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LEZARD
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tailles se rencontrent bons levriers, et se treuvent autant de bourgeoises contemnans l’argent comme de gentilles femmes. E. Pasquier, Monophile, L. II (II, 768). — Soit pour la raison alléguée, soit pour autre (car on dit volontiers que de toute taille bons levriers), la commune opinion èst que les brigandages sont plus rares en Italie qu’ailleurs. H. Estienne, Apol. pour Her., ch. 18 (I, 367). — Si j’estois femme, j’aymerois mieux avoir affaire aux escoliers qu’aux plus braves et magnifiques courtisans de France. Escolliers, eh ! c’est la perle du monde… De toutes tailles bons levriers, et de tous mestiers bons ouvriers. Larivey, les Escolliers, I, 3. — Prend seulement garde que le roy… n’aye suject de dire de plusieurs de vous autres Gascons (sans blesser la nation, car de toute taille bon levrier) : Allez, Gascons, ou plustost Gavestons, pis je ne vous puis dire. Var. hist. et litt., II, 287. — Mais quand la vie et la grace n’est telle Entre le peuple, et que n’est mutuelle La ressemblance, alors il est certain Qu’entre eulx y a inimitié cruelle : Car vray. levrier n’ayma oncques mastin. Michel D’Amboise, trad. de Fregoso, le Pleur de Heraclite, ch. 13. — Si tost que j’ay eu dict à Hippolite qu’il torchast hardiment sa bouche, et que la dame n’estoit proye pour ses levriers, je pense qu’il s’est pourveu d’une autre. Larivey, les Escolliers, I, 3.

(Fém.). Levriere. — [Le lièvre] Quand par veneurs et courantes levrieres Est poursuivy. Marot, Complainte d’un past. chrestien (I, 104). — Vont à la chasse les levrieres aussi bien que les levriers. L. Le Roy, trad. des Politiques d’Aristote, II, 3, Commentaire. — (Fig.). Ceste liberté et licence qui se devoit ainsi donner au peuple s’appelloit lascher la grande leçrière, pour le mot du guet. Regnier de la Planche, Hist. de l’Estat de France, II, 135.

(Dans un sens scatologique). — Incontinent ce parfun, espanché par la boutique, prit chascun plustost au nez que aux tallons ; les pauvres serviteurs n’en osoient parler, craignans que ce fust le maistre qui eust lasché la levrière. Tabourot des Accords, Escraignes dijonnoises, 4.

Levrier (prononc. : ie ne faisant qu’une syllabe). — Comme un levrier de Champagne Qui court le lievre en campagne. Baïf, Poemes, L. I (II, 51). — Mené la corde au col comme un levrier en laisse. Boyssières, l’Estrille et drogue au quereleux pedant, p. 20.

Levrotin. — J’apperçoy… un levrotin. F. Bretin, trad. de Lucien, Lexiphane, 3. — Le grec dit λωγάνιον, fanon de boeuf. Il y a peut-être dans la traduction une confusion avec λαγώς, lièvre.

Lexicon. Lexique. — Et n’oseroit me dire qu’il a le derriere galeux s’il ne va sur le champ estudier en son lexicon que c’est que galeux et que c’est que derriere. Montaigne, I, 24 (I, 165). — (Fig.). Tu as en l’estomac un lexicon farci De mots injurieux qui donnent à cognoistre Que, mechant escolier, tu as eu mechant maistre. Ronsard, Response à quelque ministre (V, 425).

Lexif, v. Lescif.

Lexitimite (?). — Ravaudeurs lexitimites. Vigenère, Comm. de César, Annot., p. 4. (G.).

Lexiveux, v. Lexivier.

Lexivier. Servant à la lessive. — Cendre. Poudreuse, noire… leciviere. M. de la Porte, Epithctes, 70 r0º. — Charree. Lexiveuse ou lexiviere, espaisse, cendreuse. id., ib., 77 ro. — Gravelee. Rude, seiche… lexiviere. id., ib., 196 ro.

