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MEURTHE
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rience vous ont apporté une grandti suffisance et meureté de consnil. Du Vair, Exhortat. à la vie civile, p. 307.

Meurthe, v. Myrte.

Meurthier. Myrte. — [Les dieux] l’ornerent… Apolon de laurier, Pallas de son olive, Mercure de meurthier, Themis de palme vive. Boyssières, Sec. Œuv., 76 ro.

Meurthre, Meurtre, v. Myrte.

Meurtrerie. Meurtre, massacre. — Hoel et Galganus… marcherent droit à luy avecques leurs gens de cheval qui firent grant meurtrerie. Bouchard, Chron. de Bret., 46 b (O.). — Laquelle ville il print d’m:.saut, et y eut la cruelle murtrerie. id., ib., 83 b (O.). — Et fut grant pitié que de veoyr la cruelle et piteuse meurtrerie tant de nos gens que des adversaires. J. Bouchet, Ann. d’Aquit., 147 vo (G.).

Meurtreux. Meurtrier. — Ce temps pendant y eust des meurtreux prins au dit pays qui confesserent avoir tuez cestuit homme. Ph. de Vigneulles, lez Cent Nouvelles nouvelles (Ch. H. Livingstone, Rev. du xvie siècle, X, 179).

Meurtrier. (Expressions proverbiales.) Asseuré, résolu comme un meurtrier, asseurance de meurtrier. Ces expressions s’emploient pour marquer une extrême audace, une assurance excessive, une grande impudence. — Là, de tous cas jugent assurément Comme un meurtrier, lequel asseuré ment. Des Périers, Prognost. des prognost. (I, 135). — Voaa donc ks hommes qui seront asseurez comme des meurtriers, jusques à tant que Dieu les ait bien mattez. Calvin, Serm. sur le liv. de Job, 90 (XXXIV, 366). — L’Escriture donc nous monstre que les contempteurs de Dieu sont plus asseurez que meurtriers. Car ils pensent avoir complot avec la mort et appoinctement avec le sepulchre. id., Serm. sur l’Harmonie Evangel., 43 (XLVI, 533). — Dieu voulut qu’il fust prins par un prevost des mareschaux et conduit à Pavie, où, estant interrogé par le juge criminel, asseuré comme un meurtrier, nioit tout. Larivey, trad. des Facetieuses Nuits de Straparole, X, 5. — Toutefois pour demeurer ordinairement sur la besoigne quarré et asseuré en sa boutique comme un meurtrier… entra en tel credit et si haute reputation du commun peuple. Du Fail, Contes d’Eutrapel, 24 (II, 44). — Nostre pere loiolite faict mine de ne s’en estonner poinct : car il est asseuré comme un jesuite meurtrier des rois. Ph. de Marnix, Differ. de la Relig., I, ii, 5. — Il faut faire de la résolue comme un meurtrier, de l’effronté, de l’assurée à boire toute honte. Brantôme, des Dames, part. II (IX, 669). — Je ne entends couraige de brebis. Je diz couraige de loup, asseurance de meurtrier. Rabelais, IV, 23. — Ils cheminent cn asseurance comme des meurtriers, tellement qu’il ne four chaut plus de toute menace. Calvin, Serm. sur le liv. de Job, 86 (XXXIV, 306).

Vois de meurdrier. Voix ferme, assurée. — Comment se pourroit il faire qu’un homme… eust peu telllement se commander à soynesme que de donter le courrous, l’apprehension et la honte, et au lieu de crever et desirer d’estre cent piés sous terre, montrer un visage impudent et une vois de meurdrier entre tant de fautes qui n’eussent pas laissé pour tout cela de lui estre imputees ? Jodelle, Recueil des Inscriptions (I, 271).

Quel meurtrier ! Quel homme résolu ! — Est-ce raison Que j’endure telle bravade, Moy qui pour une canonnade Jamais ne me suis estonné ? — Ha ! quel meurtrier ! Grevin, les Esbahis, V, 1.

