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frontons ont à peu près disparu ; des colonnes de l’opisthodome et de la cella il ne reste que les traces retrouvées par M. Faccard. Malgré ces ravages, un volume suffirait à peine à l’étude des perfections encore appréciables dans ce qui subsiste aujourd’hui du Parthénon d’Ictinus et de Phidias.

Le sol qui l’environne, surtout vers le sud, est couvert de grands blocs projetés, entassés par l’explosion. Au-dessous d’eux le sol est formé par d’énormes tambours, à l’état brut, destinés aux colonnes de l’édifice et mis au rebut pour quelque défaut ; au-dessous encore vient une couche d’éclats de marbre, résultant du travail des ouvriers pendant la construction de l’édifice. Enfin, les fouilles ont fait retrouver une troisième couche formée des débris de l’ancien Parthénon et d’autres édifices brûlés et détruits par les Perses. Ce sont des fragments de chéneaux en terre cuite peinte, des cendres, des charbons, mêlés à des débris de vases, de statuettes, et à des morceaux de plomb, de bronze, etc. Tous ces objets sont conservés dans les casemates de l’acropole et dans des baraques en bois, qui seront prochainement remplacées, nous l’espérons, par un musée plus digne de ces précieux fragments.

Des sculptures offertes par Attale, il ne reste pas trace, non plus que des stylobates qui ont dû les porter.

En nous dirigeant vers l’Érechthéion nous ne rencontrerons guère que les fragments hors-œuvre du temple circulaire de Rome et d’Auguste (O). Du temple d’Erechthée et de Minerve Poliade (P), chef-d’œuvre de grâce, d’élégance et de richesse, il ne reste guère que les murs et les portiques. Sa transformation en église, en harem, les ravages de lord Elgin et ceux des tremblements de terre ont fait disparaître les distributions intérieures et même une partie des points d’appui extérieurs. On reconnaît encore une partie du péribole et dans cette enceinte s’ouvre la fissure du rocher, communiquant à la grotte d’Agraule, par laquelle les Perses s’introduisirent dans l’acropole 133 [1]. Ici ont été retrouvés, en partie, les bas-reliefs qui se détachaient sur la frise en marbre noir d’Eleusis, du portique nord, et des stèles précieuses qui nous ont fait connaître les comptes des dépenses faites pour l’achèvement du temple, les sommes consacrées à la sculpture, à la peinture et à la dorure de ses différentes parties.

Enfin, si nous revenons vers les Propylées, nous observerons les vestiges du piédestal de la Minerve Promachos (Q) et sur le rocher en pente, les stries transversales qui démontrent que le roc ne fut jamais, sur le plateau, recouvert d’un dallage. Nous pourrons ensuite, comme Pausanias, quitter l’acropole, n’ayant, comme lui aussi, qu’esquissé le long et difficile travail qu’exigerait une description complète d’un tel lieu, unique au monde.


Nous avons été puissamment aidé dans celle étude par l’ouvrage si complet publié par M.Beulé en 1S54. Nous renvoyons à ces consciencieuses recherches et aux autres ouvrages mentionnés dans la bibliographie de cet article les personnes qui désireraient plus de détails sur l’acropole d’Athènes. Ed. Guillaume.