Lexonier. Sermonner (G.). — J’ay si honnestement lexonié lesdictz medecins et cirurgiens au commencement de ce propos, qu’ilz n’ont occasion de se plaindre de moy. Abel Matthieu, Deçis de la lang. franç., I, 31 v0 (G.).

Lez 1. Côté. — Ilz s’en vont hors puis d’un lez, puis de l’autre. Lemaire de Belges, 1er Conte de Cupido et d’Atropos (III, 41). — Le pauvre homme, sans dire mot, S’enfuyra en un autre lé. Ane. Poés. franç., II, 125.

De tous lez, à tous lez. De tous côtés. — Alors Minos de tous lez me regarde, Et en fin dit que j’ay fait bonne garde De netteté et de pure innocence. Lemaire de Belges, 2e Epistre de l’Amant verd (III, 26). — Mais d’effroyable horreur un grand tumulte d’armes Donne creinte à tous lez. Des Masures, Œuv. poet., Epistre. — De laboureurs ils rendent à tous lez Les larges champs destruits et desolez. id., Eneide, VIII, p. 385. — Devant iceux est la terre à tous lez Couverte à tas de bouveaux immolez. id., ib., p. 432.

Le lez de. Près de. — Agamenon… avisa de fortune une biche paissante le lez du boys de Diane. J. de la Lande, trad. de Dictys de Crète, L. I, 15 vo.

Lez (prépos.). Près de. — Lez ung estang quelque bœuf cheminoit. Corrozet, Fables d’Ésope, 31. — Le Cranie (qui est une colline et promontoire lez Corinthe). Rabelais, III, Prologue. — Cestuy tresbon tresgrand Pan, nostre unique Servateur, mourut, lez Hierusalem, regnant en Rome Tibere Caesar. id., IV, 28. — C’est pour faveur que les elemens portent aux alcyones… qui pour lors ponnent et esclouent leurs petitz lez le rivage. In., V, 6. — Si le tenez lez vous : car il vous suivra. Guill. Bouchet, 7e Seree (II, 55).

De lez. Près de. — Il se tint assis de les moy. Palsgrave, Esclarc., p. 816. — Le seigneur disoit que à neuf heures il avoit esté de lez luy en sa chambre. Nicolas de Troyes, le Grand Parangon, 11.

Lez 2. Poids? — Ainsi qu’une carraque accablee du faiz De sa propre grandeur et de son propre lez Ne se tourne aussi tost ore à gauche, ore à dextre Que fait le galion ou la fregate adextre. Du Bartas, 1re Semaine, 58 Jour, p. 226.

Lezard. (Fém.). — Et la noire Alecto y jetta des abois, Ayant de scorpions et mille lezards vertes, De serpens, ses cheveux, les épaules couvertes. Rivaudeau, Complaintes, 2.

Sorte de petit pistolet ? — Je laisse plusieurs autres pieces moindres en corps, mais de force et cruauté plus pernicieuses… comme sont les pistoles, pistolets, petits bidets et autres semblables, petits lezards et scorpions, que l’on peut aisément cacher dedans les chausses. Ambr. Paré, IX, Préface.

Bec de lezard, v. Bec, t. 1, p. 531, col. 2.

Lezard (adj.). Qui a les mouvements d’un lézard. — Alors ta langue lezarde Mignardement fretillarde S’efforcera de passer. G. Durant, Œuv. poet., 103 ro.

De lézard, venimeux. — (Fig.). Bien pouvez estimer Que vostre venimer Toute mercy retarde ; Vostre langue lyzarde Vueillez donc réprimer. Anc. Poés. franç., X, 256. — Satyriques trop envieux Escrivans de plume lezarde, Vous avez faict de beaux adieux : Le feu sainct Antoine les arde ! Marot, Epistres, 12. — L’un en mentant de sa langue lezarde Mile brocars sur l’un et l’autre darde. Louise Labé, Elegies, 3.