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liques. Assignée d’abord à l’usage du préteur, qui y tenait son tribunal, puis conservée dans les basiliques chrétiennes, comme la place
Fig. 24. Abside du temple de Vénus à Rome.
d’honneur de l’évêque et de son clergé, elle est devenue l’abside de nos églises 6[1].

La figure 25, empruntée à un sarcophage romain 7[2], offre des exemples de constructions de formes diverses ; quelques-unes sont couvertes de coupoles et de demi-coupoles auxquelles convient le nom d’absis.

Le même mot paraît avoir été employé par extension chez les Romains pour exprimer toutes sortes d’objets ayant une

Fig. 23. Bâtiments accompagnés d’absides.

forme courbe. Pline 8[3] s’en sert en parlant de la courbe que décrivent les astres dans leur cours. On le trouve dans le Digeste 9[4] pour désigner des bassins d’argent. L. Heuzey.

ABSOLUTIO [sententia].

ABSTINENDI BENEFICIUM [haeres].

ACADEMIA, Άκαδημία ou Άκαδήμεια, ou encore Έκαδήμεια 1[5]. — Ce nom, dérivé de celui de Έκάδημοζ 2[6], selon d’autres Άκάδημοζ, habitant de l’Attique qui avait révélé aux Dioscures poursuivant Hélène et Thésée, son ravisseur, la retraite où leur sœur était cachée, désignait un jardin 3[7] situé au nord-ouest d’Athènes 4[8], à 10 stades environ de la ville 5[9]. Pour y aller, on traversait le quartier du Céramique et on sortait par la porte Dipyle 6[10]. Le long du chemin, on remarquait quantité de tombeaux 7[11], parmi lesquels ceux de Thrasybule, de Chabrias, de Pliormion et de Périclès 8[12]. L’ancienne propriété d’Académus, après avoir appartenu à Hipparque, fils de Pisistrate 9[13], qui l’entoura d’un mur et y établit un gymnase 10[14], fut embellie par Cimon, qui y amena des eaux, y planta des arbres et y créa un stade pour les courses 11[15]. Elle était tout entière consacrée à Athéné qui y avait un autel à côté de ceux d’Héphœstos, de Prométhée, d’Hermès, d’Héraklès, des Muses et d’Éros. Cet autel était entouré des douze oliviers sacrés appelés μορίαζ. L’un de ces arbres était considéré comme le premier rejeton de l’olivier créé par la déesse 12[16]. Les promenades ombragées


de l’Académie étaient celles que Platon recherchait de préférence 13[17] pour s’y entretenir avec ses élèves et ses amis. Ce philosophe fit élever dans l’enceinte de l’Académie un petit temple des Muses, appelé Μουσείον, dans lequel Speusippe plaça les statues des Grâces 14[18]. Un Perse du nom de Mithridate fit exécuter une statue de Platon par le sculpteur Silanion, la fit transporter dans ce temple et la dédia aux Muses 15[19]. Après la mort de Platon, cette statue resta placée au centre de son école et le grand philosophe fut enterré dans le voisinage de l’Académie 16[20]. Son tombeau était situé près du lieu appelé Κολωνόζ ίππιοζ, parce qu’on y voyait les autels de Poséidon et d’Athéné Équestres. Plus tard, le roi Attale fit planter un jardin dans l’Académie. Dans ce jardin, le philosophe cyrénéen Lakydès, successeur d’Arcésilas, fonda des écoles et donna des leçons 17[21]. Ce fut alors que ce lieu prit le nom de Λακύδειον 18[22]. Les Spartiates, maîtres d’Athènes à la fin de la guerre du Péloponèse, avaient respecté l’Académie en souvenir de l’assistance fournie par Académus à leurs héros Castor et Pollux 19[23] ; mais Sylla, lorsqu’il assiégea Athènes, détruisit les beaux arbres de l’Académie pour en faire des machines de guerre 20[24]. Ces arbres toutefois ne tardèrent pas à être remplacés. Aujourd’hui, il ne reste plus rien du gymnase et des autres bâtiments de l’Académie et les savants ne sont pas complètement d’accord sur son emplacement.

Le nom d’Académie fut souvent donné, en mémoire de Platon et de ses disciples qui l’avaient illustré, à d’autres lieux consacrés à l’étude des lettres et de la philosophie 21[25]. C’est ainsi que Cicéron appelait une campagne qu’il possédait près de Puteoli (Pouzzoles) 22[26] ; dans celle de Tusculum il avait aussi une académie 23[27]. L’empereur Adrien, qui avait fait reproduire dans sa somptueuse villa de Tibur quelques-uns des plus beaux édifices de la Grèce, y fit élever des constructions et planter des jardins à l’imitation de l’Académie d’Athènes 24[28]. A.-P. Simian.

