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AGALMA (Άγαλμα). - Ce mot, qui vient d’ άγάλλω, et signifie, dans sa première et plus large acception, tout objet qui peut plaire (πᾶρ έφʹ ᾧ τίζ άγάλλεται) 1 [1], désignait ordinairement, chez les Grecs, un ouvrage travaillé avec art, offert à un dieu et placé dans son temple [DONARIA] c’étaient d’abord les images des dieux eux-mêmes 2 [2], qu’elles fussent de pierre ou de métal, de bois ou de toute autre matière ; une peinture aussi bien qu’une statue 3 [3] ; quelquefois aussi une simple stèle, un trépied, etc. : les auteurs citent plusieurs trépieds que des inscriptions désignaient comme des αγαλματα 4 [4]. On trouve le mot détourné de sa signification primitive impliquant l’idée d’ornement et d’élégance, et employé pour ces images, quelquefois informes, appartenant à l’enfance de l’art, auxquelles était ordinairement réservé le nom de XOANON 5 [5]. On l’employait d’ailleurs pour celles des héros, et même exceptionnellement de simples mortels, aussi bien que pour celles des divinités. Sur un des trônes qui servaient de siéges aux colosses découverts sur la voie sacrée des Branchides 6 [6], près de Milet, est gravée une inscription qui, après avoir nommé celui qui l’occupait (Charès, gouverneur de la forteresse de Milet) se termine par ces mots : « Agalma offert à Apollon (Άγαλμα τοὖ Άπόλλωνοζ) 7 [7]. [8] E. SAGLIO.

AGAMEMNON (Άγαμέμνων). Agamemnon, fils d’Aëropé et d’Atrée, d’où le nom d’Atride 1 [9] qui lui est souvent aussi donné. D’autres auteurs 2 [10] en font le fils d’Aëropé et de Plisthènes, père d’Atrée. Il était roi de Mycènes et d’Argos 3 [11], le prince le plus puissant des Grecs, qu’il commanda devant Troie 4 [12]. A peine de retour dans son palais, il périt assassiné par sa femme Clytemnestre 5 [13], complice d’Égisthe, qui usurpa son trône. Il fut le père d’Oreste, d’Électre et d’Iphigénie.

Au milieu des ruines de Mycènes, on voyait le tombeau d’Agamemnon 6 [14] ; toutefois, les habitants d’Amyclées, qui montraient sa statue, croyaient aussi posséder son monument funèbre 7 [15]. Dans diverses peintures de vases grecs, ce monument est représenté par une colonne auprès de laquelle se tiennent des personnages apportant des offrandes. Sur une amphore du musée de Naples, on lit au-dessus de la stèle le nom ΑΓΑΜΕΜΝΩΝ Ceux d’ΟΡΕΣΤΗΣ et d’ΕΛΕΚΤΡΑ font reconnaître parmi les assistants les enfants du roi défunt 8 [16]. La ville de Clazomènes rendait un culte à Agamemnon 9 [17]. Les habitants de Chéronée honoraient par-dessus tous les dieux le sceptre des Atrides, que Vulcain avait fabriqué 10 [18].

Agamemnon avait sa statue à Olympie, sur le mur de l’Altis, en compagnie des guerriers qui avaient, comme lui, relevé le défi d’Hector 11 [19]. Son nom était le seul qui fût écrit sur le monument. Polygnote avait peint le chef des Grecs dans la LESCHÉ de Delphes 12 [20]. Il figurait encore parmi les Tyndarides, sur la base de la statue de Némésis, à Rhamnus 13 [21].

