la déesse[1]. À Syllion, une femme gymnasiarque fait les frais d’un naos avec ἱερά en argent et d’un temple plaqué d’or et d’ivoire[2].
Ces largesses ont souvent un objet plus pratique. Un gymnasiarque d’Apamée constitue un capital de 34 000 deniers dont le revenu doit alléger le budget municipal[3]. Un autre, de Cibyra, affecte 400 000 drachmes rhodiennes à la dotation perpétuelle de la gymnasiarchie[4]. Il y en a qui désignent leur ville comme légataire[5], quelquefois universelle[6]. La fortune des gymnasiarques allait à de véritables œuvres de charité. On en connaît dont la générosité secourait la misère en temps de famine[7], dont la prévoyance créait des fonds destinés à l’assistance publique[8] ou à l’éducation des enfants abandonnés[9].
On peut s’attendre à voir la reconnaissance des Grecs aller pour les gymnasiarques jusqu’à l’adulation. C’est peu que les ἀλειφόμενοι[10] ou παλαιστρῖται[11], que les λαμπαδισταί[12] leur consacrent des dédicaces. Dans les villes où les honneurs sont gradués, il est rare qu’on ne leur accorde pas les premiers[13]. Les récompenses d’usage leur sont prodiguées. Les décrets qui les exaltent sont gravés sur des stèles érigées ordinairement dans les gymnases[14], leur éloge est proclamé dans les concours gymniques ; les couronnes leur sont décernées par les collèges[15] et associations[16] aussi bien que par le peuple et le conseil. Leurs statues sont rarement dressées aux frais de la ville : des corporations de quartiers s’en chargent quelquefois[17] ; le plus souvent ce sont les gymnasiarques eux-mêmes ou leur famille[18]. Ils obtiennent aussi un droit de proédrie viager[19] et héréditaire[20] une place au prytanée[21]. On leur décerne souvent des honneurs posthumes[22] : on s’engage à placer leur tombe dans le gymnase, témoin de leur généreuse activité[23]. Un Romain, Labéon, après avoir exercé la gymnasiarchie à Cymé[24], dut décliner l’offre qu’on lui faisait par décret de lui dédier un temple et de le proclamer fondateur de la ville. Il se contenta modestement de la proédrie, d’une couronne d’or, de l’éloge dans tous les jeux publics, d’un portrait gravé sur un bouclier, de trois statues en bronze, en marbre et en or, enfin de la promesse qu’après sa mort il serait porté par les éphèbes et les néoi sur l’agora, couronné par le héraut et enseveli en bonne place au gymnase.
III. Dans quelques villes, les gymnasiarques figuraient parmi les dignitaires nommés par les collèges. La gymnasiarchie éphébique se présente rarement hors des pays athéniens[25]. La gymnasiarchie de la gérousia est quelquefois conférée par l’association. Dans ce cas, elle ressemble à la gymnasiarchie des thiases[26]. La gérousia d’Hiérapolis a plusieurs gymnasiarques investis pour un an de fonctions administratives : ils ont la gestion de certains fonds et surveillent les lombes des anciens sociétaires[27]. À Sidyma, le gymnasiarque de la gérousia tient les archives[28]. G. Glotz.
- ↑ Bull. de corr. hell. XI, 1887, p. 157, no 63, l. 7 s.
- ↑ Ib., XIII, 1889, p. 488-489, no 3, l. 13-23 : cf. Journ. of hell. stud. X, 1889, p. 55. no 6 (Lydae) ; Mitth. d. arch. Inst. XVIII, 1893, p. 267 (Milet).
- ↑ Bull. de corr. hell. XVII, 1893, p. 308-310, no 10, l. 7-19.
- ↑ Petersen et Luschan, p. 186. no 242 a, B, I. 13-14 ; C, I 2, 7. 11, 15.
- ↑ Bull. de corr. hell. IX, 1885, p. 338, no 21 ; p. 339, no 22 (Héracléa Salbacé).
- ↑ Rev. des ét. ar. VI, 1893, p. 178, no 12 (Iasos).
- ↑ Dittenberger, no 246, l. 55 s. (Sestos) ; Bull. de corr. hell. IX, 1885, p. 75, no 5, l. 4 (Aphrodisias) ; Corp. inscr. gr. no 4717, l. 10, 14 (Thèbes d’Égypte).
- ↑ Bull. de corr. hell. XI, 1887, p. 157, no 63, l. 7 (Lagina).
- ↑ Ib. XIII, 1889, p. 486, no 1, l. 8-11, 12-14 ; p. 487, no 2, l. 25-27 ; p. 488-489, no 3, l. 12-14 (Syllion).
- ↑ Ib. V, 1881, p. 482, no 3 (Sanios).
- ↑ Corp. inscr. gr. no 2627 (Chytres).
- ↑ Dittenberger, no 402 (Patmos).
- ↑ Un gymnasiarque de Balbura n’obtient que les seconds honneurs (Le Bas-Washington no 1222). Un autre, de Sidyma, obtient, au contraire, les premiers avec les seconds et les troisièmes (Benndorf et Niemann, p. 60, no 39).
- ↑ À Sestos (l. c. l. 107), Cymé (Collitz-Bechtel, I, no311, l. 52-54), Phintia (Inscr. gr. Sic. et It. no 250, l. 84-89).
- ↑ À Sestos (l. c. l. 95.
- ↑ À Nisyros (Mitth. d. arch. Inst. XV, 1891, p. 134).
