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reconstituer purement et simplement, tel qu’il était avant sa destruction, mais plutôt à le rétablir en votant les uns sur les autres, διαψηφίσασθαι περὶ αὑτῶν, c’est-à-dire à profiter de l’occasion pour réviser la liste des démotes et pour en éliminer les intrus. Cette διαψήφισις était complètement facultative, et il n’y a pas de motif sérieux pour la qualifier, avec M. Haussoullier[1], de διαψήφισις ἐξ ἀνάγκης. La proposition du démarque fut adoptée, et dix des membres du dème, environ un dixième du total, furent exclus. On peut croire que l’opération n’eut pas lieu avec une parfaite loyauté ; car neuf des exclus, qui avaient interjeté appel, obtinrent, par décision judiciaire, la réformation de la sentence des démotes : nouvel exemple de la partialité qui souvent présidait à de telles enquêtes. E. Caillemer.


  1. La vie municip. en Attique, p. 52 ; M. Haussoullier s’appuie sans doute sur ce que ces mots sont employés par Démosthène, C. Eubul. § 26, R. 1306 ; mais il en exagère la signification. — Bibliographie. M.-H.-E. Meier, De bonis damnat, Berlin, 1819, p. 77 à 94 ; H.-M. de Bruyn de Neve-Moll, De peregr. apud Athen. condit. Dordrecht, 1839, p. 49 à 56 ; J.-H. Schuurmans Stekhoven, De civium atticor. recogn. sive διαψηφίσει, Leyde, 1846, in-8o, 31 pages ; B. Haussoullier, La vie municipale en Attique, Paris, 1884, p. 34 à 53.

DIAPYLION (Διαπύλιον). — Nom sous lequel, d’après Hésychius[1], était désigné l’un des impôts perçus à Athènes. L’étymologie indique qu’il s’agit d’un impôt perçu aux portes de la ville. « Quum aliquid portis efferretur aut per eas inferretur (δια πυλῶν)[2]. » Comme rien ne nous autorise à croire qu’il y eut un péage exigé des personnes qui entraient dans Athènes, nous sommes enclin à établir un rapprochement entre le διαπύλιον et nos droits d’octroi.

Nous n’avons, pour nous renseigner sur le mode de perception de cet impôt, qu’une historiette mise sur la scène par le poète comique Leukon[3] ; mais elle nous prouve d’abord que, comme pour nos octrois, le tarif variait suivant la nature des objets importés, et, en second lieu, qu’il y avait à Athènes des fraudes analogues à celles que nos tribunaux essayent de réprimer. Un paysan, qui voulait introduire du miel dans la ville, imagina, pour ne payer que la taxe afférente aux céréales, de recouvrir d’orge les outres qui contenaient sa marchandise. Malheureusement pour lui, au moment où la fraude avait déjà réussi et où il était entré dans la ville, l’une qui portait le fardeau s’abattit. Les employés de l’octroi, voyant le paysan dans l’embarras, accoururent pour l’aider à relever son orge ; ils découvrirent la ruse et confisquèrent le miel.

Nous ne pouvons dire avec certitude si le droit d’octroi était distinct des droits de marché [agoraia télé], ou si, comme le disent quelques historiens, il se confondait avec eux[4]. Nous sommes cependant porté à croire que les deux droits étaient tout à fait indépendants l’un de l’autre. Les denrées importées directement de l’extérieur dans la demeure d’un particulier payaient seulement le διαπύλιον ; celles qui étaient portées sur le marché acquittaient tout à la fois le διαπύλιον et les ἀγοραῖα τέλη[5]. Les agents de perception, suivant toute vraisemblance, n’étaient pas les mêmes pour les deux droits. Il n’était pas non plus nécessaire de constater le payement du διαπύλιον par la délivrance de tickets analogues à ceux que l’on remettait aux débiteurs des ἀγοραῖα τέλη et dont quelques-uns sont arrivés jusqu’à nous[6].

On trouve encore, à l’entrée de plusieurs cités anciennes, de petits postes, qui ne pouvaient pas servir à la défense militaire, et qui étaient probablement destinés à abriter les percepteurs du διαπύλιον[7].

L’auteur des Économiques attribués à Aristote[8] parle d’un autre διαπύλιον, qui fut perçu par un lieutenant de Mausole nommé Kondalos. Quand un soldat était mort et que son cadavre était transporté de la ville au lieu de sépulture, une drachme devait être payée à Kondalos au moment où le convoi traversait la porte de la ville. Cette taxe, dit le Pseudo-Aristote, avait le double avantage de procurer à Kondalos une ressource financière et de le renseigner sur les décès des soldats, ce qui empêchait les officiers de dissimuler les vides existant dans leurs corps de troupes. Le διαπύλιον n’est plus ici un droit d’octroi ; c’est bien réellement un péage. E. Caillemer.