Agamemnon se voilant la face pendant que s’apprête le sacrifice de sa fille Iphigénie [IPHIGENIA], faisait le sujet d’un fameux tableau de Timanthe 14 [22]. Une fresque représentant

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la même scène a été trouvée à Pompéi 15 [23]. Elle est reproduite (fig. 170). Cette peinture rappelle sinon la composi-

Fig. 170. Sacrifice d’Iphigénie.

tion, du moins l’artifice employé par Timanthe pour rendre sensible la douleur paternelle, après avoir épuisé dans les autres figures toutes les expressions de la tristesse. Agamemnon est enveloppé d’un manteau de pourpre qui lui cache la moitié de la figure, dont le reste est dissimulé par la main qu’il porte à ses yeux. Cette scène est représentée d’une manière analogue sur l’autel dit de Cléomène, de la galerie de Florence 16 [24]. Une mosaïque découverte à Ampuria, en Espagne, la montre un peu différemment 17 [25].

Un bas-relief du Louvre, trouvé dans l’île de Samothrace, et qui compte parmi les plus anciens produits de la sculpture grecque 18 [26], représente (fig. 171) Agamemnon

Fig. 171. Agamemnon, Talthybius et Epeus.

assis sur un siège pliant (δίφροζ όκλαδίαζ) et désigné par l’in-

  1. AGALMA. 1. Bachm. Anecd. I, 9 ; cf. I, 19 ; Hom. Il. IV, 144 ; Od. III, 438 ; VIII, 509.
  2. 2. Plat. Leg. XI, p. 319 a ; cf. Ruhnken, Ad Tim. Lex. Plat. p. 5-8.
  3. 3. Polyb. XXII, 13.
  4. 4. Herod. V, 60, 21 ; Paus. VI, 19, 3 ; X, 7, 3.
  5. 5. Paus. VI, 26, 3 Athen. XIV, 2 ; Clem. Alex. Protrept. p. 29.
  6. 6. Newton. Hist. of discov. At Halicarn. Cnidus and Branchidae, pl. XCVII n. 72 ; cf. n. 66.
  7. 7. R. Rochette, Lettres archéol. p. 177 ; Schubart, Zeitschr. für d. Allerth. 1847, p. 289 et suiv. ; Welcker, Alte Denkmäler, I, p. 188.
  8. BIBLIOGRAPHIE. Böckh, Corp. inscr. Graec. I, p. 7 ; Ruhnken, Ad Tim. p. 4 sq. ; Siebelis, Praef. ad Paus. p. XLI, sq. ; Hermann, Gottesdienst. Alterthümer, 18, 16.
  9. AGAMEMNON. 1. Iliad. I, 7 ; II, 18 et passim ; Hyg. Fab. XCVII.
  10. 2. Eurip. Orest. V, 17 ; Apollod. III, 9, 2 ; Dictys Cret. 16.
  11. 3. Aesch. Agam. ; Soph. Electr.
  12. 4. Hom. Il. I, 79 ; Soph. Electr. 1.
  13. 5. Hom. Odyss. IV, 533 ; XI, 403 ; Aesch. Agam. etc.
  14. 6. Pausan. II, 16.
  15. 7. Paus. III, 19.
  16. 8. Millingen, Vases grecs. Pl. XXXIX ; Gerhard et Panofka, Neup. ant. Bildw. p. 306, n. 450.
  17. 9. Paus. VII, 5.
  18. 10. Paus. IX, 40.
  19. 11. Paus. V, 25.
  20. 12. Paus. X, 30.
  21. 13. Paus. I, 33.
  22. 14. Plin. Hist. nat. XXXV, 10 ; Cic. Orat. 22 ; Quintil. II, 13 ; Val. Max. VIII, 11.
  23. 15. Mus. Borb. IV, 3. R. Rochette, Maison du poëte tragiq. 14 ; Id. Mon. inéd. 27 ; Overbeck, Heroïsch. Bildwerke, XIV, 10 ; Helbig, Wandgemälde, 1304 ; cf. Ib. 1305.
  24. 16. R. Rochette, Mon. inéd. 1, 26, 1.
  25. 17. Arch Zeitung, 1869, taf. XIII.
  26. 18. O. Müller, in Amalthea, III, p. 35 ; Millingen, Mon. inéd. pl. mot ; Clarac, t. II, pl. CXVI ; Inghirami, Gal. omer. 1.20.