- ↑ Rev. des ét. gr. II, 1889, p. 30-31, no 6 b. A, l. 12-10 ; B, l. 14-16 ; Bull. de corr. hell. XVII, 1893, p. 308-310, no 10, A, l. 19-20 ; B, l. 12-13 (Apamée).
- ↑ À Olympie (Arch. Zeit. XXXVI. 1878, p. 176, nos 199-200), Cos (Paton et Hicks. no 107, l. 15-17 ; 110, l. 3-5 ; 392, l. 13-14), Acmonia (C. inscr. gr. no 3858), Nacrasa (l. c.), Iasos (Bull. de corr. hell. XI, 1887, p. 213, no 2, l. 12-16) ; Ériza (?) (Ib. XIII, 1889, p. 335-336, l. 47-49), Aphrodisias (C. i. gr. nos 2789, 2814), Lydae (l. c.), Balanaia (l. c.).
- ↑ À Cymé (l. c.), à Ériza (?) (l. c. I, 49-31).
- ↑ À Sestos (l. c.101).
- ↑ À Ériza ? (l. c., l. 54-55).
- ↑ Bull. de corr. hell. XIV, 1890, p. 237, no 11 (Nysa) : C. i. gr. no 2724 (Stratonicée) ; 2778 (Aphrodisias) ; cf. E. Kuhnert, Statue und Ort, dans les Jahrb. f. klass. Philol. Suppl. 1884, p. 308 s.
- ↑ Bull. de corr. hell. XI, 1887. p. 75, no 5, l. 10 (Aphrodisias).
- ↑ Collitz-Bechtel. l. c.
- ↑ Bull. de corr. hell. XVIII, 1891, p. 158-159, no 3, l. 16-17 (Apollonis) ; Mitth., XIII, 1888, p. 173, no 14 ; p. 175, no 17 (Chios).
- ↑ Latyschew, Inscr. ant. or. sept. Pont. Eux. II, nos 439-441, 445-448, 451, 454, 455 (Tanaïs) ; cf. 2131 (Gorgippia).
- ↑ C. inscr. gr. no 3916 ; Journ. of philol. XIX, 1890, p. 77, no 1 ; Journ. of hell. stud. XI, 1890, p. 250, no 23.
- ↑ Benndorf et Niemann, p. 71, no 51 ; p. 73-75, no 52, l. 56-57. — Bibliographie. — Böckh, Die Staatshaushalt. der Athener. 1817, I, p. 494-4981, 609-6162, 548-5543 ; Krause, Gymnastik und Agonistik der Hellenen, 1841, I, p. 179-205 ; Fr. Haase, art. Palaestrik, dans l’Encyclopédie d’Ersch et Gruber, III, 9, p. 388 s. ; W. Dittenberger, De ephebis atticis, Göttingen, 1863, p. 40 s. ; R. Neubauer, Comment. epigr. Berlin, 1869, p. 33-39 ; A. Dumont, Essai sur l’éphébie att. Paris, 1876, I, p. 219-223 ; M. Collignon, De collegiis epheb. ap. Graecos, exc. Attica, Paris, 1877, p. 47-49 ; id. Les collèges de néoi dans les cités grecques, dans les Annales de la Fac. des lettres de Bordeaux, II, 1880, p. 143-144 ; V. Thumser, De civium Athen. muneribus Vindob. 1880, p. 88-90 ; J. Menadier, Qua condit. Ephesii usi sint inde ab Asia in form. prov. redacta, Berol. 1880, p. 90-92 ; Lor. Grasberger, Erziehung und Unterricht im klass. Alterthum, Würzburg, 1881, III, p. 463-472 ; O. Liermann, Analecta epigr. et agonist. dans les Dissert. philol. Halenses, X, 1889, p. 46-64 passim.
GYMNASIUM (Γυμνάσιοιν, gymnase). — Ce terme désigne, d’une manière générale, l’ensemble des locaux spécialement affectés chez les Grecs à l’éducation physique de la jeunesse[1], aux exercices corporels que les bons citoyens s’imposaient comme un devoir envers eux-mêmes et envers la patrie[2], à l’entraînement méthodique des athlètes de profession, bref à toutes les variétés de la gymnastique, telle que les Grecs de toute race la comprenaient et la pratiquaient. L’importance du gymnase dans l’organisme de la cité équivalait à celle que la gymnastique avait prise dans les mœurs et que les législateurs lui attribuaient dans l’éducation nationale. Aucune ville digne de ce nom ne se serait dispensée de posséder au moins un gymnase avec un stade, un hippodrome et un théâtre[3]. En dehors même des villes, certains sanctuaires en étaient pourvus, quand même ils n’étaient habités en permanence que par le personnel sacerdotal préposé au service du culte. Mais au programme des fêtes périodiques qui attiraient on ces lieux sacrés la multitude des pèlerins, figuraient presque toujours des concours gymniques. À Olympie, le gymnase où les concurrents devaient s’exercer avant de se mesurer en public sur la piste du stade, était une annexe nécessaire du sanctuaire. Il est permis de supposer qu’à l’hiéron d’Épidaure le gymnase avait, en outre, le caractère d’un établissement médical.
I. Dès qu’ils s’adonnèrent régulièrement aux exercices gymniques, les Grecs aménagèrent à cet effet des emplacements spéciaux, en plein air. Les gymnases primitifs consistaient en de simples pistes ou δρόμοι, pour la course à pied, le disque, le javelot, le ballon, en aires finement sablées (le τύκτον δάπεδον homérique) pour la lutte, le pugilat et le pancrace. On cherchait de préférence quelque esplanade, voisine d’une rivière, afin de