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que les cinq sixièmes en seraient payés en argent aux vieux soldats, et le sixième remis, aux junioribus et gregariis militibus, sous la forme qu’ils jugeraient préférable 10. — La prestation d’un cheval était estimée 25, 18 ou 15 solidi 11, et le trésor, qui la percevait, n’en remettait souvent qu’une partie aux soldats qui auraient eu droit à la livraison d’un cheval. C’était une spéculation aux dépens à la fois des contribuables et des fonctionnaires, dont une partie du traitement était payée en nature 12. Dans certains cas où les fournitures dues à titre d’impôt auraient été insuffisantes pour les besoins de l’armée, on procédait par réquisition forcée sur les détenteurs, en les remboursant au prix courant, ce qui s’appelait publica comparatio 13, ou en imputant la valeur de ces fournitures à compte sur les impôts 14. G. Humbert.

ADAMAS (’ASotrjia ;). — I. Hésiode’est le premier auteur qui se serve de ce terme, et il l’emploie pour désigner, comme l’indique l’étymologie (à-Saf^â^w), un métal excessivement dur, indomptable ; les dieux seuls possèdent le secret de sa [jrcparation et s’en servent pour fabriquer toutes sortes d’armes ou d’instruments divins. Il est difficile de savoir si le poëte a eu en vue un acier d’une trempe particulière ou un alliage analogue à l’airain. Dès lors, àoaaaç est resté, dans cette acception, un terme exclusivement à l’usage des poètes : c’est de ce métal divin que sont faits le casque d’Hercule *, la faux de Saturne’, les chaînes de Prométhée *, la charrue d’Aeétès’. Les poëtes latins sont fidèles à cette tradition, et ils emploient les adjectifs adamantinus * ou adamanteus’ toutes les fois qu’ils veulent indiquer une résistance presque surnaturelle, particulièrement quand il s’agit des choses en rapport avec le royaume de Pluton, de tout ce qui est soumis aux lois de l’inexorable Destin : les tablettes des Parques, les portes des enfers, les chaînes de Cerbère sont fabriquées de ce métal*. Dans Théocrite’, le Hadès lui-même était déjà nommé’aSaixaç Aïo/] ?.

II. Le diamant [ndamas gemma)’", la pierre la plus dure et la plus fine. Théophraste " est le premier qui emploie le mot àootpiocç dans ce sens. Selon l’opinion des anciens, le diamant ne pouvait pas être taillé ; cependant tel qu’il se présente quelquefois dans son état primitif de cristallisation, ou poh par le frottement et tout à fait transparent, il était employé comme ornement des bagues. On en incrustait aussi dans des vases de prix. Certains naturalistes anciens prétendaient qu’on pouvait le ramollir au moyen de sang de bouc 12. Celle fable prouve seulement que les anciens broyaient le diamant ; ils enchâssaient les morceaux les plus acérés dans des ins-Inmients dont les lapidaires se servaient pour tailler, graver et polir les pierres précieuses. L’entrée des diamants dans l’empire romain fut soumise à des droits ". Les médecins s’en servaient comme contre-poison et comme remède contre l’hypochondrie 14.

G. 5 Cod. Theod. VII, 4. — H C. 29 Cod. Theod. De anon. XI, I. — 12 C. 35, VU, 4, Cod. Theod. ; f.. 3 Cod. Theod. De mimer, et actuariis, VIII, i ; C. 10, cod. tii. _ 13 Cod. Theod. XI, 16 ; C. Jusl. X, 27. — 1* C. 29 Cod. Theod. De ami. XI, 1 ; C. 1 Cod. Theod. De iml. XI, 5 ; Nov. 130, c. l et m. — BiBLioonApiiiR. Godefroy, Pnratitl. ad Cod. Theod. XI, 2 ; Naudet, Sur les changements dans L’administration de l’empire romain. Paris, 1819 ; VValter, Bômisch. liecfitsgesch., Bonn, 1860, 3 « éd. no 408, p. 592 et suiv. ; Uaudi de Vesine, Sur les impositions en Gaule, trad. de l.aboulaye, liemie historique de droit, Paris. 1861, p. 379 et suiv. ; Serrigny, Droit publie romain, Paris, 1860.

ADAMAS. 1 Scutum Herc. 137. — 2 Hesiod. l. l. — 3 Id. Theogon. 161, 183. — Aeschyl. Prom. 6.-5 Pind. Pyth. IV, 397.-6 Lucret. II, 447. — 7 Ovid. Metam. VII, 104 ; Manil. I, 921. — 8 Ovid. Metam. XV, 813 ; Sen. Herc. fur. 808 » ; Prop. IV, 11, 4 ; Virg. Aen. VI, 551 ; Ov. Metam. IV, 453. — 9 II, 34. — 10 Spart. Adr. 3.

— 11 De lapid. 19 ; comp. les auteurs cités par Pinder, De adamante ; et de plus Paus. VIII, 18, 6 ; Theophylact. Dial. p. 18, éd. Boissonade, et ses notes sur ce passage, p. 198, sur les Heroic. de Philostrate, p. 432, et sur Plauud. Ad Ovid. Metam.


