Page:Dictionnaire des Antiquités grecques et romaines - Daremberg - V 1.djvu/434

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
TRA
TRA
— 410 —

banques au service et sur les terres des grands propriétaires[1]. Ch. Lécrivain.


  1. Pap. Oxyrn. I, 136 (en 583). — Bibliographie. Salmasius, De foenore trapezitico, 1640 ; M. de Koutorga, Essai historique sur les trapézites ou banquiers d’Athènes (C. Rendus de l’Acad. des Sc. morales, Paris, 1839) ; Caillemer, Études sur les antiquités juridiques d’Athènes : I. Des institutions commerciales d’Athènes au siècle de Démosthène ; II. Lettres de change et contrats d’assurance, Grenoble-Paris, 1865 : Egger, Mémoires d’histoire ancienne et de philologie, p. 130 ; Becker, Charicles, 2e éd. Berlin. 1877, I, p. 95-117 ; II, 176-212 ; Lattes, I banchieri della Grecia antica (Politecnico, 1868, sér. 5, t. 5, 433-468) ; Büchsenschütz, Besitz und Erwerb im griech. Alterthume, Halle, 1869, p. 500-508 ; Guillard, Les banquiers athéniens et romains, Paris, 1875 : Cruchon, Les banques dans l’antiquité, Paris, 1879 ; Böckh-Fränkel, Die Staatshaushaltung der Athener, 3e éd. Berlin, 1886, p. 159-160 ; Perrot, Le commerce de l’argent et le crédit à Athènes au ive siècle av. notre ère (Mélanges d’archéologie. XII, 337-341. Paris, 1873-1875) : Dareste, Les plaidoyers civils de Démosthène, Paris, 1873 ; Bernadakis, Les banques dans l’antiquité (Journal des économistes, Paris, 1881) ; Blümmer, Hermann’s Lehrbuch der gr. Antiquitäten, IV, 452-457, Fribourg, 1882 ; Beauchet, Histoire du droit de la République athénienne, IV, 67, 333-337, 506-512, Paris, 1897 ; Galle, Beiträge zur Erklärung des Trapezitikus des Isocrates (Progr. Zittau, 1896) ; Breccia, Storia delle banche e dei banchieri (Rivista di storia antica, 1903, 107-132, 283-309) ; Keil, Der Anonymus Argentinensis, p. 79 (Hermes, 1907, 374-418) ; Partsch, Griech. Bürgschaftsrecht, I, 315-316, Leipzig, 1909 ; Mitteis, Trapezitica (Zeitsch. d. Savigny-Stiftung, 19, Roman. Abtheil. 1898, 198-260) ; Platon, Les banquiers dans la législation de Justinien (Nouvelle Rev. hist. de droit, 23, 1909, 6-25) : Preisigke, Buchführung der Banken (Archiv fur Papyrusforschung, I, 93-115) ; Girowesen im griech. Aegypten, Leipzig, 1910 ; Wenger, Steltvertretung in den Papyri, Leipzig, 1907 ; Mitteis et Wilcken, Grundzüge und Chrestomathie der Papyruskunde, Leipzig-Berlin, 1912, I, 1. 152-160, 164-167 ; II, 1, 53-89, Wilcken, Aktenstücke aus der königl. Bank zu Theben in den Museon zu Berlin, London, Paris (Abhandl. d. Berl. Akad. 1866) ; Griech. Ostraka, Leipzig-Berlin, 1899, I, 61-97 ; 645-649 ; Bouché-Leclercq, Histoire des Lagides, Paris, 1906, III, 363-381 ; Gradenwitz, Mélanges Nicole, Genève, 1905, 193-210 ; Zwei Bankenaaweisungen aus den Berliner Papyri (Archiv für Papyrusforschung, 1903, 2, 97-110) ; Erman, ibid. 2, 458-462.

