Page:Dictionnaire des Antiquités grecques et romaines - Daremberg - I 1.djvu/45

Cette page n’a pas encore été corrigée
AGI — 29 — AGI


être confondue avec celle du mot agmen, erreur que commettent souvent les traducteurs. Il signifie une armée rangée en bataille, ou tout au moins une ligne de troupes prêtes à combattre, et non pas le rang. Végèce’détruit toute incertitude à cet égard, en disant : Actes dkitur exercitus instructus. Quelquefois aussi on a employé le même mot pour désigner le combat lui-même ^. Les expressions aciem inslruere ’, acimi instituere, aciem constituere ^ signifient ranger l’armée en bataille : prima actes " signifie la première ligne de troupes ; secimda acies’, la deuxième ligne ; tertio, ncies", la troisième ligne, et guarta acies, la quatrième ligne ^. L’expression tinplex acies’" servait à désigner l’ensemble de l’armée rangée en bataille sur trois lignes, et celle-ci, in aciem procedere ", indiquait la marche en bataille.

On employait encore le mot acies dans la désignation de manœuvres de détail, mais se rattachant aux formations de combat, telles que doubler et quadrupler les rangs, aciem duplicare, qtiadratam. aciem constituere ; se former en triangle, in trigomiin {qiteiti cuneum vacant) aciem mutare’% etc.

Jusqu’à l’époque où vécut Camille, les Romains combattirent en phalange [phalanx], c’est-à-dire sur une seule ligne pleine 13 ; puis, pendant tout le temps qui s’écoula ensuite jusqu’au moment où Marius changea l’organisation de la légion [legio], celle-ci se forma sur trois lignes (fig. 36).

Fig. 56. Formation par manipules.
0 m, 001 égal à 10 pieds romains.

La première était composée des manipules de hastati laissant entre eux des intervalles dont chacun était égal au front d’un manipule:devant chacun de ces intervalles et sur une deuxième ligne, se trouvaient les manipules des principes; enfin, en troisième ligne, les manipules des triarii placés devant les intervalles des principes : si ceux-ci et les hastati ne pouvaient résister à l’ennemi, ils se portaient en arrière et allaient se reformer dans les intervalles des triarii. Celte dernière manœuvre était possible, attendu que les triarii ayant un effectif moitié moindre que les hastati et les principes, les intervalles qui existaient entre leurs manipules étaient deux fois plus grands que ceux des deux premières lignes : donc, dans chacun de ces intervalles, un manipule de hastati et un manipule de principes pouvaient trouver place 14.

Derrière les triarii se rangeaient les rorarii et les accensi 15 : quant aux veliles, ils étaient répartis dans les intervalles de la première ligne 16 ou placés en avant de l’armée 17.

Quelquefois, pour laisser passer sa cavalerie ou les élé-

ACIES. 1 H, 14. — 2 Cic. Epist. VI, 3.-3 Cacs. Bell. gall. I, 2-t, 49, SI ; Bell, rw. I, 41. — » Caes. Bell. gall. IV, 14. — 5 Bell.— afr. B8. — 6 Tit. Ut. VIII, 8. — 1 l’.acs. Bell. cio. I, 41 ; Bell. afr. 60. — 8 Cacs. Bell, giill. I, 5i. — 9 Caes. Bell, cie. III, 89, 93 ; Bell. iifr.M.—’OTit.Liv. XXIII, 39 ; Cacs. Bell, ffall. I, i4, etc. ; Iiolil. Slral. 11. 3, 16, n, 20, Î2. — 1’Tit. Liv. IX, 27. — 12 Veg— ^fil■ 1, —0

— 13 Tit. Liv. VIII, S. — " Tit. Liv. VII, 23 ; VIII. 8, 10 ; X.X, S, 32 ; XXXVII. 3M ; Iront..<ilrul. Il, 3, 16 ; Polvb. XIV, 8 ; XVIII. lo. — "Tit. I.iv. VIII. 8. —’6 Tit. Liv. XXIII. i9 ; X.XX, 33 ; Front. Strat. II, 3, 16 ; Poljb. XV, 9. — l’Tit. Liv. XXII, 4.S ;.X..XVU1, 21 ; Polyb., I, 33 ; III, 113 ; X, 39.— 18 Til. Liv. X, 5 ; XXX. 33 ; Front. Slmt. II. 3, 16 ; Polvlj. XV, 9. — 19 Tit. Uv. XXXVll, 39. — 2 ».S.1II. Jiiy. loi. —’-I Fiout. Siml. II, i, 31. — 22 Til. Liv. IV, 33 ; VIII. 3 « ; XL. 4 ». — S3 lit. Liv. XX, IS. — r, Til. Liv. II, 20 ; III, i’.2 ; IV, 3S, 40 ; VI, 24 ; VU, ?  ; IX, n □ D □ □

□ n-n D’O □ □ n^n n

DD’DannDDDD


phants de l’ennemi, le consul abandonnait la formation en quinconce dont nous venons de parler, et, tout en conservant les intervalles entre les manipules et les distances entre les lignes, plaçait chaque manipule de principes et de triarii derrière le manipule correspondant de hastati, de telle sorte que les intervalles existaient dans toute la profondeur de l’armée ".