III. Le nom primitivement appliqué aux plus durs métaux, et ensuite au diamant, le fut enfin à l’aimant {mayne)<}. Pline " attribue cependant à l’wlamas une vertu antimagnétique ; et par suite d’une confusion dans les noms, d’autres auteurs ""’disent qu’une espèce d’adamas se trouve dans les mines de fer, ou donnent " pour patrie à l’aimant l’Inde, qui était celle du diamant. Ch. Morel.

ADDICTIO BONORUM LIBERTATIS CAUSA. — C’était l’attribution du patrimoine d’un testateur aux esclaves affranchis par le testament, au cas où aucun héritier, institué ou ab intestat, n’acceptait la succession. Cette cause d’acquisition, consacrée par un rescrit de Marc-Aurèle ’, était un rnodus adquirendi per universitatem *, c’est-à-dire embrassait l’ensemble du patrimoine avec charge des dettes. Le même bénéfice fut étendu au cas où il était requis par un extraneus dont la liberté n’était pas en question’; puis, par un sénatus-consulte, au cas où il y avait un héritier sien {he ? -es suus) qui s’abstenait de l’hérédité acquise indépendamment de sa volonté

  • . On appliquait le rescrit lorsque le testateur avait

affranchi par codicille ^ ; et même, par extension, lorsque le défunt, n’ayant pas laissé de testament, avait donné la liberté fldéicommissaire par codicille. Justinien étendit encore cette faveur au cas de manumission entre-vifs, ou à cause de mort attaquée par les créanciers’. Dans tous les cas, Vaddictio ne pouvait être demandée que si nul ne se présentait pour recueillir l’hérédité au moins ab intestat’; et quand il n’y avait plus possibilité que personne se présentât, celui qui sollicitait Vaddictio s’adressait au magistrat compétent ; celui-ci nommait un juge qui réunissait les créanciers afin d’élire un d’entre eux, qui reçût au nom de tous du requérant la caution {satisdatio) de payer toutes les charges de la succession’; ainsi se trouvait empêchée la vente en masse des biens sous le nom du défunt, qui avait trouvé un defensor idoneus. L’addiction ne ])Ouvait pas avoir lieu non plus, lorsque la succession abandonnée par les institués {destituium teUamentum) était recueillie par le fisc " ; et les affranchissements tombaient, s’il n’y avait pas lieu de prévenir la vente en masse par les créanciers. Dans le cas contraire, les biens étant saisis, le fisc lui-même devait respecter les affranchissements’". 11 en était de même lorsque les biens étant attribués {addicta) à quelqu’un sans qu’on eût prévenu les agents du fisc (praefecfi nerario), ceux-ci réclamaient les biens ; ensuite Vaddictio cessait, mais sans préjudice des libertés acquises ". Le droit était également acquis quand un héritier qui avait répudié l’hérédité ou s’en était abstenu, se faisait ensuite restituer en entier par le préteur [restitutio in integrum]:les affranchissements subsistaient’^. — Quels sont les effets de Vaddictio prononcée ? les affranchis directement sont réputés affranchis du défunt {orcint), à moins que le requérant n’ait sollicité le

tam. p. 163—12 rlin. ffist, nat. XX, 10 j XXXVIl, 61. — 1 » Dig.XXXIX, ♦, 16, §7.— I* l’Im. Uist. nat. XXXVIl, 61. — 15 Plin. ;. (. — 16 Solin. Polyhist. c. 62. p. 59 d, Ctiecht, 16^9 ; Marbod. De gnnm. 1, 39. — 17 Augustin. De civ. Dei, , 4 ; Isid. Oriy. XVI, 4. — Biblioohapuib. Sauraaise, Exercit. Plin. IG89, iu-fol. p. 763 et 773 ; Faicounet, Mém. de l’Acad. des Inscr. 1717 ; Schneider, Analecta ad hist. rei métal ! , vet. p. 6 } Pinder, De adamante, Berl. 1849 ; Zerrenner, De adamante dis.srrt. Lips. ISoO ; Krause, Pyrgoteles, Halle, IS56jH. Martin, De l’aimant, suivant les anciens, Paris, 1861.

ADDICTIO BONORUM LIBERTATIS CAUSA. 1 Les Inslitulrs de Justinien, 111, t. 11, en donnent le texte. Cf. fr. 2, 3 et 4 Dig. XL, 5. — s i„stit. U, 9, § 6. —^ sPap. fr.50 ; § Il Dig. XL, 4 ; C Gordian. Cod. De man. test.yi, 2, 4.— *Fr. 50, § 10, De fideic. lib. XI., 5. — B instit. III. Il, §3.-6 Instit. III, II, § 4. ^ 7 lustil. S 4, eod. lit. —8 Inslit. § 2, cod. ; fr. 4. § 9, nig. De fidric. bb. XL, S. —^ ’Fr. 50. Dig. De jrw.. test. XI, , 4. —10 Fr. 4, § 17. Dig. De fid. lib. XL, 5 ; Polhici, Pand. XL, 5; Pucaui-oy, n" 970, note. — 1’Fr. 4, g 20, Dig. XL, 5 ; Denian ;  ; eat, Cours de droit rom. Il, ad h. lit. lustil. — u Inslit. III. Il, § 6 ; fr. 4, § 2, Dig. XL, 5,