Republique, II, p. 310 et 311, admet que, parmi les têtes de femme anonyrnes gravées au droit des monnaies de la gens Plaetoria 169 av. J.-C.) il en est de Vacuna. C’est le cas du denier, n° 4, p, 312, que l’auteur identifie franchement avec la divinité sabine « qui réunissait les attributs de Diane, de Cérès, de Vénus, de la Victoire et de Minerve. » VADIMONIUM. 1. Comme ouvrages d’ensemble sur la matière on peut citer Voigt, Ueber das Vadimonium (Abhandlungen der philologisch — historischen Classe der K. Sachs. Gesellschaft der Wissenschaften), Leipzig, 1881) ; Jacquemier, Le Vadimonium, essai de la garantie de comparution judiciaire en droit romain, Thèse, Paris, 1900 ; Fliniaux, Le Vadimonium, Thèse, Paris, 1908,

n, Thèse, Paru, 1900; Fliuiaui, Le Vadimonium, Thèse, Paris, 1908.

  1. vacatio bonorum. — 1 Bibliographie. Les additions suivantes à la bibliographie, déjà ancienne, donnée par G. Humbert (t. I, p. 733), nous paraissent utiles : von Rummel, Das Verhältnis des Fiskus zu den Bona vacantia, 1840 ; D. Serrigny, Droit public et administratif romain, 1864 t. II, p. 16-22 ; Danz, Geschichte des römischen Rechtes, 2e éd. t. II, § 184 ; J. Marquardt, Römische Staatsverwaltung, 2e éd., 1884, t. II, p. 291-293 (= Manuel des antiquités romaines, t. X, De l’organisation financière chez les Romains, 1888, p. 368- 370) ; C. Accarias, Précis de droit romain, 4e éd., 1886, t. I, p. 605-606, 1290-1292 ; G. Humbert, Essai sur les finances et la comptabilité publique chez les Romains, 1886, 1. I, p. 190, 977, 380, 506 ; t. II, p. 19 ; H. Dernburg, Pandekten, 4e éd., 1864, t. III, § 138, p. 278-280 ; B. Windscheid, Lehrbuch des Pandektenrechts, 9e éd., 1906, t. III, § 622, p, 571-573 ; Éd. Coq, Les Institutions juridiques des Romains, 2e éd., 1908, t, II, p. 618-619 ; P.-F. Girard, Manuel élémentaire de droit romain, 5e éd., 1911, p. 887-888.
  2. vacatio militiae. — 1 P. ex. : Liv. III, 69.
  3. — 2 Liv. XLII, 33.
  4. 3. Dionys. II, 21 ; IV, 62 ; V, 1 ; Liv. XXVIII, 38 ; Plutarch. Cam. 41, 8.
  5. 4. Liv. XXIII, 49 (fournisseurs de l’armée).
  6. 5. Liv. XXVII, 38 ; XXXVI, 3.
  7. 6. Cic. de Nat. Deor. II, I, 6 (P. Vatinius) ; Liv. XXXIX, 19 (P. Aebutius).
  8. 7. Liv. XXIII, 20.
  9. 8. Cic. Phil. V, 19, 53.
  10. vacerra. — 1. Livius Andronicus, Aelius Stilo et Ateius Philologus ap. Fest. p. 375 Müller ; Vecerra dans Lœwe et Goetz, Corp. glossar. lat. V p. 625, 4. Étym. Inconnue : Walde, Latein. etym. Worterb. 2e éd. 1910, s. v.
  11. 2. Suet. Aug. 87, 2 Cf. Liv. Andron. l. c. = Rubbeck, Scaen. Rom. pœs. 3, Comic. fragm. (1898), p. 4.
  12. 3. Colum. IX, 1, 3.
  13. 4. Colum. VI, 19, 2.
  14. 5. Colum. IX, 1, 9.
  15. 1. Hor. Ep. I, 10, 49 ; Ov. Fast. VI, 307. V les inscriptions, C. i. l. IX, 4636 ; 4751 ; XIV, 3485 ; cf. Orelli, 1868. Plin. Hist. N. III, 12, 109 ; II, 95, 209 ; XXXI, 2, 10, V. encore Dion. Hal. I, 15 ; Macr. Sat. I, 7, 28.