TRAPEZOPHORUS, TRAPEZOPHORUM (Τραπεζοφόρον). — Les trapézophores sont, à proprement parler, des pieds de table [mensa]. Ils constituaient l’élément artistique du meuble. À l’époque alexandrine, ils deviennent de vrais objets d’art et de luxe. On en fabriquait en bois rares, en marbre blanc ou de couleur, en céramique peinte, en ivoire, en bronze souvent incrusté ou plaqué d’argent, en argent massif, en or[1]. Ce fut au triomphe de Manlius en l’an 567/187, après sa campagne d’Anatolie contre les Galates, que l’on en vit à Rome pour la première fois[2]. Moins d’un siècle après, ces produits de l’art hellénistique avaient envahi la maison romaine. Au temps de Cicéron, les riches Romains se disputent les plus belles pièces[3]. La Sicile, Délos, l’Asie Mineure, sans doute Alexandrie, sont alors les principaux centres d’exportation[4]. Dans les ateliers italiens, on se contente de copier les modèles grecs.

Les types usuels, connus surtout par les fouilles de Pompéi, sont passés en revue à l’article mensa. Il suffit donc d’en compléter la liste. Un curieux monopode en bronze, avec plateau rectangulaire en marbre, provient d’un triclinium pompéien ; la forme en était, ce semble, inédite (fig. 7041)[5]. Sur un socle reposent deux pilastres, qui supportent un arc en fer à cheval. Des incrustations d’argent, méandres et volutes sur les piédroits, rinceaux de lierre sur l’arcature, en décorent la face antérieure. Sous cette arcade un sphinx est allongé, les mains tendues en avant, la tête coiffée du klaft ; sur la clef de voûte se dresse une fleur de lotus, en argent, devant laquelle on fit appliquer plus tard une protomè de Minerve. L’ensemble est d’un aspect un peu étrange, mais d’un exotisme qui ne manque pas d’élégance. Ce sont les supports à jambes de fauves qui sont les plus fréquents[6] (fig. 4908-4912). Parmi les motifs animaux qui les terminent, il faut ajouter des têtes de chiens[7] et des avant-corps de chiennes[8], issant de bouquets d’acanthe ou de calices de fleurs. Parmi les motifs mythologiques, sur des supports de même type, figurent aussi des bustes d’Apollon[9], des Éros
Fig. 7041 — support de table.
ailés qui tiennent une grappe de raisin[10] ou font le geste du verseur[11] ; leurs ailes sont parfois recoquillées[12], comme sur les terres cuites de Tarse et de Myrina. Il y a deux catégories d’hermès : tantôt le buste seul[13], tantôt le buste et les pieds[14] sortent de la gaine rigide. L’un de ceux qui furent trouvés à Pompéi, dans ces dernières années, représente un Hermaphrodite phallique ; il est en marbre blanc, avec traces de couleur[15]. Souvent enfin c’est une véritable statue, isolée ou adossée à un pilier, qui fait fonction de trapézophore. Pour les petites tables, un modèle courant est celui de la δελφινὶς τράπεζα[16] (fig. 579), dont l’abaque repose sur un ou plusieurs dauphins. Un corps entier d’animal, sphinx (fig. 4915)[17], lion cornu (fig. 4312), lion ou lionne aux crocs menaçants (fig. 4911)[18], supporte l’abaque d’un cartibulum. On voit également des Centaures, des monstres marins[19]. L’architecture fournit les types du Télamon et de la Cariatide : on trouve des Allas agenouillés, des Victoires tenant un trophée[20]. L’art décoratif emprunte des sujets à l’air religieux. Vers le milieu du ier siècle de notre ère, on reconnaît l’influence de l’Asie Mineure et des cultes orien-

