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puisque telle fut l'origine de la dictature elle-même. Mais plus tard, on chargea un dictateur uniquement de la conduite d'une guerre. Il devait avoir l'imperium complet, à la charge de ne pas exercer la juridiction, qui devait naturellement rester au préteur. Il est évident du reste que son imperium militare n'admettait pas de provocatio.

On appelait dictator clavi figendi causa, celui qui était nommé, en temps de peste ou de calamité publique, pour planter un clou dans la paroi à droite du temple de Jupiter [Clavus annalis]. Jadis le consul ou praetor maximus accomplissait cette formalité annuellement pour compter les années, cum litterae erant rarae. Plus tard, pour détourner la vengeance divine, on chargea de ce soin le dictateur dans les cas extraordinaires puisque la loi parlait du praetor maximus, et que le dictateur avait alors dans la ville l'imperium majus, le rang le plus élevé.

Pour la tenue des comices centuriates, en l'absence d'un consul ayant le droit de les convoquer ex imperio militari, il fallait recourir à la nomination d'un dictateur comitiorum habendorum causa. Il n'avait besoin pour cela que d'un imperium consulare. Ce genre de dictature fut le dernier qui se présenta à Rome en 55 (1 et 55 av. J.-C.). On peut remarquer que C. Servilius Geminius, appelé alors à présider les comices, eut besoin d'une autorisation spéciale du sénat pour célébrer la fête et les jeux de Cérès (ex senatus consulta fecerunt). Nous trouvons en effet souvent mentionné dans l'histoire un dictateur pour organiser les fêtes, feriarum constituendarum causa, ou les supplications à l'occasion de prodiges qui avaient effrayé Rome ; ou pour présider, comme l'ancien praetor maximus, qu'il représentait, les antiques féries latines, Latinarum feriarum causa ; on trouve aussi un dictateur appelé à célébrer des jeux, ludorum faciendorum causa, pendant la maladie du préteur. Pour divers actes la potestas aurait suffi ; mais un dictateur paraissait nécessaire afin de tenir lieu du praetor maximus, dont l'autorité impliquait l'imperium au moins consulare.

Le sénat chargeait parfois un dictateur de procéder à l'information, à la poursuite et au jugement de crimes considérables par leur nombre et leur gravité, dictator quaestionibus exercendis. C'est ainsi qu'en 411 de Rome, 312 av. JC., C. Maenius fut nommé dictateur pour juger les complots qui s'étaient formés à Capoue contre la République. La commission étendit ses recherches à Rome, malgré l'appellatio faite aux tribuns pour excès de pouvoir ; ce qui donna lieu de la part des patriciens à des menaces d'accusation pour conjuration contre le dictateur et le magister equitum eux-mêmes. Ceux-ci abdiquèrent, pour rendre la poursuite possible, et furent traduits devant les consuls, chargés alors de la quaestio et acquittés honorablement. Ceci semble prouver que si la juridiction du dictator quaestionibus exercendis était sans appel, qu'elle devait être limitée par les termes du sénatus-consulte et de la loi curiate de imperio ; enfin qu'au cas d'excès de

l42 T. Liv. VIII, 40 ; Lange, AUerth. I, p. 550. Les derniers de ce genre apparaissent en 503 et 537 de Rome, T. Lit. I^pit. XIX et XXII, 8.

— 143 T. Liv. VIII, 33, 34, 35.

— 144 T. Lit. VH, 3 ; VIII, 18 ; IX, 28 et 34 ; Feslus, s. v. clavus ; Willcms, p. 267, note 0.

— 145 T. Liv. Vlll, 23 ; IX, 7 ; XXV, 2, etc.

— 146 Lange, p. 5.Ï0.

— 147 T. Liv. XXX, 24 et 39.

— l48 T. Liv. XXX, 39.

— 149 T. Liv. VII, 2S.

— 150 F.%sli c.-ipitolini, 400 Urii. condit. T. Liv. VII, 3 ; Kcstus, s. V.

— 151 T. Liv. VIII, 40 ; XXVll, 33 ; IX, 34.

— 152 Lange, p. 650 et 551.

— 153 T. Liv. IX, 26 et 34.

— 154 Ceux-ci paraissent avoir refusé leur auxilium.

— 155 Rudorff, Rom. RedUsjiesch. I, § 32, p. 80, note 4.

— 156 T. Liv. XXIll, 22.

— 157 T. Liv. XXIII, 23.

— 158 Lorenz, De dictatoribus Latinis et municipaUàlls, Grimnia, ISil ; comp. Ilonzen, Lettera al si Gei-easio, dans le BitUet.

pouvoir, le recours aux tribuns était ouvert, et l'accusation possible après la fin de la dictature.

