Page:Dictionnaire de la langue française du seizième siècle-Huguet-Tome5.djvu/529

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
OFFICIER 1
503

Pour désigner une pièce où l’on prépare le service de la table, office est d’abord employé seulement dans les maisons seigneuriales. — Il ne dit rien qu’en mots de seigneurie, Et son estable il appelle escurie. Et quand on veut luy faire un grand service, Il faut nommer sa depance l’ofice. Vauquelin, Sat., A Jean de Morel.

(fém.). — Le renvoya en saufconduyt, chargé de dons, chargé de graces, chargé de toutes offices d’amytié. Rabelais, I, 50. — En leur baillant office Laquelle soit convenable et propice. Haudent, Apologues, II, 152. — Platon dict qu’il fault faire une separation des offices du corps et de celles de l’âme. Budé, Institution, ch. 21. — Il est seant qu’on monte des petites offices aux grandes de degré en degré. Le Roy, tr. Aristote, V, 3, Comment. — Je n’avois oncques vaqué aux offices particulières des villes. Marnix, Ecrits polit., p. 244.

Officiaire (adj.). Relatif aux charges. — Brigue. Ambitieuse, favorable, turbulente, inique, officiaire. La Porte, Epith., 58 ro.

(Subst.). Livre contenant les offices religieux. — Le graduaire, lequel se nomme aussi l’officiaire, portent les offices et introïts. Marnix, Differens, I, iv, 7.

Official (adj). Qui remplit un office. — De ces membres officiaulx nommez, On ne sçauroit leur donner meilleure cure Pour les guarir et rendre mieulx formez. Anc. Poésies, XII, 257. — C’est contre Dieu et le naturel cours Que les membres officiaulx sustentent Les principaulx, afin que tous les jours A tous costez les plus petiz tourmentent. XII, 258.

(Subst.). Vase de nuit. — Je me veulx descharger le dos, Mais je garderay ma capeline. — Et pour qui ? — Pour nostre voysine, Pour luy faire ung official. Act. des Apost., I, 146 b (G.). — Un pot à pisser, c’est un official. Rabelais, I, 9.

Officialement. Au moyen du contenu de l’official ou vase de nuit. — Telle estoit la case. de Hireus ou Œnopion, en laquelle Juppiter, Neptune et Mercure ensemble ne prindrent à desdaing entrer, repaistre et loger : en laquelle officialement pour l’escot forgerent Orion. Rabelais, III, 17.

Officier 1. Celui qui remplit un office, une fonction. — Si officiers en l’estat seurement Sont tous couchez, fors le povre Clement… Qu’en dictes vous, prelat trèshonoré. Marot, Epistres, 25. — Les Apostres en leur office n’ont point esté hommes particuliers : mais officiers publiques de Dieu. Calvin, Instit., III, p. 143. — Par ses abstracteurs, spodizateurs.… et autres siens officiers furent les lepreux introduits. Rabelais, V, 19. — Alcibiades cria de loing tout hault aux officiers qui presidoient à ceste enchere, C’est moy qui responds pour luy. Amyot, Alcibiade, 5. — Tel seigneur des premiers officiers de nostre couronne. Montaigne, II, 8 (II, 91). — L’execution de cette ordonnance [d’un médecin] despend d’un autre officier, à la foy et mercy duquel nous abandonnons encore un coup nostre vie. II, 37 (III, 221). — Les chirurgiens apoticaires et autres officiers medicinaux sont riches en peu de temps. Cholières, 8e Matinée, p. 288. — Quel excez y a il en l’ordre des finances, tant en la mulbiplicité d’oficiers qu’aux gages à eux assignez… ? La Noue, IV, p. 122. — Je ne leur baille que la voix de l’Eglise, la prédication, et instruction vive de ses officiers. Charron, Trois Veritez, III, 4, Adv. — Adam, voulant s’acquerir la science de bien et de mal, pour se faire pareil à Dieu, trouva un cherubin, officier de paradis terrestre, qui le mit dehors honteusement. Aubigné, Medit. sur le Ps. 73 (II, 162). — Tant de sacrificateurs, tant de chantres et autres officiers du temple. Fr. de Sales, Amour de Dieu, II, 3. — (Les anges). Ces officiers du ciel, diligents et discrets, Administrent du ciel les mysteres secrets. Aubigné, Tragiques, VII (IV, 287).

