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PHYSICIEN
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ment. — Prenez… ces deux, blanc et noir. Car ilz sont contraires physicalement. Rabelais, I, 10. — Qui est qualité competente, pour en vin non en vain ains plus que physicalement philosopher. III, Prologue.

Physicien. Celui qui étudie les choses de la nature. — Et ny pouvoient congnoistre medecins ny phisiciens si ma vie errante ou estaincte pourroient retourner en son lieu. Anon., tr. Flammette, ch. vi, 74 ro. — Comme se fut-il demeslé des arguments d’un medecin bon physicien, qui luy eust monstré par raisons naturelles que tous sourds de naissance sont muets. Fauchet, Langue, I, 1. — Je ne veux oublier… ce que me dist ce phisicien medecin… lequel m’asseura que si on frotte le bout de l’arquebuse d’un oignon, et la corde de l’are avec du lard, que jamais le plomb ny la fleche n’iront droit. G. Bouchet, 25e Seree (IV, 146).

Médecin, homme expert en médecine. — Le phisicien fait ses ongnemens pour apenseement guarir son patient. Fabri, Rhetor., l. I, p. 15. — Phisitiens pour reconfort Au debile jusques à mort L’ordonnent. Anc. Poésies, XIII, 75. — A qui le maistre phisicien dist : Ma femme, tu as peut estre pensé que ce fust eau claire : mais il n’en est pas ainsi, ains est une eau composee pour faire dormir. Le Maçon, tr. Decameron, IV, 10. — Le pape fut effrayé de la vision, si bien qu’il luy print un mal de costé qui luy dura fort longtemps, sans que ses medecins et le cardinal le Blana, excellent physicien de ce temps-là peussent cognoistre la maladie et sa cause. Le Loyer, Spectres, IV, 23. — Le fisicien, ou medecin, par le moyen de ses sirops, pillules et medecines, guerit les corps des fievres et autres infirmitez. Larivey, Fidelle, IV, 1.

Plusieurs textes montrent qu’à la fin du xvie siècle et au commencement du xviie ce sens avait vieilli. — Les medecins… furent anciennement… appellez par mot grec physiciens. Pasquier, Pour-parler de La Loy. — Le premier desquels [proverbes] ha ce mot mire pour medecin (qui a aussi esté appelé physicien par nos ancestres). Estienne, Precellence, p. 252. — Les medecins s’appelloyent physiciens, pour s’estudier à la conservation de la nature. Fauchet, Orig. des dignitez, I, 14. — Ceux que nous nommons aujourd’huy medecins estoient pour nos anciens appellez physiciens. Pasquier, Recherches, VIII, 26. — Anciennement en la France nous appellions les medecins physiciens. id., Lettres, XIX, 16. — Lors il me dit qu’il estoit bien marry d’une chose que l’on luy avoit ditte, qui est que vos physiciens (car il usa de ce mot, voulant dire vos medecins), vous avoient defendu d’aller à la chasse. Sully, Œcon. roy., ch. 117 (G., Fisicien).

Physicien. Magicien. — Que te semble de ce fizicien ou negromant…? La Taille, Negromant, II, 1.

Physiognome. Celui qui pratique la physiognomonie. — Pour cela fut ledit physiognome reprouvé et reprins par les disciples dudit Socrates, somme sil eust faulsement et mauvaisement menty. Du Mouxix, tr. Indagine, Chiromance, p. 16-17. — Or, comme par le chef un bon physionome Peut donner jugement du corps entier de l’homme, Voyant ainsi descrit ce chef de Parlement, On peut faire du corps semblable jugement. Bracn, Hymne de Bourdeaux. — Faut. considerer ce que Socrate respondit à ses disciples, qui se mocquoient du physionome qui avoit jugé leur maistre.… estre paillard. Paré, Introd., ch. 6.

Physiognomie. Physiognomonie. — Jay veu en aucun Lemps quon me reputoit quelque peu congnoissante en la physiognomie des enfans nouveaux nez, Lemaire, Illustr., I, 20. — Quant a phisonomye, Cheromenie et methoposcopie. J. Bouchet, Ep. mor., 1, vin, 3. — Chiromance et physiognomie par le regard des membres de homme, Du Mouin, tr. Indagine, Chiromance (titre). — Ils deviennent appris en la mathematique, En l’art de bien parler, en histoire et musique, En physiognomie, à fin de mieux sçavoir Juger de leurs sujets seulement à les voir, Ronsard, Dise. au Roy (V, 350). — Il faut donc qu’il apprenne a se congnoistre en somme Et ses sujets aussi, congnoissant l’art qu’on nomme La physionomie, et d’eux juge a les voir. La Taille, Prince Necessaire, 1. — Par la seule phisiognomie et inspection de la personne. La Boderie, Harmon., p. 500 (G., Compl.)

(Au sens actuel). — Aussi je ne croy mie Que soys menteur, car ta phyzonomie Ne le dict point. Marot, Enfer.

(Déformations du mot). — Physionomie (au lieu de physiogmie ou physiognomonie), pour lequel mot le vulgaire dut phlomie, philomie, philonomie, philosonomie : aucuns encores pis, phelonnie et phlebotomie ; mais plusieurs aussi de ceux mesmes qui pensent parler mieulx correct, philosomie : de φυσιογνωμία pour φυσιογνωμονία. Estienne, Conformité, Mots pris du grec, p. 216-217. — Aussi me souvient-il d’un. qui au lieu de physionomie diset phlebotomie. — … Je sçay es les uns disent filomie, les autres felomie : les autres. flomie : les autres felonie. et quelques uns. fisomie ou filosomie. id., Dialogues, 11, 285-286.

Physiognomique. Se rapportant à la physiognomonie. — Arts physiognomiques. Bonin, Demon., 40 vo (G., Compl.).

Physiologicque. Qui étudie la nature. — Les anciens philosophes, ou poëtes physiologicques ont attribué puissance à Minerve, tant es affaires de guerre que de paix. Bupé, Institution, ch. 10.

Physionomiser. Examiner la physionomie de. — Celuy à qui se faisoit la question, apres avoir phisionomizé tous les autres, advoua qu’il n’en cognoissoit aucun qui, pour sauver sa vie, ne fist l’excecrable choix. Aubigné, Lettres div., 23 (X, 516). — De l’autre costé est la Honte, qui se cache le visage du coude, c’est pourquoy nous ne la pouvons physionomiser. id., Faeneste, LV, 19.

Physionomiste (H. D. T. 1557). — 1555, Et n’en deplaise à tout outrecuydé physionomiste. F. de BizLow, Fort inexpugnable, 131 b (Vaganay, Franç. mod.).

Physitere, v. Physetere.

Physocele. — (Hernie). Si c’est du vent, physocele ou venteuse. Paré, VI, 14.

Physocephale. Qui enfle la tête. — Celles [des tumeurs] qui contiennent toute la teste sont hydrocephale et physocephale. Paré, VI, Préface.

Phytonique. Pratiquant la divination, la magie. — Car femmes qui sont phitonicques Sont d’une merveilleuse garde. Act. des Apost., II, 16 a G.). à

Esprit phytonique. Esprit ayant un pouvoir surnaturel. — Aulcuns [qui pratiquaient la magie] se vantoyent de me transporter par leur art et espritz phitonicques soubdainement la ou je vouloys. Anon., tr. Flammette (1537), ch. vr, 96 ro. —