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été de chercher les captifs, de hmr rendre hi liberté, soit en puisant dans ma bourse pour la dépense, soit en priant Philippe d’employer au rachat de ces malheureux les présents d’hospitalité qu’il nous offrait. » Philippe se décide à renvoyer ces prisonniers sans rançon. Quelques- uns s’étaient déjà rachetés en se faisant prêter de l’argent, par Démosthène en particulier. « Je réunis ceux à qui j’avais prêté des fonds, je leur rappelai ce que j’avais fait; et, pour que ces pauvres gens n’eus- sent pas à se repentir de s’être trop pressés en se rachetant à leurs frais, quand les autres allaient être mis en liberté par Philippe, je leur fis don des sommes exigées pour le rachat. » Il est vrai qu’Eschine conteste ce récit : « Démosthène, dit-il’, savait que Philippe n’a jamais exigé de rançon des prisonniers athé- niens ; il avait entendu les amis de Philippe dire qu’à la paix tous les prisonniers seraient renvoyés ; lui arrivait, montrant avec ostentation un talent, somme à peine nécessaire pour racheter un prisonnier d’une fortune peu élevée. » Dans les plaidoyers, comme on se faisait gloire des liturgies qu’on avait acquittées, on se plaisait aussi à rappeler qu’on avait payé des rançons de prisonniers. <i Mon père, dit un orateur, sans parler de nombreuses liturgies, a doté des filles et des sœurs de citoyens pauvres ; il a racheté des prisonniers faits à la guerre ^. » Les historiens signalent ce trait de bonté chez Épami- nondas’, chez Philopémen*. Nous possédons de nom- breux décrets accordant des récompenses à ces libérateurs généreux. L’homme d’État Androtion, l’ennemi de Démosthène, reçoit des habitants d’Ârcésina, dans l’île d’Amorgos, une couronne d’or de 500 drachmes avec le titre de proxène et de bienfaiteur, parce que, étant gouverneur, entre autres services qu’il avait rendus à la cité, il avait racheté des habitants faits prisonniers °. Nous possédons deux décrets de proxénie, rendus sur la

Acscli. De fais. lerj. 100. — 2 Lys. XIX, 59 ; cf. encore Lys. XII, 20 ; Is,t. V, 

M ; VU, 8 ; Hyper, f. 70 de Blass ; Dcm. VIII, 70 ; XVIII, 268 ; XIX, 169, 170, 229 ; XX, «; XXV, 80 ; Aristot. Rhetor. II, 2i, p. 1401 a, 10. — 3 Corn. Nepos, Epam. 3.-4 Plul. PIMop. 4. — 5 Bull, de corr. hell. XII, 224; Diticnb. .Syll. 112; Michel, liée. Zll. — <> Corp. inscr. att. II, 193 ; le décret ajoulc (juc le personnage a rapalrié les captirs à ses frais. — 7 Ibid. 194 ; même observation pour !c rapatrie- ment des captifs. — 8 Ibid. II, 314 ; Dittenb. Sijll. 197 ; Michel, 120. — 5 Corp. inscr. ait. IV, 2, p. 48 ; sur ce Cléomis, cf. Isocr. Episl. VII, S. — 10 Diltcnb. .Vi///. 255 ; proposition de Démade, en faveur de personnages qui avaient délivré des prisonniers, les uns qui se trouvaient en Crète S les autres qui servaient comme mercenaires dans l’armée de Darius, et qui avaient été pris à la bataille du Granique’. Un service analogue fut rendu par Philippidès, du dême de Céphalé, ami du roi Lysi- maque, aux Athéniens faits prisonniers à la bataille d’Ipsus*. Cléomis de Méthymne reçut aussi le titre de proxène et de bienfaiteur pour avoir racheté des Athéniens pris par les pirates ’. La ville d’Aegialé, dans l’ile d’Amorgos, est surprise par des pirates, qui commettent de nombreux ravages et emmènent plus de trente femmes, jeunes filles, citoyens; deux des prisonniers, Hégésippe et Antipappos, parviennent à obtenir la liberté des captifs en s’offrant comme otages, jusqu’à ce que les rançons soient payées ; le peuple leur vote une couronne de lierre, parce que les captifs ont tous été sauvés sans avoir à subir rien d’indigne’". Les acteurs, qui à l’époque de Démosthène jouent un rôle important dans les relations internationales, qui sont souvent choisis pour faire partie des ambassades, ont ainsi l’occasion d’intercéder auprès du vainqueur en faveur des prisonniers. On connaît l’histoire de l’acteur Satyros obtenant de Philippe la liberté sans rançon des filles de son hôte Apollophane de Pydna qui avaient été prises dans Olynthe". Nous avons vu que le père de cet Athénien, nommé Euxithée, pour lequel Démosthène composa un discours contre Euboulide, avait été pris pendant la guerre de Décélie et qu’il avait été racheté par le comédien Cléandre’-. Dans rénumération de ces actes de générosité, il faut citer le trait d’une affranchie, qui rachète son ancienne maîtresse, prise par des pirates, et qui, en récompense, est délivrée de l’obligation qui lui était imposée, par l’acte d’affranchissement, de rester auprès de sa maîtresse". Albert Martin. Michel, 384. Parmi les autres décrets analogues, nous citerons : Dittenl>ergcr, 244 — Michel, 410 {280 habitants d’Aulonia, pris par les Étoliens et rachetés) ; Corp. inscr. att. II, 143 (des prisonniers rachetés en Sicile et rapatriés) ; Inscr. gr. insut. maris Aef/aei, Fasc. 2, no 15 (inscr. de Mytilônc) ; Ditleuh. Syll. 921, inscr. de Théra : un décret de Mycène, relatif à des prisonniers faits par Nabis, tyran do Sparte, et l’achetés, cf. Michel, Bec. 173 ; un autre décret analogue des Trézéniens, Bull, de curr. hell. t. XVII, p. 108-109. — n Dom. De fais. leij. 194; Aescb. De fais. leij. 150 ; Diod. XVI, 33. — 12 Dem. LVll, C. Euliul. IS. — i:l Dittenb. Syll. 803.