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PARTIR 2
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avoir leur portion, Calvin, Serm. sur le Deuter., 92 (XX VII, 310).

Se diviser, être divisé. — Il donna si grand coup d’espée à un sien ennemy armé de toutes pieces qu’il le fendit du haut de la teste jusques au bas, le corps se partit en deux parts. Montaigne, II, 32 (III, 145). — Amitié divisee en plusieurs ne peut estre de grand force, non plus qu’une riviere qi se part en plusieurs ruisseaux. F. d’Amboise, Dialogues, 11, 197 ro. — Quand on juge de telles accusations, le jour se partit en trois. Du Vair, Eschine contre Ctésiphon, p. 447.

Se séparer, s’éloigner. — Jamais personne ne se maire, Syach Ismail, 2e part. (III, 204).

Partir. — Quand Israel hors d’Egypte sortit, Et la maison de Jacob se partit D’entre le peuple estrange. Marot, Psaumes, 43, — Theseus… se partit d’Eds aller combatre le taureau de Marathon. Amyor, Thésée, 14. — Le roy barbare entendant ces nouvelles fut si effroyé qu’il se partit à la plus grande diligence qui luy fut possible, id., Thémistocle, 16. — Il se partit soudainement de Rome, sans que personne en sceust rien, pour s’en retourner au camp. id., Fabius Maximus, 10. — Jamais ils ne se partoyent d’un concile provincial qu’ils n’eussent assigné le lieu et le temps auquel l’autre se devoit tenir. Calvin, Instit., IV, x11, 22. — Je me partiray demain de ceste ville. Monluc, Lettres, 38 (IV, 91). — Partons nous de ce lieu, entrons dans ce bocage. Cornu, p. 172. — Estudions un estude sortable à nostre condition : afin que nous puissions respondre, comme celuy, à qui ques on demanda à quoy faire ces estudes en sa decrepitude : A m’en partir meilleur et plus à mon aise, respondit-il. Montaigne, 11, 28 (III, 118).

Parti. Divisé. — Le rondeau de sa nature est party en trois membres, Sebillet, Art poet., II, 3. — Galba… pensa qu’il n’estoit plus temps de differer l’adoption qu’il avoit propensee : et cognoissant que ceulx à qui il donnoit credit autour de luy estoyent partis, les uns faisans pour Dolobella, et la plus part pour Othon, il n’en approuva ne l’un ne l’autre. Amyot, Galba, 23.

Parti de. Divisé par. — Geste forest. est partie de longues et larges routes. Belleau, Bergerie, 1re J. (I, 265).

Partagé entre. — Leur pennage nous mettoit en resverie, lequel aucuns avoient tout blanc. autres tout rouge, autres parti de blanc et bleu. Rabelais, V, 2. — Cettuy vostre estre, que vous jouyssez, est également party à la mort et à la vie. Le premier jour de vostre naissance vous achemine à mourir comme à vivre. Montaigne, I, 19 (I, 99).

Parti à. Mêlé de. — Le bonnet de velours noir. La plume blanche par dessus mignonnement, partie à paillettes d’or. Rabelais, 1, 56.

Bien parti. Bien partagé. — Je le tiens tel, si parfait et si bon, Que je voudrois le mettre en trois parties, Et si serions toutes trois bien parlies, Quand des deux parts je leur ferois le don. M. de Navarre, Coche (IV, 228).

Mal parti. Mal partagé. — Albadanor eut le bras rompu, et Gandac la jambe. Mais ilz ne feurent seulz mal partiz : car l’on eust veu plus de six vingtz chevaliers gisants sur la greve. Amadis, II, 16. — Maintenant on les appelle bonnes mesnageres ; et si le seigneur Rodolphe pouvoit estre assorty d’une de ceste qualité, je vous promets qu’il ne seroit pas mal party. Cholières, 2e Ap.-disnée, p. 90.

Jeu parti, v. Jeu.

Jeu bien parti. Condition égale. — Vous connoissez ma condicion et la sienne sy differente ue ce n’est pas jeu bien party. M. de Navarre, Lett., 103 (G.).

Faire jeu parti à. User de représailles envers. Les Hongrois ayant tué un chevalier que le roi des Romains leur avoit envoyé, le peuple dé Vienne se meut aussi, voulant tuer lès ambassades des Hongres et leur faire jeu party. Auron Ann. de Louis XII, p. 11 (G.).

Partir (subst.). Départ. — Au partir de Candie il s’en alla en Asie. Amyot, Lycurgue, 4. — Aù partir d’Egypte il passa en Cypre. id., Solon, 26: — Les vallets seulement A ton partir ont mis em: peschement. Baïf, Poemes, 1. IV (II, 173). — Qui n’arreste de partir n’a garde d’arrester la course, Montaigne, II, 10 (IV, 141).

Party (subs.). Départ, — Je trouvay au party de là le Pegase tout prest, avec une bonne guide pour me ramener ou l’on m’avoit prins. Fanfares des Roule Bontemps, p. 49.

Partir construit avec l’auxiliaire avoir. — Maintes fois ay-je party, moy trentiesme, qu’à la seconde journée, je trouvois toute la noblesse près de moy. Monluc, 1. VII (III, 268). — C’est comme qui oiroit deviser de la guerre Tel qui n’auroit jamais parti de la maison. Aubigné, Primtems, 11, 17.

Partir 2. Accoucher. — Tu partiras incontinent tant es grosse. La Grise, tr. Guevara, IT, 12. — Vous tenez bon gaige entre vous femmes en ceinctes, que soubz couleur que vous devez partir, voulez qu’entre nous maris facions tout ce qui desirez. Ib.

Partisan. Attaché à un parti ? — Il apprit… La musique, le bal, l’esperon et l’escrime, A forger, à tourner et conduire la lime, Pour n’estre en faction oisif ou partisan. Belleau, Bergerie, Larm. sur René de Lorraine (II, 74). — Je desire patiemment la bonne grace du roy… ne m’offrant point à estre ni son serviteur ni son subject, pour ce que cela est à Sa Majesté sans mon offre, mais je y adjousteray un terme que le maudit siecle fait permettre sans raison. C’est que je voudrois mourir son serviteur partisan. Aubigné, Lettres div., 4 (I, 691).

Celui qui agit en partisan, en homme de parti ? — Quant aux manuscrits, je mets en la commission de mes amis les deux mots : Ure, Seca, exhortant la Fosse d’être en ceci partisan, sans les précédents qui devant Dieu sont lépidités, renvoyant. l’ordre de leur impression au memoire que j’espère en dresser. id., Testament (I, 123).

Partisan de. Prenant parti dans. — Les voicy [les dieux] partisans de noz troubles, pour nous rendre la pareille de ce que tant de fois nous sommes partisans des leurs. Montaigne, II, 12 (II, 281).

Celui qui prend à ferme un impôt ou une fourniture. — Laissons le gaing aux marchands… aux partisans qui n’ont aultre but que d’en amasser aux despens de qui que ce soyt. L’Hospital, Reformat. de la Just., 6e part. (V, 188). — Il me semble desjà voir ceste generation de viperes (je veux dire ces partisans, lesquels soudain qu’ils furent esclos tuerent aussi la France leur mere) il me semble (dy-je) les voir promettre un montjoye d’argent qui se tournera en fumée. Pasquier, Lettres, XII, 2. — Si l’argent n’y estoit, prompt, pour suppléer à ce deffaut, la malignité du temps produisit une vermine de gens, que nous appellasmes, par un nouveau mot, partisans, qui avançoient la moitié ou tiers du denier, pour