  1. S. v. Διαπυλιῶν, édition Alberti, p. 963 et note 3.
  2. Voir Hesych., loco citato.
  3. Zenobius, Prov. I, 74.
  4. Boeckh, Staatshaus. der Athen. 3e édition, p. 394 ; Büchsenschütz, Besitz und Erwerb., p. 557. G. Gilbert, Handbuch der Staatsalterth. I, p. 334.
  5. Voir supra, t. I, p. 155.
  6. Voir Benndorf, Beitraege zur Kenntniss des attischen Theaters, p. 50 ; cf. Bulletin de correspondance heilénique, VIII, pl. 1, nos 23-26.
  7. E. Curtius. Der Wegebau bel den Griechen, 1855, p. 62.
  8. II, 2, 14, édition Didot, 1, p. 643.

DIARIUM. — I. Journal tenu par un personnage, une famille, une administration, un collège [commentarius].

II. Ration journalière des esclaves [servus] ; des soldats [cibaria militum, stipendium].


DIASIA (Διάσια). — C’est une des plus anciennes fêtes grecques de l’Attique. Elle eut dans l’origine beaucoup d’importance[1], mais le développement du culte de Dionysos, des grandes fêtes des Lénéennes et des Anthestéries, placées à une époque voisine, contribua certainement à en diminuer le prestige à l’époque classique. Elle avait lieu le 23 du mois Anthestérion (14 mars) et était célébrée en l’honneur de Zeus Meilichios[2] [meilichios] ; les sacrifices offerts à cette divinité, qui avait un caractère chthonien et mystérieux, se faisaient après le soleil couché et même pendant la nuit[3].

Ces cérémonies avaient leur place dans le culte public et privé. La fête publique comptait au nombre des πάτριοι θυσίαι[4]. L’archonte roi accomplissait le sacrifice, probablement sur l’autel commun d’Hestia (ἐπὶ τῆς κοινῆς ἑστίας) placé dans le Prytaneion[5]. On sait que chaque maison particulière de quelque importance avait aussi son autel d’Hestia [ara, domus] et c’est là que le chef de la famille devait procéder aux cérémonies du même genre en l’honneur de Zeus Meilichios[6]. Le sacrifice public était suivi de cérémonies religieuses auxquelles toute la population de l’Attique était conviée et qui, d’après un texte de Thucydide qu’on a malheureusement des raisons de croire interpolé, avaient lieu en dehors de la ville (ἔξω τῆς πόλεως)[7]. On présume que l’emplacement choisi était le bord de l’Ilissus, à proximité du temple de Jupiter Olympien[8].

Quel était le caractère de ces cérémonies ? Thucydide dit que tous les assistants n’offraient pas des sacrifices ἱερεῖα, mais des θύματα ἐπιχώρια[9]. Le scholiaste explique ἱερεῖα par πρόβατα, c’est-à-dire des bestiaux de tout genre et plus spécialement des moutons ou des brebis[10].

  1. Thucyd. I, 126 : Διάσια, ἂ καλεῖται Διὸς ἕορτὴ Μελιχίου μεγίστη. Voy. toute l’histoire de Cylon dans ce chapitre de Thucydide. Cf. Schol. Aristoph. Equit. 443.
  2. Schol. Aristoph. Nub. 407. M. Oskar Band, Die attischen Diasien, p. 10, croit pouvoir en fixer l’époque avec plus de précision encore, du coucher du soleil du 13 mars à celui du 14. M. A. Mommsen (Heortologie, p. 19 et 379) pense qu’à l’époque la plus ancienne, les Diasia étaient fixées à une autre date dans le mois Anthestérion.
  3. Paus. X, 33, 4.
  4. Band. l. c. p. 10.
  5. Plutarch. Quaest. conviv. VI, 8, 1. Cf. Hauvette-Besnault, De archonte rege, p. 65.
  6. Aristoph. Nub. 407.
  7. Thucyd. I, 126. Cf. Mommsen, op. l. p. 384-385 ; O. Band. op. l. p. 4 ; M. Mommsen, op. l. p. 381, pense que la mention ἔξω τῆς πόλεως se rapporte à une époque postérieure à Cylon.
  8. Mommsen, op. l. p. 379-380 ; O. Band, Op. l. p. 11.
  9. Thucyd. l. c.
  10. Schol. Thucyd. eod. loc.