Une armée consulaire comprenait habituellement quatre légions, deux composées de citoyens romains et les deux autres composées d’alliés du nom latin : les légions romaines étaient placées au centre de la ligne de bataille et les autres à droite et à gauche " [socii]. La cavalerie romaine était bien plus redoutable que celle des Grecs, puisqu’elle chargeait à fond soit en ligne, confertis equis *", soit en fourrageurs en lâchant les rênes, effusis habenis *’, ou même en ôtant les mors des chevaux " ; elle n’hésitait donc pas à combattre de près et à pénétrer dans les rangs ennemis *’, et même à mettre pied à terre pour soutenir l’infanterie lorsqu’elle n’avait pas l’espace nécessaire pour charger ^*. Aussi rendit-elle souvent de grands services soit en combattant, soit en opérant des diversions ou en exécutant des mouvements tournants ". Répartie généralement sur les deux ailes*’ou massée sur une seule aile "", ou même encore placée derrière l’infanterie 28 elle commençait souvent l’action par une charge dirigée sur le centre de l’armée en nemie 29 ou contre sa cavalerie 30.

Lorsque la formation par manipules fut abandonnée, on vit les armées romaines se mettre quelquefois en bataille sur une seule ligne, sur deux lignes’^, sur quatre lignes ^’, mais plus habituellement sur trois lignes ", de telle sorte que chaque légion avait quatre cohortes [cohors] sur la première ligne et trois sur chacune des deux autres ^’: contrairement à ce qui se faisait précédemment, les troupes qui inspiraient le moins de confiance étaient placées au centre de l’armée ^* ; la cavalerie était répartie sur les deux ailes ^’ou massée sur une seule aile’* ; enfin, l’infanterie légère était placée en avant de l’armée et rarement sur les ailes ^^.

L’empereur Alexandre Sévère, ardent admirateur d’.lexandre le Grand, organisa une phalange *° qui ne fut pas conservée par ses successeurs : seulement, dans les derniers temps de l’Empire, la légion ne se rangea plus en bataille que sur deux lignes comprenant chacune cinq co-

39 ; XXI. 40 ; XXII, 49 ; XXIX, 2 ; XXXVlll, 26 ; Front. Slral. U, 3, S3. — ss Tit. Liv. X, ! 9 ; XL, 31 ; Front. Strat. II, 3, 14 ; II. 4, 3. 6, 33, 34, 35. —86 Tit. Liv..XXVII, S ; XXXI, 21 ; XXXV, 5 ; XL, 31 ; Front. Strat. H, 3, 20 ; P.lyl). III, 7i. — « Front. Strat. II, 3, S2. — » 8 Tit. Liv. X, 5, 41 ; X.XLX, 2 ; Front. Striit. Il, 3, 7. — 29 Tit. Liv. I, 30 ; II, 31 ; III, 10 ; IV, IS, 47 ; X, s. — SO Tit. Liv. X, 28. —31 Caes. Bell. afr. 13. — 35 Cars. Bell. gnll. III, 24 ; Bell. rie. III, 07. —33 Caes. Bell. cie. III, 89, 93 ; Bell. afr. SI ; Plut ! /. Caes. U ; Pomp. 69, 71.

— 3— Caes. Bell. gall. 1, 24, 49, 51 ; IV, 14 ; Bell. cio. I, 41, 64, 83 ; Bell. afr. 60. 81 ; Front. Strat. II, 3, 22. — 35 Cacs. Bell. civ. I, 83. — 36 Cacs Bell. civ. III, 89 ; Bell. afr. 60, 81. — S’Caes. Bell. gall. III, 25 ; VI, 8 ; Bell. cio. 1, 83 ; Œf. afr. 13, 81 ; App. Bell. cio. II, 75. — 38 Caes. Bell. cio. III, 88 ; Bell. afr. 60. — 39 Cacs. Bell. cio. 1, SI ; Bell. afr. 13, 60. 81. — »  » Lampr. Al. Sco. 49.