Bibliographie. Barthélemy, Voyage du jeune Anacharsis, ch.7 ; Pauly, Real Encyclopädie, s. v. Academia, 2e éd. 1862 ; Gerhard, Archäologische Zeitung, 1845, n° 133, p. 130.

ACANTHUS, du grec άκανθα, épine, l’acanthe. — Plante herbacée, vivace, espèce de chardon ; son feuillage élégant a fourni aux architectes anciens le motif des plus gracieux et des plus riches ornements.

Il existe une douzaine d’espèces d’acanthe, mais la plupart sont particulières aux pays chauds, où elles servent à former des haies et des clôtures ; deux espèces seulement nous sont anciennement connues et poussent naturellement dans les régions méridionales de l’Europe. L’une est l’acanthe sauvage (acanthus spinosus), épineuse et frisée, c’est la plus courte ; l’autre, sans épines, lisse et unie, a de larges feuilles flexibles, qui l’ont fait nommer acanthe molle (acanthus mollis) ; on l’appelle en Italie branca ursina, ou griffe d’ours 1[29]. Ces plantes étaient employées chez les Romains pour la décoration des jardins, elles formaient ordinairement la bordure des parterres et des bassins 2[30].

L’acanthe sauvage est certainement celle que les Grecs ont imitée, quoi qu’en disent plusieurs auteurs 3[31]. Les Romains seuls, en développant considérablement l’usage de l’acanthe dans l’ornementation de leur architecture, ont employé aussi

  1. 6 Isid. Orig. XV, 3 ; Paulin. Nol. Ep. XXXII, 17.
  2. 7 Bottari, Pitt. c Seult. l, tav. 34.
  3. 8 Plin. Hist. Nat. XV, 16, 17.
  4. 9 XXXI V, 2, 19, § 6.
  5. ACADEMIA. 1 Diog. Laert. III, 7 ; Steph. Hyz. Έκαδήμεια.
  6. 2 Schol. Aristoph. Nub. 1603 ; Plut. Thes. 32 ; Diog. Laert. III, 9.
  7. 3 Paus. I, 29 ; Suidas, Άκαδημια.
  8. 4 Barthélémy, Anach. Atlas.
  9. 5 Cic. De finib. V, 1.
  10. 6 Barthélemy, Anach. VII ; Leake, Researches in Greece, p. 73.
  11. 7 Meursius, Ceram. c. iix ; Cic. Ad fam. IV, 12.
  12. 8 Paus. I, 29.
  13. 9 Suidas, 11, 2, p. 1102, éd. Bernh.
  14. 10 Plut. Cimon, 13 ; Plin. Hist. Nat. XII, 1, 5, 9 ; Dicœarch. Desc. Gr. fr. I, 1.
  15. 11 Apollod. ap. Schol. Soph. Œd. Col. 66, 791 ; Paus. 1, 30, 2.
  16. 12 Athen. XIII, p. 561, 609 d ; Plut. Solon, l, Paus. l. l.
  17. 13 Plut. De cæsat. 10.
  18. 14 Diog. Laert. IV, 1, 3, 8 ; III, 5 et 20.
  19. 15 Diog. laert. III, 90.
  20. 16 Pausan. l. l.
  21. 17 Diog. Laert. IV, 4, 8.
  22. 18 Id. l. l.
  23. 19 Diog. Laert. III, 9 ; Plut. Thes. 32.
  24. 20 Plut. Sylla, 12.
  25. 21 Allatius, Ad Epist. Socr. p. 278, éd. Orelli.
  26. 22 Plin. Hist. Nat. XXXI, 2, 3.
  27. 23 Cic. Ad Att. I, 4, 3, 11, et Tusc. 2, 3.
  28. 24 Spartian. in Adr. 22.
  29. ACANTHUS. 1 Plin. Hist. Nat. XXII, 34 ; Canina, Arch. greca, p. 114 pl. 106.
  30. 2 Plin. l. l.
  31. 3 Perrault, Traduction de Vitruve p. 108 ; Millin, Dictionnaire des Beaux-Arts s. v ; Quatremère de Quincy, Dictionnaire d’architecture s. v. Acanthe,