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LIEUR
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Donner lieu. Faire place, donner une place, — Les Gargantuistes se retirerent au val, pour mieulx donner lieu à l’artillerye. RABELAIS, Ï, 48, — Si c’est parole diabolicque celle qui exalte l’homme en soymesme, il ne luy fault donner lieu. Cazvin, Znstit., Il, p. 51. — Il me fault icy adjurer les lecteurs non pas d’escouter à mes gloses : mais de donner quelque lieu à la parolle de Dieu. Ip., V, p. 339.

Céder la place. — [César] ne permist point le gubernateur de la nef en dangier de perir entre les procelles et tempestes marines et fluctueuses undes, retroceder et donner lieu au combat des ventz tempestueux. Micuez pe Tours, trad. de SuÉTonE, |, 27 vo. — Si Mars cruel vous en feistes descendre, Ne pouvez vous le faire condescendre A s’en aller, pour ça bas donner lieu A Paix la belle, humble fille de Dieu? Manor, Chants divers, 44. — Refrains un peu ta lumiere facheuse, Et donne lieu à la nuict amoureuse. ForcADEL, Œuv. poel., P. 36,

Faire lieu. Céder la place. — A tant prend icy fin ma petite exposition de ce PA ce fleuron, pour faire lieu à messire Marsille Ficin. LEMAIRE DE Becces, la Couronne Margaritique (IV,120). — La charité doit surmonter l’amour : Et si elle est de Francus amoureuse, Me fera lieu, me voyant langoureuse. Ronsarp, Franciade, II (III, 105). — Toute cognoissance et consideration de ce monde devroit partir de moy pour faire lieu à celle de l’autre monde. Fr. n’Amboise, Dialogues et Devis des damoiselles, I, 19 ro,

Tenir lieu. Avoir place, — Mieux j’ayme garder chez mon Dieu Le sueil de l’huis, que tenir lieu Parmi la fausse race. Des Masures, 20 Ps. de David, Ps. 84. — Paradvant lui, l’ignorance tenoit lieu quelque peu en France, BRANTÔME, le Grand roy François (III, 93).

Jouer le rôle. — En lieu de faire office de juge, je tiendray lieu de suppliant. RaBeLais, III, 43.

Ce lieu. En ce lieu. — Ce lieu ne me semble mal à propos dire un mot de la pronunciation. Du BEeLLaAY, Dejfence, 11, 10. Peut-être faut-il lire : Ce lieu ne me semble mal propre à dire… (conjecture de J. Vianey).

Quelque lieu. En quelque lieu. — Plus tost defauldroient de vie corporelle que de ceste premiere et unicque subjection.. quelque lieu que feussent espars et transportez. Rabelais, ITI, 1,

Lieur (H. D. T. 1798). — 1580. Virgille veut en face neuf neuds, nos lieurs n’en font qu’un. J. Boni, Demon., 57 a, édit. de 1582 (Vaganay, Pour l’hist. du franç. moderne). — 1600. Le peu ou le trop estreindre ne procedant tous-jours de la main du lieur, ains le plus souvent de la vertu du lien. O. ne Serres, Théâtre d’agric., VII, 11.

Lieure. Action de lier, — Puis lye ledict canon ainsi qu’on faict les saulcisses, car autant de plys ou lyeures que tu feras, autant de bruit fera ledict canon. 1548, Bastim. de receptes, 5 r° (G.).

