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IMA — 41 i — IMA iniisque à cliaque inslanl le suiïrago du peuple, en por- tant un plébéien à une magislralure curule, le faisait entrer dans celte aristocratie en qualité d’« homme nou- veau. » Le ])lébéien devenait noble et transmettait héré- ditairement sa noblesse àses descendants. De là l’impor- tance du jus imafjimim : il anoblissait. Cet usage des masques de cire, que nous avons trouvé établi dès les premiers temps de Rome, dura jusqu’à la lin de l’Empire. Pline prétend toutefois’ qu’il avait cessé à son époque et qu’il était remplacé par les cUpcalae imagines ou niédaillons de bronze et d’argent suspendus dans l’atrium des maisons. Mais, selon Raoul-Rochette % l’expression ima/jinum pirlura, dont se sert l’auteur latin, doit s’entendre des portraits d’ancêtres peints sur pan- neaux de bois, qui décoraient aussi les airia, et non des imagos en cire. En effet, il est encore question de celles ci en l’an 276 de notre ère ^ et nous voyons (ce qui prouve en quel honneur on continue de les tenir) les empereurs et les grands personnages chercher toujours à se ratta- cher à quelque nom de l’histoire primitive ou de l’his- toire républicaine . Les empereurs. — Un privilège des empereurs était qu’on pût. de leur vivant même, placer leur image dans tous les lieux qui s’y prêtaient. On n’y manquait point. Ces images étaient surtout des statues, genre de portraits de dimensions plus imposantes, de matière plus luxueuse et plus durable qu’une peinture sur toile ou sur bois. Auguste nous apprend dans l’inscription d’Âneyre que quatre-vingts statues d’argent lui avaient été dressées à Rome, le représentant en pied, sur un quadrige ou à cheval ". Les statues d’or devaient être en nombre à peu près équivalent. Ajoutez celles de bronze, de marbre ou de quelque autre matière. Ajoutez celles qui, en dehors de Rome, se trouvaient dans toutes les villes de l’Iimpire. et non seulement sur les places et dans les monuments publics, mais dans les maisons et les villas des citoyens riches ou simplement aisés. C’est par centaines à Rome, par milliers et par myriades dans les provinces, qu’il faudrait donc les compter, afin de ne pas rester au-dessous de la vérité. Pour les empereurs suivant ?, la servilité publique compensait la brièveté ordinaire du règne par la hâte avec laquelle elle prodi- guait les témoignages d’adulation. Un Domitien pouvait non seulement remplir le Capitole et Rome de ses statues et de ses bustes d’or ou d’argent", mais, suivant l’expres- sion de Dion Cassius’, couvrir tout l’empire de ses monuments. Hadrien se fit élever encore plus de statues. .Xthènes lui avait voué une vénération particulière, et l’on sait qu’elle se connaissait en flatteries : elle avait élevé autrefois plus de trois cents statues au seul Déiné- Irios de Phalère* ; elle ne dut pas faire moins pour Hadrien qui l’avait comblée de plus de bienfaits. Dès qu’un empereur était nommé, on envoyait dans les provinces son image couronnée de lauriers, et le peuple venait la recevoir solennellement, en procession, avec de l’encens’. Les gouverneurs se chargeaient aussi de la faire placer dans tous les édifices et lieux publics. Les corporations enfin et les particuliers rivalisaient I Plin. yat. IIM. XXXV, 4.-2 Rioul-Roclicllc, Pemt.nnt. in’.il. p. 337-338. — 3 Hisl. Aug. Florian. 19,6), C. — ’ M. Oord. 1res, î, i ; Sid. Apoll. Ep. 1, 9 ; Macrol). SaturnA.G, 26. — î> Sur les statues d’Aiiguslc, voir Hiibiier, l""*» Programme p.iur la fêle du Wmckelmann, 1868, p. 7. — p|iu. Panegyr. ïiî. — 7 Dio, LXVII, 8.-8 Strab. I. 9, 20. — ’ Friedlnnder, Sllleng^-schichle, Irad. Vo.gcl, 111, p. i3S. d’empressement pour l’avoir. Elle était l’objet d’un véri- table culte. En son honneur on apportait des otVrandes, on célébrait des sacrifices ’". Ne pas l’adorer, fût-ce par inadvertance, frapper un esclave ou changer même lU : vêtements en sa présence", était une offense à l’empe- reur, un crime de lèse-majesté. Bien des fois les chrétiens provoquèrent ou redoublèrent contre eux-mêmes les persécutions en refusant de se soumettre à ce culte. Les images étaient introduites dans le prétoire pour y rece- voir les adorations ". A une date qu’il n’est pas possible de préciser, elles y furent installées en permanence, soit, comme on le voit dans les figures qui accompagnent la A’olilia dignilalum, dressées sur une table drapée, suit placées au sommet d’un de ces supports à trois pieds figurés aussi dans la Nolitia parmi les insignes des plus d M^ Fijj. 3980. — images imi>criales, insignes des magislratures. hautes magistratures "(fig. 3080 . Cet usage .’pparjit très nettement sur le diptyque de Probianus et se trouve ainsi attesté pour le iv" siècle [diptyculs, fig. 24o9j. Dans une miniature du vi°, où est représenté le prétoire, les bustes des deux souverains régnants sont brodés sur la draperie qui enveloppe l’estrade du magistrat, et ces bustes sont répétés sur des tableaux portés der- rière lui, au bout de lon- gues hampes, par des ap- pariteurs’* (fig. 30S1). On plaçait les images des empereurs sur les sceptres des consuls (fig. 1910), et , comme on l’a vu plus haut, sur une foule d’objets mobiliers. Mais survenait-il un change- mentderègne : avec la même ardeur qu’on avait apportée à ériger les statues en tous lieux, on s’acharnait à le* démolir. On se vengeait de la contrainte d’une longue adoration par l’outrage et la destruction. Domitien fut peut-être le plus maltraité après sa mon, mais non le seul sur lequel se déchaîna la fureur populaire. Dès le règne de Tibère, avec Séjan, devenu l’égal de l’empereur. — 10 Plin. Panegyr. 3i. — " Suet. Tibfr. :.s. — 12 Plin. rCp. X, «7. — 13 .Vo(i7. diga. Or. III, T, VT, etc. ; Occ. 11, iv, elc . ; iàil. Bûcking, I, p. 12 ; cf. Durui , l/hl. des Ho- iiKlins, Vil. p. 162, 106, 168,201 ; Vl,p.50G. — H Ecaiigel. Coder grai-cus Jlossniie’isi’. Leipz. 1880 ; voy. l.e Blant, Jlev. archéol. 1889, p. 2ï, et les textes de Cassi«d. Var. VI. 20, et des Acia marlyrum, cités par lui. — 15 Plin. Atin. 52 ; Suet. Vomilian, ^- Fig. 3981. — Images di>s eiiip3rcjrs dans le prétoire.