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poètes, la fable et l’histoire, et jusqu’aux dialogues de Platon ^^ Mais les amateurs de semblables « eroawa^i devinrent de plus en plus rares ; ils l’étaient dès le premier siècle de l’Empire ; ils le furent plus encore au second ; il n’y en eut plus à la fin que pour les chants licencieux, pour les danses lascives des baladins (cin.ïdus), des Syriennes et des Gaditanes ^^ pour les pantomimes et les pyrrhiques qui mettaient en scène des situations voluptueuses [pantomi-Mus, pyrrhica], pour les saltimbanques [petaurista, fi*-KAMBULUS, CERNUus], les boull’ons [scuREA, derisor] ^’, les jongleurs et les faiseurs de tours [circulator, pr^estigiator ]. Les empereurs ne furent pas ordinairement fort délicats dans le choix de leurs divertissements ; Auguste appelait auprès de lui des histrions du cirque et de la rue’" ; mais du moins il témoigna toujours de l’aversion pour d’autres spectacles dénaturés dont on s’amusait déj ; de son temps : on vit fréquemment paraître dans les repas des nains [nanus, pumtlo] " ou d’autres malheureux estropiés, contrefaits {distortî), remarquables par la grosseur disproportionnée de leur tète, par leurs longues oreilles ou par quelque autre difformité qui était tournée en risée " ; enfin des idiots et des fous [morio, fatuus, coprea].

De bonne heure aussi on avait vu chez les Romains, et avant eux chez les Étrusques, des gladiateurs s’entr’égorger dans un repas ou lutter contre des bêtes féroces aux applaudissements des convives. Ce genre de spectacle était, disait-on, d’origine campanienne ".

Le nom à’acroama n’était pas appliqué seulement aux amusements du repas et aux personnes qui y contribuaient, mais aussi aux diertissements semblables que l’on pouvait prendre en tout autre moment, par exemple, aux chants,

Fig. 66. Concert.

aux danses et aux intermèdes du théâtre 44, à la musique,

Suet. Nero. 54 ; Macrob. Saf. V, 17, 15 ; Lucian. De sallnt. 3<i-6i ; Plul. /. I.— 3 « Quint. /ns<, or. 1, 2, 8.— " Petroil. Sa(. Î3.— 3 « Jut. II, Ui ; XI, IBS ; Mart. V, 78, 21 ; VI, 71, ï ; XIV, 203 ; Jahn, DcrUlUe d. sâcliinsch. GeselUch. 1S51, p. 168. — ■’9 Plant. Capt. I, 1, 3 ; Seucc. Ep. 2: ; Jahn, Spcc. Epigr. p. 115 ; Id. ProL ad Pars. p. LXXXV ; Atlien.XI, p. 46* e ; XIV, 613.1. — >0 Suet..iug. 74. — *1 Sui-t. Tib. r.l ; Lainpr. Al. Sever. 34. — S2 Q„iut. /, is(. or. Il, 5, 11 ; id. /Jcdum. 298 ; Suet. Dam. 4; Luciau. Conviv. IS. — *3 Alhtii. IV, p. 1:3 f ; Peiron. Sa/. 43 ; Caiitolio. Ver. 4 ; l.ampr. Reliog. 25 ; Tit. Liv. IX, 40, 17; Sil.Ital. XI, 51,.ï4. — " Ordli, Ï53C ; Suet. Vesp. 19. — M Piit. d’Ercolano, IV, tav. 32 ; Teruite. Peint, de Pompéi et d’JJerculamm. pi. VIII ; Roux et llarré, Antiq. d’Herculanum, 1. 11, pi. |3. — * « Tic. Ad fam. V, 9, 2 ; G. Nepos, Attic. 14 ; Sucl. De ill. grnmm. 4 ;.Senec. Ep. XWII, S ;


en quelque circonstance qu’elle fût cécut’-c^ (le concert que représente une peinture bien connue d’Herculanum ici reproduite (/ ? ^. 66), est un acroama "’) ; aux plaisanteries d’un parasite [parasitus], aux lectures ou récitations que Ton se faisait faire au bain, au lit, ; la promenade, et pour lesquelles des esclaves étaient instruits avec soin {literati serri, ANAGNOSTES, lector] *. Auguste en avait près de lui poiir occuper ses nuits sans sommeil ". D’autres fois il jouait avec de jeunes enfants, ou se laissait distraii e par leur babil. Livie, sa femme, avait de semblables pages {pueri minuti, deliciœ, ■j^t’Oupoç) *’dès avant son mariage ; ils furent très à la mode sous l’Empire ". Recherchés pour leur grâce, leur esprit, leur langage piquant ou naïf, on les faisait venir des pays les plus éloignés, de la Syrie notamment et de l’Egypte .

