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petites figures de femmes drapées, qui couronnaient la pointe du fronton. La figure 79 montre ce fleuron et ces

Fig. 79. Acrotère du temple d’Égine.

deux statuettes, tels qu’ils furent dessinés au moment de leur découverte 9[1]. Le beau fleuron triangulaire qui couronne encore le monument choragique de Lysicrate, à Athènes, est aussi un acrotère (fig. 80) ; ce fleuron servait

Fig. 80. Fleuron du monument de Lysicrate, à Athènes.

de support à un trépied 10[2]. Il existait aussi des acrotères sur un grand nombre d’édifices disparus, mais qui nous sont rappelés par les auteurs. Pausanias nous décrit un temple d’Esculape, à Titane, où l’on voyait la statue d’Hercule sur le fronton et des Victoires aux deux angles 11[3] ; il nous dit qu’au temple de Jupiter, à Olympie, il y avait un vase doré sur chacun des angles du fronton, et sur le sommet une Victoire, également dorée, au-dessous de laquelle était représentée, sur un bouclier d’or, la Gorgone Méduse 12[4].

Il n’existe plus de temples étrusques, mais on peut imaginer quelle était la décoration des frontons de ces temples, d’après des tombeaux qui subsistent à Norchia 13[5] et qui pa-


raissent en reproduire la disposition extérieure. Ces tombeaux sont surmontés de frontons accompagnés d’acrotères (fig. 81).

Les Romains ont employé les acrotères avec plus de profusion que les Grecs ; il n’est guère de médaille romaine

Fig. 81. Acrotère d’un tombeau étrusque.

représentant des monuments où l’on ne voie le couronnement des édifices, le fronton des temples chargés de palmettes, de statues, de groupes, etc. Nous donnons ici comme exemples un grand bronze de Caligula (fig. 82) et un autre (fig. 83) de Faustine la jeune 14[6].

Fig. 82 et 83. Temples romains ornés d’acrotères.

Les textes aussi nous démontrent l’existence très-fréquente, sur les monuments romains, d’acrotères, indispensables pour faire porter sur les pentes des frontons des objets quelconques. Pline nous parle de statues placées sur le fronton (in fastigio) du temple d’Apollon 15[7] ; d’un char à quatre chevaux, avec Apollon Palatin et Diane, d’un seul bloc, placé dans un édicule orné de colonnes, sur un arc dédié par Auguste à son père Octave 16[8] ; du temple de Jupiter Capitolin dont le fronton était surmonté d’un quadrige 17[9] ; du Panthéon d’Agrippa enfin, décoré par le sculpteur Diogène, d’Athènes, dont les statues posées sur le faîte (sicut in fastigio posita signa), étaient moins appréciées, dit-il, à cause de la hauteur où elles étaient placées 18b[10]. Tite-Live nous raconte que la foudre frappa la statue de la Victoire, élevée an sommet du temple de la Concorde 19[11].

Dans les monuments romains qui existent encore nous trouvons des acrotères au Panthéon de Rome 20[12]. Un très-beau spécimen d’acrotère angulaire existe encore sur le Quirinal dans les jardins du palais Colonna, parmi les énormes débris du temple du Soleil 21[13]. Celui-ci est décoré, à sa partie supérieure, de moulures qui se prolongent jusqu’à la rencontre de la pente du fronton.

Autant que nous en pouvons juger par les exemples subsistants, les Grecs donnaient aux acrotères des extrémités des frontons moins d’élévation que n’ont fait les Romains ;

  1. 9 Blouet, Expédit. de Morée, III, pl. liii, lv et lvi ; Garnier, Rev. archéol. 1854 ; W. Kiunard, Suppl. aux Antiq. d’Ath. de Stuart, Monum. fun. p. 14 ; Cockerell, Journ. of science and art, t. VI, pl. i, ii.
  2. 10 Stuart et Revell, Antiq. d’Athènes. pl. i, xxii et xxix.
  3. 11 Pausan. II, c. 11.
  4. 12 Id. V, 18 ; Blouet, Expéd. de Morée, I, pl. lxvi.
  5. 13 Mon. inéd. del. hist. arch. I, pl. xlviii ; Dennis, Cities and cemeteries of Etruria, I, p. 213.
  6. 14 Cohen, Monn. imp. Caligula. 18 ; Monum. ined. dct. Inst. arch. 1834, tav. 24.
  7. 15 Plin. Hist. Nat. XXXVI, 1.
  8. 16 Id. XXXVI, 4.
  9. 17 Id. XXXV, 4, 5.
  10. 18 Id. XXXVI, 4.
  11. 19 Tit. Liv. XXVI, 23.
  12. 20 Desgodets, les Edifices antiques de Rome, pl. iii et iv.
  13. 21 Canina, Architectura romana. pl. lx et lxi.