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M. Curtius. Suivant l’historien de la Gréce, les Dactyle sont des génies souterrains de l’Ida phrygien, instruits par Cybèle à l’exploitation des riches filons 16 [1]. L. DE RONCHAUD.

DACTYLIOTHECA, Δακτυλιοθήκη. Baguier, écrin où l’on serrait les bagues. Bien que le mot latin soit emprunté directement à la langue grecque, au dire de Pline 1 [2], nous ne trouvons ce terme dans aucun des auteurs grecs de l’époque classique ni mème chez les lexicographes des temps suivants 2 [3]. Au contraire, sans être fréquent, il est à plusieurs reprises employé par les auteurs latins. Nous savons même à quelle date il entra dans la langue. Seaurus, beau-fils de Sylla, fut le premier à introduire l’usage de ces écrins à Rome 3 [4] ; Jules César en consacra plusieurs dans le temple de Vénus Génitrix ; Marcellus, fils d’Octavie, dans celui d’Apollon 4 [5]. Martial en parle 5 [6] comme d’un objet indispensable aux jeunes élégants de Romes qui portaient plusieurs bagues aux doigts [ANULUS]. Les textes de jurisprudence, qui traitent des legs, examinent la question de savoir si le légataire, à qui le défunt a laissé ses bijoux, a aussi droit à la dactyliotheca 6 [7].

Il y avait sans doute des baguiers de formes diverses, Minervini a cru en reconnaître un exemplaire dans un petit ustensile de bronze, trouvé à Telese, en Italie (fig. 2274) 7 [8] : il se compose d’une longue tige portée sur trois pieds et d’un anneau ouvert qui est muni en dessous d’une sorte de crémaillère. On assure que les deux objets étaient réunis et l’anneau en place, au moment de la découverte. Après avoir introduit l’ann eau dans le haut de la tige, on le fait descendre jusqu’à mi-hauteur où la crémaillère bute contre une saillie ronde ; la tige s’insère entre les dents de la crémaillère qui s’y fixe solidement, en maintenant l’anneau supérieur dans une position horizontale : par l’ouverture ménagée dans cet anneau on pouvait enfiler les bagues et les suspendre. Cette forme correspond à peu près à. celle de certains baguiers encore en usage aujourd’hui.

Fig. 2274. – Baguier.

A Pompéi on a trouvé une petite boite ronde d’ivoire, dont le couvercle est surmonté d’une tige haute et qui a servi peut-être au même usage (fig. 2275) 8 [9] : la boîte pouvait contenir les bijoux dont on ne se servait pas journellement et dans la tige on enfilait les bagues dont on se débarrassait momentanément pour la nuit ou pour faire sa

Fig. 2275.

Toilette 9 [10]. Le terme θήκη, qui désigne d’une façon très générale toute espèce de contenant, convient également à ces deux formes différentes. E. POTTIER.

DACTYLOTON. — Nnus n’av.ms pas d’autre rensei- gnement sur ce vase qu’une description d’Epigénès, rap- portée par .Mliénée’ : « C’est un vase à deux anses (âa-uo- Tov îtof/ipiov) où, dechaque coté, était marquée la place sur laquelle les doigts s’implantaient (eU 3 oTov tstoù; (î:ty.T’J^--u; oiEÎçEtv Éy-ïTiçwOEv). Suivant d’autres, c’étaient des reliefs qui étaient disposés tout autour, semblables à des doigts, ou bien de simples saillies, comme sur les vases de Sidon ; d’autres enfin y voient un vase uni. » E. Pottier.

