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SOUD’OUVRER
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siesme journee fus surpris par les soldats, qui me menerent d’Affrique en ceste ville à mon maistre, lequel soudain me condamna à mort. Montaigne, II, 142 (II, 204).

Soudain que. Aussitôt que. — Soubdain qu’il fut né, ne cria comme les aultres enfans, mies, mies. Rabelais, I, 6. — Tout subdain qu’ung personnage tombe en quelque infortune et calamité, on presume plustost cela venir de sa faulte que par la meschanceté d’aultruy. Dozer, Sec. Enfer, p. 1 (G., Compl.).

Soudant (?). — [Gymnaste] se guinda entre les deux aureilles du cheval, soudant tout le corps en l’air sus le poulce de la senestre. Rabelais, I, 35.

Soudard. Soldat. — Soubz tes fiers estandars Meine Boucal mille puissans souldars. Marot, Epistres, 3. — Au departir remercia gratieusement tous les soubdars de ses legions. Rabelais, I, 51. — Jadis on souloyt en guerre au jour de bataille ou assault promettre aux soubdars double paye. IV, 8. — Ainsi Achille, apres avoir par terre Tant fait mourir de soudars en la guerre, Son luth doré prenoit entre ses mains. Ronsard, Am. de Cassandre, El. à Cassandre (I, 112). — Est-ce point le dieu Mars, Quand il revient chargé du butin des soldars Tuez à la bataille ? id., Am. de Marie (I, 155). — Mars n’eust empoisonné d’une eternelle envie Le cœur de l’Espaignol et du François soldart. Du Bellay, Regrets, 95. — Minutius… alloit gaignant la bonne grace des soudards par une furieuse ardeur de vouloir combatre qu’il leur imprimoit. Amyot, Fabius, 5. — Timoleon estoit comme privé soudard entre les gens de pied. id., Timoléon, 4. — Car je ne veux icy, non, non, tenir la place D’un prince seulement, mais d’un simple soldart Couché tout le premier sur le front du rempart. Ronsard, Poemes, Har. du duc de Guise (V, 29). — Les soldars sur la terre sommeillent De la guerre lassez, id., Elegies, 9 (IV, 61). — Et le payen avoit dessoubs ses estandars Plus de peuples divers que l’Hebrieu de soldars. Du Bartas, Judith, III, p. 373. — Le grand Lorrain luy mesme amenant ses souldarts Qu’il avoit assemblez braves de toutes pars. Baïf, Poemes, l. III (II, 149). — Là, la gloire, crespant en sa dextre un grand dard, Ne marche point en vierge, ains en brave soldart. Du Bartas, 2e Sem. Magnificence, p. 370. — Le brave cavalier, le resolu soldart Ne peut vivre enfermé dedans un boulevart. Montchrestien, Hector, II, p. 25. — Tout cede, tout fait place à nos braves soldarts. id., Cartaginoise, IV, p. 142. — On a veu… Ta maison et tes biens saccagez des soldars. Regnier, Disc. au Roy. — (Fig.). Puis Ferme Amour, après le mien salut, Tel me trouva, que de son gré voulut Me retirer dessoubz ses estendars, Dont je me tins de tous povres souldars Le plus heureux. Marot, Temple de Cupido (I, 24). — En mon jeune avril d’Amour je fu soudart, Et vaillant guerrier portay son estendart. Ronsard, Odes, V, 35. — Rien ne vous ont servy Diane ny ses ars Qu’Amour ne vous enroolle au ranc de ses soldars. id., Elegie à Eurymedon (I, 240).

(Fém.). Soldarde. — Pour montrer la grandeur de ma muse soldarde. Papillon, Tomb. (G., Compl.).

À la soldarde. En soldat. — Beaulart, il fait bon voir ce brave aventurier Qui vit au loin du cam tousjours à la soldarde. Vauquelin, Div. Sonets, 18.

Soudardaille, mot collectif. Soldats. — Pour pratiquer si souvent la gendarmerie et soudardaille, elle se laissa fort aller à son honneur. Brantôme, Dames, part. II (IX, 433).

Soudat, v. Soldat.

Soude. Solde. — Ilz se trouverent avoir à leur soude plus de trois cents mille combattans. Amyor, tr. Diodore, XI, 4. — Le roy d’Ægypte… feit grand amas de gens de guerre estrangers pour la grande soude qu’il leur offroit. XV, 8 — La Sicile ne servoit plus que de fournir vivres et soude aux autres conquestes qu’il imaginoit. id., Alcibiade, 17. — [Lysandre] donna aux mariniers quatre oboles de soude ordinaire par jour. 35. — Ilz avoyent tous deux bon nombre de soudards estrangers à leur soulde, id., Philopémen, 10. — Ilz estoyent contraincts de payer la soude aux Macedoniens. id., Aratus, 45. — Il commanda que lon gardast aux fers les prisonniers d’Athenes, d’autant qu’aiants moien de vivre du public de leur ville, ils alloient neantmoins à la soude des barbares. id., Dicts des roys, Alexandre, 22. — Amour… est d’une si douce clemence qu’aprés avoir eu à sa soude dès la jeunesse un bon et loyal serviteur, quand il le cognoist venir à plus grande maturité… il luy donne quelque relasche. Pasquier, Monophile, 1. I (If, 745). — Ayant fait sejour Long temps en vain sous la charge d’Amour, Ayant porté longuement son enseigne, Tenu sous luy Pamoureuse campaigne, Receu sa soude, et long temps travaillé. Ronsard, El. 22 (IV, 126).

Service militaire. — A ceulx qui avoyent exercité la soulde par temps suffisant, promist les recompenser entierement. Deroziers, tr. Dion Cassius, 1. XLIT, ch. 41 (77 ro). — Les autres se resjouyrent… et si voulurent tous aller à la soulde avec luy (77 vo).

Troupe de soldats. — Le signe dont le capitaine use pour recevoir ses gendarmes en sa bende et soulde. Calvin, Instit., X, p. 573.

Soudepoudre, bête imaginaire. — Le dit roy avoit une beste merveilleuse appellée la soudepoudre, laquelle faisoit de sa matière les gros lingos d’or dont le roy estoit enrichy. Nic. de Troyes, 10.

Souder. Payer une solde à. — Pour raison de quoy soulderent trois cens combatans de cheval et certain nombre darchiers. Seyssel, tr. Thucydide, IV, 7 (128 vo).

N’avoir que souder avec. N’avoir rien à faire avec, rien de commun avec. — Les Atheniens envoierent en Egine redemander les statues. Les Eginetes respondirent qu’ilz n’avoient que faire ne que soulder avec eux. Saliat, tr. Hérodote, V, 84. — Plusieurs d’entre eux n’ont que faire ni que souder avec ceste madame qui s’appelle La raison. Estienne, Dialogues, II, 248. — Je veux que le long de l’année autre que moy n’ait que soulder avec elle. Lanrivey, Tromperies, I, 1.

Soudiaconie. Sous-diaconat. — Restent les trois ordres qu’ils appellent grandes, desquelles la soudiaconie, comme ils disent, a esté translatée en ce nombre et degré, depuis que ceste multitude des petites est venue en avant. Calvin, Instit., LV, xix, 28.

Soudiacre, v. Diacre.

Soud’ouvrer. Celui qui est soûl d’ouvrer, las de travailler. — La paresse d’un soud’ouvrer seroit punie en la prison, estant fouetté par cinq