Meurtrier (adj.). Placé dans une meurtrière. — Quatre colovrynes murtrieres de fer montees sur chevalots. Texte de 1521 (G.).

(Prononc.). — 1o Ces sacrileges… qui se vantent d’estre murtriers de Jesus Christ. Calvin, Instit., XII, p. 662. — 2o Certes plustost un bon pere desire Son filz blessé que meurdrier ou jureur. Marot, Chants divers, 7. — 3o (-ier formant une seule syllabe). Ainsi le cerf par la plaine elancé Evite l’arc meurtrier qui l’a blessé. Du Bellay, l’Olive, 70. — Douce beauté, meurdriere de ma vie, En lieu d’un cœur tu portes un rocher. Ronsard, Amours de Cassandre (I, 63). — Le volleur, le meurtrier impunis ne demeurent. id., Hymnes, L. I, Hymne de Henry II (IV, 190). — Pour tes beaux yeux je suis en ce tourment, O inhumaine, ô cruelle meurdriere ! Baïf, l’Amour de Francine, L. I (I, 116). — Je beniray la main qui sera ma meurtriere. Desportes, Cleonice, 90. — Ces deux esprits, meurtriers de la France mi-morte. Aubigné, les Tragiques, I (IV, 50).

Meurtrierement. D’une façon meurtrière. — Tout le jour meurs voyant celle presente Qui m’est de soy meurdryerement benigne. Maurice Scève, Delie, 403. — Puis la sagette encochee Dcscocl1ee Ne va si legeremcnt Que font ks ans trop avarës, Les plus rares Moissonnant meurtrierement. O. de Magny, les Gayetez, p. 70. — Il crie en ce tourment ainsi qu’un homme iré, Qui f;ent meurtrierement un grand glaive tiré Sur son chef. Grevin, trad. des Œuv. de Nicandre, p. 70 (G.). — Si tousjours les cousteaux meurtriercment trenchans De nos corps moissonnez affertilcnt les champs. R. Garnier, Porcie, 889. — Il a chassé sa foy, ses eglises pollues, 'l’ué mcurtrierement ses prestres et prelats. Bolsec, Hymne sur le tombeau de Calvin {G.).

Par un meurtre. — Typhon… le tua murtrierement et en trahison. Lemaire de Belges, Illustr., I, 8. — Caton s’est arraché les entrailles du corps, Fauste et Affranc pris meurtricrement sont morts. R. Garnier, Cornelie, 1090. — As-tu commis contre eux un si coupable faict Que leur main rougissante en menaces levee Vueille estre dans ton sang mcurtrierement lavee ? id., Marc Antoine, 242.

(Prononc.). — Dans les exemples en vers, -ie compte pour une seule syllabe.

Meurtrir. Tuer, faire mourir, massacrer. — Palamedes… fut meurtry traytreusement et jetté dcdens un puits par Diomedes et Ulysses. Lemaire de Belges, Illustr., II, 14. — Ilz ne furent. pas eontens de le meurt.rir crudl{'lne1it avecques son filz innocent., rnais apres sa mort les corps du pere et du filz… furent tm fin juttez a.ux chiens. id., la Legende des Venitiens, ch. 1. — Les Juifz… dwrd1oi{m1. plus que devant de li' meurtrir : veu que uon seulcm,mt. il violoit le sabbat, mais se portoit pour le Filz de Dieu. Calvin, Instit., IV, p. 223. — S’il eust esté meurtry en tumulte par les mains de gens particuliers, il n’y eust eu en telle mort aucune apparence de satisfaction. id., ib., p. 251. — Symeon et Levi meurtrirent tout le peupfo de Sychen, 11our faire la vengeance de leur iwur. id., ib., p. 286. — Devrois-je cacher des empoisonneurs, qui auroyent conspiré de meurtrir tout un peuple ? id., Contre les libertins, ch. 4 (VII, 161). — Il [Denys] veit… sa propre sœur… meurtrie cruellement avec ses enfans, et leurs corps à la fin jettez dedans la mer. Amyot, Timoléon, 13. — Encore n’estoit-ce rien de ceulx que