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ARIA 1164 les synodes du xiie siècle, — le besoin commença à se faire sentir d’une forme de demande qui convertirait la salutation en prière. De telles additions semblent souvent avoir été faites par initiative privée. Ainsi dans la paraphrase en vers de l’Ave Maria, attribuée faussement à Dante, mais appartenant à son époque, nous trouvons ajoutée cette conclusion : O Vergin benedette, sempre tu Ora per noi a Dio, che ci perdoni, E diaci grazia a viver si quaggib, Che’l paradiso al nostro fin ci doni, Ainsi avant 1440 saint Bernardin de Sienne dans un sermon où il répète l’Ave, dit après la clause bene- dictus fructus ventris tui : « Et je ne peux m’em- pêcher d’ajouter : Sancta Maria ora pro nobis peccato- ribus (Sancti Bernardini Opera, 1845, IV, 226, 227) Dans le petit traité de Savonarole sur l’Ave Maria (c. 1492), dans le Compost et Calendrier des Bergiers (1493) et dans le Bréviaire de Sarum de 1531, nous avons le texte entier à peu près comme celui d’aujour- d’hui. On dit que le nom de Jésus a été ajouté par le pape Urbain IV (c. 1263). 11. — L’ « ANGELUS ». — Quant au triple Ave Maria récité au matin, à midi et au soir, qui est familier à tous sous le nom d’Angelus, nous sommes en face d’un problème difficile, bien compliqué par de mul- tiples différences dans l’usage local. Parlant en général on peut donner trois explications plausibles. La pratique d’une sorte d’Angelus du soir sonné par une cloche (souvent réservée à cet emploi) peut, en certains pays, surtout en Allemagne, être fixée au début du xtu° siècle. Quelques-uns donnent comme origine l’usage de sonner une cloche de couvre-feu (ignitegium), institution séculière datant du xi° où x11° siècle. D’autres remontent jusqu’à la « trina oratio », une des pieuses inventions de la ferveur monastique à une période antérieure. On a aussi fait appel à une ordonnance supposée du pape Grégoire IX, on insisté sur un usage franciscain (dont on retrouve la trace chez Benoïit Sinigardi d’Arezzo en 1250) de son- ner une cloche après Complies pour appeler le peuple au chant d’une antienne, vraisemblablement accompagnée d’Ave. Mais aucune de ces conjectures n’éclaircit la question. Nous pouvons, cependant, affirmer avec plus d’assu- rance que la récitation de ces Ave du soir au son d’une cloche, de quelque manière que cette coutume ait été introduite, était comprise communément comme une prière pour la paix. Ceci est suggéré par l’expression allemande « pro pace schlagen » (sonner pour la paix) et par un grand nombre d’inscriptions sur les cloches, telles que : « O Rex gloriae veni cum Pace » ou simplement le nom « Sauveterre » ou « Sal- vatierra ». Nous savons aussi que le pape Jean XXII en 1318 approuva définitivement et indulgencia la pratique de dire trois Ave le soir au son de la cloche. L’Angelus du matin fut apparemment introduit à une date plus tardive, mais la sonnerie matinale est clairement indiquée dans la chronique de la cité de Parme, pour Jan 1318. L’Angelus de midi tira probablement son origine de la coutume d’honorer la Passion de Notre- Seigneur en sonnant une cloche à midi le vendredi. Cet usage fut définitivement associé à des prières