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ionique atleignenl le suprême degré ; ce sont des statues, des groupes, des inscriptions, des offrandes de toute sorte et en nombre infini, qui viennent orner et enrichir encore cette enceinte déj ;’i si riche et si belle. Avec la conquôte romaine commence la troisième période de l’acropole, celle de la décadence et de la destruction, période (jui s’est continuée presque jusqu’à nos jours. Sylla lait démanteler la ville et l’entrée de la citadelle ; cependant il arrête le pillage, « voulant, dit-il, accorder aux morts la grâce des vivants ". » Alhônes, où les Romains venaient dans leur jeunesse étudier les arts et les lettres, fut longtemps épargnée par eux. Sous Auguste l’acropole voit s’élever un de ces temples, si nombreux alors, dédiés à la déesse Itome et à César-Auguste’" ; celui-ci était circulaire. Devant les Propylées un piédestal colossal, disproportionné, est érigé pour recevoir la statue d’Agrippa . Néron, le premier, fit dépouiller l’acropole d’une partie de ses statues, après avoir enlevé celles de Delphes et d’Olympie, pour orner son vaste palais, la .Maison Dorée. Il ne parvient pas cependant ; l’appauvrir, car, plus tard, Strabon et Pausanias y retrouvent encore, comme nous le verrons plus loin, les statues les plus belles et les plus célèbres et relioncent à décrire, tant elles sont nombreuses, toutes les merveilles de l’acropole. Ce qu’elles devinrent, nous l’ignorons ; transportées h Constanlinople, elles furent probablement détruites par les Barbares ou par les chrétiens. Sous Valcrien, la terreur causée par les premières invasions fit relever à la hâte les murs de l’acropole. Alaric, à la tête de ses Goths, franchissant les Propylées pour piller les trésors de l’enceinte sacrée, fut arrêté, dit-on, parl’ellr.) ! que lui causa la Minerve cjlossale, dite Athénè Prouiachos, œuvre de Phidias .

Au vil siècle, le Parthénon, l’Érechthéion sont transformés en églises byzantines et plus ou moins défigurés. Au temps des crcîtSades, les ducs d’Athènes établissent leur demeure dans les Propylées et font élever sur l’aile droite la tour féodale qui subsiste encore (fig. 73). Sous les Turcs, arrivés en vainqueurs, un aga succède dans les Propylées aux ducs d’Athènes, le Parthénon devient une mosquée, l’Érechthéion un harem, le temple de la Victoire-Aptère est renversé pour faire place à une batterie de canons et l’acropole reprend l’aspect d’une petite ville en se couvrant de masures turques. Son entrée disparaît sous un énorme bastion qui ensevelit les tours et les nmraillcs antiques ". En 1656, malheur irréparable ! un dépôt de poudre fait explosion par. accident et détruit une partie des Propylées. Peu après, en 1674, arrivent d’Occident les premiers voyageurs qui nous laissent sur l’acropole des documents sérieux. C’est le marquis de Nointel, ambassadeur de France à Constantinoj)le, accompagné du peintre Jactpics Carrey, élève de Lebrun ; ils s’arrêtent à Athènes, et Carrey dessine pendant deux mois toutes les sculptures du Parthénon : dessins précieux aujourd’hui, malgré leur imperfection de style, puisqu’ils reproduisent des chefsd’œuvre en partie disparus". Noire ambassadeur est suivi, en 1676, parSpon et Wheeler, l’un Anglais, l’autre Français, ([ui nous ont laissé une relation du plus grand intérêt, car ils ont pu voir encore les Propylées surmontés de frontons et le Parthénon presque intact. En 1687, les Vénitiens, maîtres de la Morée, viennent assiéger Athènes sa Pliit.Sy»fl, 3Î.— *> Corp. /lise. 9r.n.418.— 91 Corp. /ii.ïrr.yr. 309.— M Beuli !, VAcrop. d’Athènes, l. I, p. iiS. — 93 stiiart et Revelt. Antiij. d’Athènes, plau ilc ]’ ;tcrupulc eu HôS, t. H, pi. S. — 9* i"ci Ucjjjiii àvul aclui ;ilL’ii.c.il au ejLiaol tîcj et l’acropole ; ils s’en emparent, et une de leurs bombes fait éclater une poudrière contenue dans le Parthénon. Cerig. 73. Eoti’ée de rAcropoIe (élat aetuel). lui-ci est éventré, coupé en deux et les condottieri s’en partagent les plus beaux fragments. Des morceaux de sculpture provenant des frontons sont emportés jusqu’en Danemark. Ainsi, en peu d’années, tous ces monuments, ces œuvres parfaites des plus grands artistes grecs, debout encore après tant de siècles et auxquels était réservé un long avenir, sont défigurés et mutilés.

Nous renvoyons aux ouvrages indiqués à la bibliographie pour toute l’histoire de l’acropole au moyen âge et dans les temps modernes, aussi bien que pour les études et les restaurations entreprises depuis l’ouvrage de Stuart et Revett, les Antiquités d’Athènes., publié de 1750 h 175S, source unique pendant longtemps des études sur l’architecture grecque, jusqu’aux travaux plus sérieux et plus complets des architectes pensionnaires de l’Académie de France, qui se sont succédé à l’acropole depuis 1846, et en ont dessiné les monuments avec un soin religieux. Ces travaux sont conservés dans la bibliothèque de l’École des Deaux-Arls.

Nous allons maintenant réunir les renseignements que fournissent sur les monuments de l’acropole les auteurs anciens, et à l’aide de la Description de la Grèce par Pausanias, écrite au ii° siècle après Jésus-Christ, essayer de nous la représenter telle qu’elle était au temps de sa splendeur. C’est l’itinéraire même indiqué par le voyageur que nous allons suivre.

Après avoir visité la ville presque entière, Pausanias ’* quitte le théâtre de Bacchus, situé sous l’acropole, au sudest (A, voyez le plan fig. 74), et arrive fi la citadelle en longeant le pied des rochers, au bas de la muraille du sud. Il aper(,’oit sur cette muraille l’Egide d’or, avec la tète de Méduse, offrande d’Antiochus °*. Au-dessus du théâtre, dans les rochers qui forment la base du mur (B), s’ouvre une estampes de la Bd>Iioth. imp., et on les trouve reproduits en fac-simile dans l’ouvrage de L. de Laborde, li- Piirlhvnon, 1, pi. 3 et 4. — »» I, 20 et sq. — »6 Paus. V, IS. 4. Kj..JCll.U ?, s. V. Ki-’Ji-i.vT,.