DADUCHUS, Aaîoôpi;. — 1. Le daduque était le second personnage dans la hiérarchie sacerdotale d’Eleusis. Son nom vient de l’attribut caractéristique qui le distinguait des autres ministres de Déméter. AaSoû/o; signifie, en effet, un porte-flambeau et, avant de désigner une fonction reli- gieuse, avait un sens beaucoup plus général ’. Dans l’exer- cice solennel de son ministère le daduque portait donc les flambeaux de Gérés. Nous savons aussi que, comme l’hié- rophante et les autres prêtres du culte éleusinien, il était revêtu d’une robe de pourpre - et avait la tète ceinte d’une couronne de myrte’; de plus, même en dehors des céré- monies religieuses, il portait ce diadème, qui, à Mara- thon, fit prendre Callias pour un roi par les Perses*. Sur le fameux vase d’Iacchus découvert à Panticapée et con- servé à Saint-Pétersbourg, au Musée de l’Ermitage^, on voit Eumolpe faisantl’office de daduque auprès de Déméter et de Coré. Cette figure, que nous reproduisons (fig. 2276) explique d’une manière pré- cise la coifTure caraclérisli- que de cette fonction sacerdo- tale et aussi la manière dont le daduque portait le? flam- beaux; mais nous croyons qu’il ne faut pas la prendre à la lettre pour le reste du costume. On sait positivement par d’autres sources que les ministres supérieurs d’Eleu- sis portaient la stola ou robe longue^; il est donc probable que sur le vase la tunique courte aux riches broderies et les endromides ont été données à Eumolpe en imitation du costume thrace et pour rappeler son origine [eleusuni.v]. On manque presque absolument de notions sur le rôle du daduque dans la célébration des mystères et dans les grandes solennités du culte ’. Suidas le fait prier avec l’hiérophante pour le salut du sénat et du peuple ’. Por- phyre, cité par Eusèbe ’, raconte que dans le drame d’une des nuits sacrées des initiations [eleusinia, sect. vu], le daduque faisait le personnage du Soleil, comme l’épibome celui de la Lune, l’hiérocéryx celui d’Hermès, et l’hiéro- phante celui du Démiurge. Enfin fîésychius et Suidas ’" disent que, dans les purifications qui précédaient les mys- tères, c’était le daduque qui plaçait sous les pieds des DACTYLOTON. 1 Atlieil. XI, p. 46S c. DAIITJCIIUS. < Eustath. In Iliad. A. p. 104. — 2 Lysias. Andocid. p. 107; Plut. Ari.llid. b. — 3 Schol. ad Soph. Œdip. Col. . 673. — 4 Plut. Aristid. 5. — 3 Compte rendu de la Commiss. Imp. d’archéulogie de Saint-Pétersbourg pour 1859, pi. I!; GeriKu’d, Ueber den Bilderkreis von Eleusis, premier mémoire, pi. dans les Mém. de l’Académie de Berlin pour 1862. — 6 Hermann, Griech. Alterth. § 53, 21. — 1 Meursius, Eleusinia, chap. xit ; Sainte-Croix, Ree/i. sur les mi/sléres, 2’ éd. t. I, p. 223 ; Guigniaut, Hetig. de l’antiquité, t. III, part. III, p. 1 162 ; F. Le- normant, Beeh. arch. à Eleusis, p. 131. -- S Suid. s. v. ioioj/.E-r. — 9 Praep. ei’anij. ,12. — lOS. V. i,i>; Viiîiov. . — Daduque.

  1. 16. Hist grecque, trad. franç. t.I, p. 88. Voy. aussi Fréret, Hist. de l’Acad. des Inscr. t. XXXIII, Loberk, Aglaophamus, III, c. III, De Idalis Dactylis ; Welcker, Griech. Götterlehre, II, 240 ; Roscher, Lexicon der röm. und gr. Mythologia, s. v.
  2. DACTYLIOTHECA. 1. Plin. Hist. nat. XXXVII, 1 (5).
  3. 2 La seule mention s’en trouve dans un ancien Glossarium gr. lat. s. v. Δακτυλιοθήκη, Anularius (Notices et extraits des manuscrits de la Biblioth. nat., t. XXIX, p. 71).
  4. 3. Plin. l. c.
  5. 4. Id.
  6. 5. Epigr. XI, 59 ; XIV, 123.
  7. 6. Digest. XXXII, I. 52, § 8 ; ibid. I. 53.
  8. 7. Annali dell’lnst. di Roma, 1842, p. 83-86, pl. 6, nos 7 et 8.
  9. 8. Museo Borbonico, IX, pl. XIV, 8 ; Overbeck, Pompeji, 4e éd. p. 453, fig. 252 h, y voit une simple boîte à pommade ou à onguent.
  10. 9 Cf, Martial. Epigr. XI, 59.