Nous pouvons encore ranger parmi les personnes qui servaient aux grands et aux riches d’acroamata ces Grecs faméliques {Grœculi), rhéteurs, grammairiens, philosophes, qui pullulaient à Rome sous l’Empire, et se trouvaient heureux quelquefois de s’enchaîner volontairement au service d’un maître ou d’une maîtresse qui faisaient d’eux leur jouet*’. E. Saglio.

ACROASIS (Άκρόασιζ). — Mot grec qui a passé dans l’usage des Romains et signifie tantôt un discours public, une lecture, une leçon, ce que nous appelons une conférence ; tantôt le lieu où se rassemble l’auditoire [recitatio, decla5IATI0, scuola]. e. S.^GLIO.

ACROLITHUS (’AxpdXtOov ayaXijta, ço’avov).— Statue dont le visage, les mains, les pieds étaient de pierre ou de marbre, tandis que le reste du corps était d’une autre matière et le plus souvent caché par des draperies. Pausanias, qui vit un certain nombre de ces statues dans les temples de la Grèce, a eu soin de dire’, toutes les fois qu’il a pu s’en assurer, que le corps était de bois sculpté, ordinairement doré ou peint quand il n’était pas dissimulé sous des vêtements, et que le visage (irpoaojTTov) et les extrémités (/sTps ; axpat, axpoi ttoos ;, àxpoTtoîe ;) étaient de marbre (Xi’Oou Xeuxoù, Xt’6ou Trapi’ou, TrsvTïXriTÎou). Dans les expressions qu’il emploie on reconnaît les termes dont est formé le mot àxpdXtôo ;, mais ce mot lui-même ne se rencontre pas une fois dans tout son récit. On le trouve dans un petit poëme de l’Anthologie-, puis dans un écrivain latin, Vitruve", qui, parlant de la statue colossale de Mars placée par le roi Mausole dans l’acropole d’Halicarnasse, se sert du mot écrit en lettres grecques ( « to^ « a rolossica àxpdXiâoç). A délaut de textes on ne peut savoir si le mot ainsi composé fut aussi anciennement usité que la chose qu’il exprimait. Au côté extérieur d’une coupe de Voici, actuellement au.Musée de Berlin *, on voit une idole de Bacchus, entourée de Ménades, et devant laquelle un autel est placé. Elle n’a pas de bras, et sous le riche manteau brodé qui la couvre on ne sent pas les contours d’un corps ; mais la tête sculptée et sans doute aussi peinte a toute la vérité de la nature ; au bas, la forme d’un pied est imparfaitement indiquée. C’est là vraisemblable-

l’plron. Snt. 46 ; P.iil. A/i. lU, 3 ; Orelli, 2S-2. — *7 Sucl. Aug. 78.— >8 Dio Tass. XI.^■I1I, 44 ; Gori, MiM. Lin..hig. p. 73.— » 9 Seii^c. Ad Sereiwm, XI, 3 ; Dio Cass. XI.VII. 15 ; I, 17, 3 ; Herorlian, I. 17, 3 ; Casaubon ad Suet. Aug. 83. — SOSIat. Silv. V,.^. 66 ; Suet, ^ /. — 51 Lucian. De merc. coiid.i, 17, 23, 25, 27, 36. — BiDLloGnAPniE. Buicn| ; ei-us, Dr caitririis, dans le Trvsor des anliij. de Grœvius, XII, p. llii ; Hermian. Primtaltlierthiimrr. §:i3 ; Becker, Charil ; les. II, p. 2S9 {i— éd.] ; llecker, Oallits, II, p.2iil ; ncckHr-.Marqua[dl. /iômiscAc Alterlliilmcr, y, 1’Abtli., p. 156, 348 ; Friedlœnder, Sillengescliichte lloms, I, p. 281 [i’édil., 1865 ; 3<— ( ! dil., lsr.9, p. 331). ACnOUTlILS. 1 Paus. 11, 4, 1 ; VI, 2(, 5 ; VI, 25, 4 ; VII. 21. 4 J VII. 23, 5; VIII, 2", 4 ; VI I, 31, 1 cl 3 ; IX, 4, 1.— 2.1nM. pal. XII, tO. — 3 II, 8, II. —k Ceiliald, Triiikschaien des Muséums su Berlin, pi. IV, p. ?.