Ce qui lie, lien. — La lieure des ongles avec la chair est en maniere de cordes qui se forment des nerfz, des veynes et des arteres, qui viennent jusques au bout des doïiz pour leur donner ayde et sentement. J. Boucner, Triumphes de la noble dame, 44 r9 (G.), — Lhomme suyt naturellement la femme quil ayme, par lieure invisible, Ar. Du Mouuin, trad. de J. DE ROQUETAILLADE, la Vertu de Quinte Essence, p. 21. — Fust seulement rompue la lieure De qui amour lie ma langue à l’heure. VasQuiN PuiLieuL, trad, de PÉTRARQUE, L, I, chant 8. — Or je me tais si prou ou peu t’aimoye : Au fort le joug, le nœud et la lieure Qu’avois au col pour moy me donna joye. Ip., :b., L. IV, Triomphe de Mort, 2. — J’en suis outré, grillé, lié de telle sorte Qu’autre cœur n’est ouvert, embrasé ny estreint De blessure, bruslure ou liûre si forte. Baïr, Diverses Amours, L. 1 (1, 325). — Ce beau poil couronnant ceste blancheur naïfve De ses tortiz meslez d’une crespe friseure… Empestre en soy les cœurs qui de telle lieure Sentent accompagner deux maux qui les attaignent, Qui sont de ses beaux yeux la blessure et bruslure. JoDELLE, les Amours, Chapitre de l’Amour (II, 27).

Bande, barre qui lie. — I1z faisoient des roues croisees à travers de plusieurs lieures et traverses de bois fort pres à pres. Amyor, trad. de DroDORE, XVII, 10. — [Les vaisseaux d’Antoinel estoyent faicts de grosses pieces de bois Dr liees ensemble à grosses bandes et lieures de fer. Ip., Antoine, 66.

Ce qui enveloppe ? — Ce dit Mercure. Puis apres De son fils [Pan qui vient de naître] s’aproChat lus pres, Dans un lieure il l’envelope. Baïr, Poemes, L. VI (II, 309).

Lieutenance. Remplacement.— Les images. outre leur faculté naturelle qu’elles ont de representer les choses desquelles elles sont images, par la convenance et proportion qu’elles ont avec icelles, peuvent estre employees à une autre representation et lieutenance par la fiction et institution des hommes. St François de Sales, Defense de la Croix, IV, 12.

Lieutenandise. Charge de lieutenant. — L’on pourra adviser de gaignier le duc de Zas… par ladicte lieutenandise de lempire. 3 févr. 1518. Négoc. ent. la Fr. et l’Autr., II, 197 (G.).

Lieutenant, titre de certains juges. — Bridoye, lieutenant de Fonsbeton. Rabelais, III, 30.

(Fém.). Lieutenante et lieutenande. — Les superieures sont les lieutenantes de Dieu. St François de Sales, Entretiens spirituels, 15 (VI, 280). — Adieu, lieutenande civille. Marot, Gracieux adieux aux dames de Paris, édit. Guiffrey, III, 116. — Madame la lieutenande, la lieutenande de l’Estat.… mettez vous contre elle. Sat. Men., Ordre tenu pour les seances, p. 67. — Vous aviez desja fait paroistre vos vaillances au siege de Poictiers, que deffendistes bravement, contre l’advis du premier mary de madame la lieutenande. Ib., Harangue de M. d’Aubray, p. 192.

Lieux. Fait de lie. — Gravelee. Rude, seiche.… lieuse, & qui est faite de lie, M. DE LA Porre, Epithetes, 196 r9. — Ordure. Vilaine, boueuse, immonde… lieuse, In., b., 291 vo.

Qui a de la lie. — Olive. Verde, palle… charnue, lieuse, Ip., 1b., 288 ro,

Lieve 1. Livre contenant l’état des biens d’une abbaye. — Je vous envoye le double de la lieve des recongnoissances de la dicte chappelle. F. pe Lorr., Mém., p. 170 (G.).

Lieve 2. Porte lieve. Porte qui se lève, — Porte lieve pour ung puch. 1509. Béthune (G.).

Lievre. Lievre cornu. Animal imaginaire. — Silenes estoient jadis petites boîtes. pinctes au dessus de figures joyeuses et frivoles, comme de harpies, satyres, oysons bridez, lievres cornuz, canes bastees.. et aultres telles pinctures contrefaictes à plaisir pour exciter le monde à rire. Rabelais, I, Prologue.

Chimère. — Sans juges, nous jugeons, estant nostre raison Là haut dedans la teste, où selon la saison Qui regne en nostre humeur, les brouillas