Bibliographie. Outre les ouvrages cités dans les notes au sujet des nombreuses acropoles nommées dans l’article, voyez pour l’acropole d’Alhènes : Stuart et Revell, The Antiquities of Athens, Lond. 1761 et suiv. ; Leake, Topography of Athens, Lond. 1821 ; 2e éd. 1841Tlifi ; Forchammer, Topographie von Athens, Kiel, 1841 ; Brondsted, Voyage et Recherches en Grèce, Paris, 1840 ; Ross. Hans et Schaubert, Akropolis von Athen. Berlin, 1839 ; Raoul Rochette, Journal des savants, 1851 ; Penrose, An Investigation of the principles of Athen archit. Lond.1851 ; Beulé, l’Acropole d’Athènes, Paris, 1854 ; 2e éd. 1862 ; K. Curtius, Attische Studien, Götting. 1852 ; id. Sieben Karten zur Topogr. Athens, mit erlaüteraden Text, 1868 ; Ross, Archaeolog. Aufsàtse.lieipz, 181î ; j ; Michaëlis, Ueber den jctz. Znstand der Aki’opitl, in Jihcin. Muséum, Nouv. série, t. XVi j Bursian, Géographie von Griechenland. 1862 ; E. Uveion, Athènes décrite et dessinée, Paris, 1862 ; L. dcLabordc, luviCS aitx xv. >vi et XVII" siècles, Paris, 185-1 ; C. Bcitticher, e/’ïe/iï ùberdie l’nlersucliunnen aufder AkropoUs von.thcn im Frïilijahre 1862, Berlin, 1 863 ; 0..Miiller,.l ; if.’j, /(.. Politidis sacra et aedes, 1820 ; h. del-Ahoidc, te Partliènon.documents, Paris, 18i8 ; Teta2 Mémoire explicatif de la restaurât, de l’Ereehthéion. Hev. archéoL t. VIII ; Inwood the Errchthei’in, Lood. 1827 ; Von Quast, das Erechteion zu Athen, Postdam, 1813. Thierseli. Veber das Erechllieion, etc. AblwndI. der batjriseh. Ahid, (Pliilol. Classe), HiO ; id. Kpihrisis der neuesten Untersuekungen tiber das Krerhiheion:ibid. 1S57. C. Biitticher, At Pnliastemnel al.i Wohnhaus des Kimigs Ereehiheiis. Berlin, 1851 ; id. Ueber die letzle bauliche Untersuchungen des Erechtheion, in Erbkanis, Zeitschrift fur Dauwesen. Berlin, 185’J ; Choisy. Courbure dissgmctrique des degrés gui limitent au couchant la plate-forme du Parthénon, dans Comptes rendus des séances lie l’Aead. des Inse.r., 1865, p. 413. — Les personnes qui voudront étudier de près les monuments de l’acropole auront recours aux études des architectes pensionnaires de l’Académie de France déposées à la bibliothèque de l’École des Beaux-Arts. Elles consulteront, en particulier pour le Parthénon, la lieslanration de M. Paccard (1846 et 1817) ; pour l’Ereehthéion, celle de M. Tetaz (I8 ; 7 et 1818,; pour les Propylées, celles de M. Uesbuisson (1848) et de M. Boitte (ll’60).

ACROTERIUM (Άκρωτήριον), acrotère. — Ce mot, dans son acception la plus générale, signifie l’extrémité ou le sommet d’un corps ou d’un objet quelconque 1 [2]:ainsi les extrémités du corps humain, les ailes d’une statue, la proue d’un navire ou l’éperon dont il est armé, la cime d’une montagne, un cap ou promontoire, les créneaux d’une muraille, le faîte et les amortissements d’un édifice.

Vitruve s’en sert d’une manière plus spéciale 2 [3] pour désigner les socles qui, disposés aux extrémités et au sommet d’un fronton, servaient de supports horizontaux à des vases, à des trépieds, à des sphinx, à des aigles ou à des tritons, à des statues, à des Victoires, à des groupes et même à des quadriges. Il prescrit les proportions qu’ils doivent avoir et donne aux acrotères des angles (acroteria angularia) la hauteur du milieu du tympan, et à celui du sommet (medianum) un huitième de cette hauteur en plus. La même dénomination fut souvent appliquée à l’ensemble du socle et de l’objet porté par lui. Plutarque nomme acrotère (άκρωτήρεον) la surélévation décorative que le sénat fit placer, comme marque d’honneur, sur la maison de César 3 [4]. La nature de cette surélévation ne nous est pas autrement connue.

Les Grecs sont les inventeurs de l’acrotère; ce rappel heureux de la ligne horizontale, qui semble donner aux angles du fronton plus de stabilité, devait être inventé par eux. Cependant, beaucoup de temples grecs en sont dépourvus. Nous les trouvons au Parthénon 4 [5] au temple de la Victoire Aptère 5 [6], au temple de Némésis à Rhamnus 6 [7], au temple de Diane à Eleusis 7 [8] et au portique de l’Agora d’Athènes, que nous reproduisons (fig. 78) 8 [9].

Fig. 78. Fronton du portique de l’Agora d’Athènes.

Au temple d’Égine on a retrouvé non-seulement les socles, mais encore des fragments des sphinx ou des griffons qui étaient placés aux angles et le fleuron flanqué de deux

  1. 133 Herodot., VIII, 53. Cf. Paus. I, 15, 2.
  2. ACROTERIUM. 1 Voy. le Thesaurus de Henri Etienne, s. v.
  3. 2 III, 3.
  4. 3 Plut, Caes. LXIII.
  5. 4 Stuart et Revett, Antiq. d’Athènes, II. pl. vi.
  6. 5 Ph. Le Bas et Landron, Voyage archéol. en Grèce, pl. ii.
  7. 6 The unedited Antiq. of Attica, c. 6, pl. ii.
  8. 7 Ibid. c. 5, pl. ii.
  9. 8 Stuart et Revett, Antiq. d’Athènes, c. 1, pl. iv.