  1. Additions aux références de l’article mensa (p. 1726). L’Atlas du Musée de Naples, cité infra, est en terre cuite ; cf. Martial. II, 43, 10, parlant d’une mensa en bois de hêtre, dont les pieds sont en terre cuite. Incrustations d’argent : Not. Scavi. 1899, p. 442 et fig. 4 ; Rendiconti Accad. Lincei, XIV, 1903. p. 215 ss. Revêtement d’argent : Not. Scavi. l. c. En argent : Inscr. Gr. VII, 4498, l. 3 (Amphiaraion d’Oropos).
  2. Liv. XXXIX. 6, 7 : Plin. XXXIV, 14. Ni l’un ni l’autre n’emploient le mot de trapézophore ; mais ils parlent de monopodia et d’abaci, tables qui rentrent dans la catégorie des trapézophores.
  3. Cic. Ad famil. VII, 23, 3 ; In Verr. IV, 16, 35 ; ibid. 23, 37.
  4. Voir mensa, à la page 1726. Pour Alexandrie, cf. Schreiber, Die alexandrin. Toreutik.
  5. Spano, Intorno ad una mensa rinvemila in Pompei, dans Rendic. Accud. Lincei, l. c. ; figures p. 216, 218 (notre fig. 7041) et 219. Le plateau, dont l’axe long est perpendiculaire à celui de la base, mesure 0 m. 73 sur 0 m. 43 ; la hauteur totale est de 0 m. 81. Ruesch, Guida illustr. d. Museo naz. di Napoli, Antichittà, 2e éd. 1911, no 1701.
  6. Pour le seul Musée du Vatican, ajouter : Amelung, Sculpturen d. antic. Mus. I, p. 347, no 60 B, D et pl. xxxvi ; p. 820, nos 12, 13, et pl. lxxvi ; II, p. 160, no 61 A. B, et pl. xvii ; p. 281, no 99 B, C, et pl. xxv ; p. 334, no 119 et pl. xxxi ; p. 343, 357, 364, 373, 376. 384, 395 ; Thédenat, Pompéi, Vie privée, p. 136, fig. 96 (table ronde de jardin, à trois pieds) ; Edgar, Catal. du Mus. du Caire, Gr. Sculpt. 27 592.
  7. Not. Scavi, 1908, p. 299 ; Casteggio (Ligurie), marbre.
  8. Ibid. 1899, p. 442, fig. 4 ; Pompéi, bronze. À rapprocher du motif du chien tenu par un Éros, sur un trépied en bronze : Thédenat, op. cit. p. 136, fig. 98.
  9. Archeol. Jahrbuch d. Inst. XIX, 1901, Anzeig. 31, à l’Antiquarium de Berlin.
  10. Amelung, op. cit. I, p. 820, no 14 et pl. lxxxx.
  11. Not. Scavi, 1901, p. 331 : Ruesch, op. cit. 1691. Monopodium en bronze, avec plateau rond en marbre. L’armature qui supporte le marbre est faite de deux bras en croix, avec chevilles de bois aux extrémités.
  12. Cf. Amelung, op. cit. I. p. 841, no 73, et pl. lxxxxvii.
  13. Not. Scavi, 1906, p. 380 et fig. 5 ; Gusman, Pompei. p. 440 ; Amelung. op. cit. II, p. 105. no 39 B, C, et pl. x.
  14. Deux exemplaires au Musée de Pompéi ; Gusman, l. c. cf. infra n. 15. Hermès à la tête phrygienne : Pergamon. VII. 2. p. 358 ; Reinach, Rép. stat. ant. IV. 333. 3.
  15. Not. Scavi, 1905, p. 276 ; Reinach, op. cit. IV, 331, 6.
  16. Lucian. Lexiphan. 7 ; cf. un pied de table, à Pergame : Ath. Mitth. 1907, p. 80 ; Reinach, op. cit. IV, 349, 8.
  17. Overbeck-Mau, Pompeji. Ve éd. 1884, p. 428, fig. 229 ; Alau, Pompeii, its life and art, 1899. p. 302, fig. 182 : Reinach, op. cit. II, 704, 1 ; Ruesch. op. cit. 1789. Sur le sphinx dans la décoration des supports de table, cf. Pernice dans Arch. Jahrbuch. XXIII, 1908, p. 107 ss. à propos du beau trépied de l’Isium de Pompéi.
  18. Thédenat, op. cit. p. 55, fig. 24 ; Duruy, Hist. des Romains, V, p. 698.
  19. Juv. III, 203-5 (Chiron). Ruesch, op. cit. 531.
  20. Ruesch, 158 (Atlas) ; cf. Rohden, Terrakotten v. Pompei. pl. xxvi, 2 ; Ruesch, 1895 (Nikê).