Officier militaire. Officier (au sens actuel). — J’ay autrefois ouï parler aucuns conseillers des princes, qui, les voulans faire trop bons mesnagers, trouvoyent mauvais qu’en temps de paix on entretinst beaucoup d’officiers militaires. La Noue, XIV, p. 339.

Officier. Juge, magistrat de l’ordre judiciaire. — Or donc aux roys avoir est necessaire Bons officiers, pour justice a tous faire. J. Bouchet, Ép. mor., II, v, 12. — Faulte d’exercitation corporelle est cause de peu de santé et briefveté de vie de vous aultres, messieurs, et tous officiers de justice. Rabelais, III, 40. — Au Palais de procez tu devises, D’advocats, procureurs, presidents, conseilliers, D’ordonnances, d’arrestz, de nouveaux officiers. Du Bellay, Regrets, 122. — Mais qu’il n’ait tant de loix ni tant de justiciers (Dont le desordre vient) mais bien peu d’officiers. La Taille, Prince Necessaire, I. — Ces meschans officiers… se présentoient promptement à faire les informations, et, icelles faictes, on trouvoit tousjours… que les battus avoient tort. Monluc, l. V (II, 366). — Quoy qu’il y ait des juges et officiers, si est ce que la sentence qu’ils prononcent n’est authorisee si elle n’est prononcee par la bouche mesme du gouverneur. Thevet, Cosmogr., IV, 8. — Il y a aucuns de noz Parlemens, quand ils ont à recevoir des officiers, qui les examinent seulement sur la science. Montaigne, I, 24 (I, 168). — Ces nations, sans magistrat et sans loy, vivent plus legitimement et plus reglément que les nostres, où il y a plus d’officiers et de loix qu’il n’y a d’autres hommes et qu’il n’y a d’actions. II, 12 (II, 231). — Les juges sont advertis par les officiers d’une cour subalterne voisine qu’ils tiennent quelques prisonniers lesquels advouent disertement cet homicide. III, 13 (IV, 216). — Il faut apporter de trés grands respects avant que de contaminer ceste compagnie par une pluralité d’officiers, qui n’apporte autre fruit qu’un desordre et mespris à l’endroit du peuple. Pasquier, Lettres, XII, 2. — Il y eut fort peu de siéges de justice en France où il n’y eust quelque officier favorisant ceste doctrine. Aubigné, Hist. univ., II, 9.

Celui qui exécute les arrêts, les sentences. — C’est le vray signe de repentance, quand les hommes d’eux-mesmes sondent leurs pechez et qu’ils n’attendent pas que Dieu les y force : mais qu’ils se presentent à luy, et qu’ils s’adjournent, qu’il ne leur faut point ne sergent ni officier. Calvin, Serm. sur le Cant. d’Ezechias, 3 (XXXV, 561). — Si un officier de justice meine quelqu’un en prison, et qu’il l’arreste, et qu’il die, Hé, laisse moy aller en ma maison. Non : car il faut que tienes prison. id., Serm. sur l’Harmon. Evangel., 50 (XLVI, 627). — Nous sommes à conniller, à trotter, et à fuir les officiers de la justice qui nous suyvent. Montaigne, II, 27 (III, 104). — Le peuple crioit à haute voix au bourreau : Boute, boute, monsieur l’officier. Paré, XIX, 23. — Ce n’est pas lui dont je veux parler, c’est d’un qui est de Geneve et est du mesme estat : là on ne dit pas sergent, on dit officier. Beroalde, Parvenir, Kalendrier (II, 214).

(Antiq.). Magistrat d’une cité. — Les artisans et mecaniques fermoient leurs ouvrouers et bou-