Page:Dictionnaire des Antiquités grecques et romaines - Daremberg - I 1.djvu/25

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
ABO — 9 — ABO


rité, ou sur la passion qui l’avait entraîné 20[1]. Il ne pouvait plus ensuite renouveler l’accusation, mais un autre pouvait la reprendre 21[2]. G. Humbert.

Bibliographie. Seger, De abolit. Lips. 177 a ; IX, 9 ; Hermann, De abolit. crim. Lips. 1834 ; Geib, Geschichte des rom. crimin. Prozesses. Leipzig, 1845, p. 575 ; Rein, Das Criminalrecht der Römer, p. 273. Leipzig, 1841.

ABOLLA. — Nom d’une espèce particulière de manteau, que l’on fait dériver 1[3], peut-être sans preuves suffisantes, du grec Άναβολή. Le mot grec, à la différence du latin, s’appliquait à un manteau quelconque et surtout à la manière de le porter, en le rejetant en arrière [amictus, pallium] ; dans quelques passages seulement il désigne particulièrement un manteau court et léger 2[4]. Au contraire l’abolla était un vêtement d’une forme déterminée ; elle ressemblait à la chlamyde [chlamys], à laquelle elle a été comparée. Servius dit 3[5] que c’était, « comme la chlamyde, un manteau double (duplex), » mais sans confondre l’un avec l’autre, ni leur donner une commune origine. D’autres textes prouvent que le nom grec de chlamys fut appliqué tardivement, sous les empereurs, au paludamentum et au sagum 4[6].

Il faut donc voir dans l’abolla une sorte de chlamyde romaine ou de sagum, c’est-à-dire un manteau épais, attaché devant le col ou sur l’épaule par une broche [fibula] ou par un nœud [nodus] : il tombait droit autour du corps et permettait de dégager facilement les bras. Il se prêtait ainsi aux mouvements et à la marche. C’était un vêtement de campagne ou de guerre, opposé comme tel à ceux dont on faisait usage à la ville et en temps de paix 5[7]. On le voit porté par un grand nombre de soldats dans les bas-reliefs de la
Fig. 18. Abolla et Sagum.
colonne Trajane (fig. 18) et de la colonne Antonine. Toutefois il est malaisé d’y distinguer l’abolla du sagum, si ce n’est peut-être que le premier était plus court et moins ample. On peut comparer dans la figure les manteaux quelque peu différents que portent un soldat romain et un Dace, que le premier conduit prisonnier : l’un est l’abolla, l’autre le sagum ou le sagochlamys.

Les habitants des villes, qui avaient été si souvent dans la nécessité de quitter la toge pour prendre l’équipement militaire, dans la période troublée qui amena la fin de la République, gardèrent sous l’Empire l’usage habituel de l’abolla, comme des autres vêtements servant de surtout [laena, lacerna]. On n’en fit plus seulement d’étoffe épaisse et rude pour braver les intempéries de l’air 6[8] : quand porter de la laine fut considéré comme une marque de pauvreté, on en eut aussi de fin lin 7[9] et peut-être de soie. Il y en avait qui étaient teintes en pourpre 8[10], couvertes de dessins brodés ou peints et assez magnifiques pour être un costume royal 9[11]. On s’en parait dans les festins. Un tarif de douane de la colonie de Julia Zarai, dans la Mauritanie Césarienne, de l’an 202 après Jésus-Christ, mentionne une abolla cenatoria


dans un chapitre consacré aux vêtements étrangers 10[12]. Ce sont, croyons-nous, des vêtements de ce genre richement brodés que portent Didon et ses hôtes, pendant le repas, dans une miniature du Virgile du Vatican ici 11[13] reproduite (fig. 19).

On peut croire que le nom de ce vêtement ainsi répandu

Fig. 19. Abolla cenatoria.


et transformé ne garda pas toujours une signification rigoureuse ; de même que ceux des différentes espèces de sagum étaient souvent confondus, les écrivains emploient quelquefois le nom d’abolla dans le sens général
Fig. 20. Abolla major.
de manteau. Ainsi ils l’appliquent au manteau grec des philosophes. Les satiriques raillent 12[14] la gravité et la pauvreté affectée de certains philosophes toujours enveloppés dans le vaste manteau qui leur servait d’unique vêtement pendant le jour, et de couverture pendant la nuit. Comme on les reconnaissait d’abord à cet extérieur, on leur donnait le nom de grands manteaux (major abolla) 13[15]. La figure ici gravée d’après un vase d’argent du Cabinet des médailles à Paris (fig. 20) 14[16], d’une époque un peu plus ancienne, peut aider à s’en former l’idée. E. Saglio.

ABORTIO, Abortus, Abortum, Aborsus, accouchement avant terme, avortement. — Suivant Isidore 1[17], on nomme abortivus l’enfant ou le fœtus arrivé avant terme, eo qitod non orintw, sed aboriatur et excidat. L’accouchement était considéré comme prématuré lorsque l’enfant naissait le cinquième ou le sixième mois, ou auparavant, la gestation ordinaire devant durer au moins sept mois. En effet, le

  1. 20 L. 15, pr. Dig. De jure fisc. XLI, 9, 12. —
  2. 21 L. I, Cod. De abol. : L. i, § I, Dig. ad S. C. Turp. I. 3, Cod. IX, 43.
  3. ABOLLA. 1 Forcellini s. v. —
  4. 2 Plat. Protag. p. 342 ; Synes. Epist. 52, p. 189 C. ; Edict. Diocl. éd. Waddington p. 39, n. 38. —
  5. 3 Ad AEn. V, 421. —
  6. 4 Non. XIV, 9 : Paludamentum est vestis quae nunc chlamys dicitur ; Suid. Χλαμύς Ἀτραβατική : J. Lydus, De mag. I, 17. Edict. Diocl. éd. Waddinglon, p. 33, n. 48. —
  7. 5 Cic. Phil. V, 31 ; XIV, 3 ; Varr. ap. Non. l. c. ; cf. Cod. Theod. XIV, 10 ; Isid. Orig. XIX, 24. —
  8. 6 juv. IV, 76, et Madvig. Opusc. p. 11. —
  9. 7 Edict. Diocl. I. I. —
  10. 8 Mart. VIII, 48 ; Prudent. Adv. Symm. 557. —
  11. 9 Suet. Calig. 35. —
  12. 10 L. Renier, Moniteur du 6 déc. 1858. —
  13. 11 Gerhard, Archàolog. Anzeiger. 1858, n. 120. —
  14. 12 v. Mat. Virgil. pict. ant. ex cod. Vatic. 183S ; Mart. IV, 53; Hor. Epist. 1, 17, 25. —
  15. 13 Juv. III, 115. —
  16. 14 Chabouillet, Catalog. du cabinet des méd. et antiques de la Biblioth. imp. n° 2812.
  17. ABORTIO. 1 Etymolog. lib. X. 20.

I. 2