Enfin, les textes mentionnent encore un dictator senatui legendo, c'est-à-dire chargé de lire la liste des sénateurs, en excluant les indignes, etc. Cette fonction, jadis remplie par les consuls, passa plus tard aux censeurs, fut déférée une fois dans un temps de désastre et en l'absence du dictateur belli gerendae causa, à un dictateur spécial ancien censeur, pour six mois et sans magister equitum. Il y avait là trois anomalies qui furent critiquées amèrement par le dictateur lui-même Fabius Buteo. En effet les précédents n'admettaient ni le concours de deux dictateurs, ni le défaut de magister equitum, ni la durée de six mois pour une dictature extraordinaire. Aussi abdiqua-t-il immédiatement après avoir accompli sa mission.

III. Plusieurs villes de l'ancienne confédération latine avaient à la place du collège des préteurs ou plus tard des II Viri Ou III Viri, des dictateurs à la tête de leur administration. Cette magistrature, qui originairement avait remplacé la royauté, s'est prolongée dans quelques villes jusqu'au temps des empereurs. Nous les trouvons à Lanuvium, à Aricia, à Nomentum, à Sutrium, colonie latine, enfin à Caere, ville qui de bonne heure fut attachée à Rome, et à Fabrateria Vetus. Il en est fait mention aussi pour Tusculum à une époque reculée.

Ces magistrats ne doivent pas être confondus avec le dictator Albanus. Ce dernier était investi d'un caractère sacerdotal comme le Rex à Rome, cette dignité avait été conservée après la destruction d'Albe en vue de certaines fonctions sacerdotales qui originairement ne pouvaient être remplies que par le premier magistrat d'Albe. Les vainqueurs, comme on sait, n'ont point détruit les sanctuaires d'Albe, mais les ont conservés et reconnus. On a essayé en s'appuyant sur ce fait et sur d'autres analogies dans les fonctions des prêteurs, d'attribuer un caractère sacré à tous les dictateurs municipaux. M. Henzen a démontré que cette opinion est insoutenable. Il ne s'est pas rangé non plus de l'avis de M. Mommsen, qui a supposé qu'en général les dictateurs ont été les premiers magistrats de la commune, mais qu'au contraire ceux de Nomentum et de Compitum ont été chargés de fonctions créées. Cette supposition s'appuie sur une seule inscription, dans laquelle la questure des alimenta suit la dictature, d'où M. Mommsen conclut que dans la série des magistratures la dictature n'était point la plus haute. Cette questure des alimenta n'était point comprise dans le cursus honorum, et par conséquent elle pouvait tantôt précéder, tantôt suivre la première magistrature. D'ailleurs l'inscription en question n'est pas de Compitum, mais de Lanuvium.

A Fidenae il y a même deux dictateurs au lieu d'un, mais ce fait doit être regardé comme une aberration d'un temps plus récent, car la dictature en elle-même exclut tout à fait l'idée d'un collègue.

Article de G. Humbert

dell. Inst. archeol. 1831, p. 186 et s. ; A7inaM859, p. 193.

— 160 Orelli, 3314, 3786 ; Henzen, 5157, 6086 ; Cic. Pro Mil. 10, 27 ; 17, 45 ; .scon. Jn MU. p. 32 Orelli.

— 161 Orelli, 1435. — 161 Orelli, 208 ; Henzen, 6138, 7032.

— 162 Henzen, Bull, de l’Inst. 1863, p. 247.

— 163 Orelli, 3787 ; Henzen, 5372.

— 164 Henzen, Bullet. 1803, p. 247.

— 165 T. Liv. Ill, 18 ; VI, 26 ; Cato. Orifj. fr. 53, éd. Peler (extr. de Priseien, IV, p. 12) et VII, p. 337 ; Spartian. Hadr. S.

— 166 Orelli, 2293 ; Henzen, Annal de VInst. 1839, p. 195.

— 167 Gervasio, Intorno ail’ ùisci^i ::. puteolana de luccei ecc. Napoli, 1857.

— 168 Môm. Ocscli. I, 316, éd. 2.

— 169 Orelli, 3321.

— 170 Orelli, 013S.

— 171 Comp. Henzen, Op. l. p. 201, n’ i ; et Orelli, III, p. 317, ad n* 3324.

— 172 Orelli, 112.

Bibliographie. J. Jensius, in Ferculo litter. Lugd. Listav. 1717, c. 8, p. 89 ;i 13U ; SuaUnins, Depot, dict. poji. roin. Lugd. Rai.