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MESIRAIGNE
MESHUI
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nous l’y conduirons. Larivey, la Vefve, III, 3. — Nous en demeurerons là pour mes-huy, et je ne faudray demain de me rendre icy à pareille heure. Fr. d’Amboise, Dialogues et devis des damoiselles, I, 188 vo. — Aussi bien n’avons nous point besoing de boire pour meshuy. Guill. Bouchet, 36e Seree (V, 135).

Desmeshuy. Désormais. — Quant tout est dict… à nous autres vieillards rassottez ne nous sont guieres duisans telz menuz plaisirs, car desmeshuy ne nous fault que le mol lict et lescuelle profonde. Du Fail, Propos rustiques, ch. 5.

Mesiraigne. Musaraigne, — Une mesiraigne, voyant Un taureau puissant, royde et fort Sus un pastiz s’esbanoyant, Vint le picquer au pied si fort Qu’il en a perdu son effort. Haudent, Apologues d’Esore, I, 201. — Pour garder que les bestes que l’on nomme mesiraignes ne gastent les vignes. Liebault, Mais. rust., p. 704 (G.).

Mesjuger (se). Ne pas être reconnu. — Aucunes fois elles [les fumées du cerf] se peuvent mesjuger en deux manieres. Du Fouilloux, Ven., 32 vo (G.).

Meslage. Mélange. — Par le meslage de toutes ses facultez, le symphiton peut digerer et restraindre ensemblement les corps. Trad. de l’Hyst. des plant. de L. Fouscu, ch. 266 (G.). — La terre estoit pleine De soldars menus greslez, Renversez sous tel orage, Par un estrange meslage L’un sus l’autre amoncelez. Ronsard, Odes, V, 5.

Meslange. Mêlée, confusion, — Je perdy en ceste meslange une petite fillette de l’aage que dit Jacomin. Le Maçon, trad. de Boccace, Decameron, V, 5. — Dedans cette meslange les papes furent si sages que jamais ils ne s’oublierent contre nos roys. E. Pasquier, Recherches, III, 18. — Au gros de la meslange, tous les personnages s’estoient trouvez pesle-mesle casuellement dedans une maison. id., ib., VII, 6.

(Fém. ; cf. ci-dessus). — Au lieu de l’excuser en ce simple default, Et admirer en lui une belle meslange De mille dons d’esprit qu’il a en contrechange. Fr. Habert, trad. d’Horace, Satyres, I, 3, Paraphrase. — Il jargonne du grec en des ps qui se pourroient aussi bien… dire en atin qu’en cette sote mélange bigarrée. Tahureau, Sec. Dialogue du Democritic, p. 163. — Ayant opinion que moyennant ceste meslange et ceste communication de façons de faire, les choses s’entretiendroyent mieulx en bonne paix, union et concorde, Amyot, Alexandre, 47. — Nous croyons grandement fructueuse Telle meslange. Jodelle, les Discours de Jules Cesar, Au Roy. — Je croy bien aussi que l’orthographe confuse vous decouvrira une pareille melange. id., Recueil des inscriptions, À ses amis. — La cholere est une meslange composee de toutes les passions de l’ame. Amyot, Comment il faut refrener la cholere, 15. — Que dois-tu juger de ceste meslange ? E. Pasquier, les Jeux poetiques, Au lecteur. — L’oreille autant accoustumee au françois qu’à l’italien gecongnoist en chacun mot une meslange de ces deux. H. Estienne, Precellence, p. 291-292. — Si nos discours et contes sont despouillez de ces belles et salees meslanges. Du Fail, Contes d’Eutrapel, 20 (II, 14). — Ceste meslange de vivres ainsi arrangee, chacun y prenoit comme bon luy sembloit. id., ib., 22 (II, 28). — Le vin tiré de plusieurs sortes de raisins ne se peut longtemps garder, n’estant rien si aisé à se corrompre que la meslange confuse de choses dissemblables. Guill. Bouchet, 17e Seree (I, 8), — Quand il jetta sur eux une espesse meslange De divers moucherons. Desportes, Ps. de David, 71.

On dit souvent meslinge. — Ilz ne peuvent faire trouver leur cause bonne, sinon en tout brouillant, tellement que toute leur doctrine soit un meslinge confus. Calvin, Instruct. contre les Anabaptistes (VII, 139). — IIz font un terrible meslinge. Car non seulement ilz confondent lé ciel et la terre tout ensemble, mais Dieu et le diable, id., Contre les libertins, ch. 14 (VII, 188). — Ils ont fait un meslinge de toutes les supersti tions des payens parmi ce que Dieu avoit institué. id., Serm. sur le Deuter., 27 (XX VI, 210). Les corruptions et les meslinges qui seroyent pour abolir le service de Dieu ou le corrompre. In, Serm. sur l’Epitre aux Corinthiens, 3 (XLIX 617). — Moiennant qu’il y ait bonne doctrine e pure, sans priere superstitieuse ny aultre mes linge. id., Lettres, 3150 (XVII, 713). — Si ne faut-il pas en l’unité de sa personne imaginer ur meslinge confus. id., Instit. (1560), II, xiv, 7. — Par le meslinge et grande confusion de tant de nations barbares qui estoyent comme espanchees en ce temps-la par l’Italie. CG. D. K. P., Discours fantastiques de Justin Tonnelier, Disc. V, p. 184. — Drogues qu’ils falsifient et sophistiquent par leurs meslinges et brouillemens. H. E Apol. pour Her., ch. 16 (I, 299). — Cestuy-ci faisoit comme un meslinge des deux doctrines. Regnier de la Planche, Hist. de l’Estat de France, 1, p. 206-207. — Je ne sçay pas, messieurs ! que vous direz… Quand vous lirez les raisons qu’ay déduites En condamnant le meslinge que font Tous nos François qui vos mots contrefont. H. Estienne, Dial. du lang. franç ital., I, 21. Si tu prens de l’azur, du vermillon, du massicot.. et en face un meslinge. Pazissy, Discours admirables, Du mithridat, p. 232. — Et lors tu comprendras quel meslinge de sons Pesle-mesle cou roit parmi tant de maçons. Du Banras, 2e Semaine, 2e Jour, Babylone, p. 191. — A cause du meslinge des terres vieille et nouvelle. O. de Serres, Théâtre d’agric., II, 2.

Meslinge (fém.). — Cette meslinge de deux naturels. H. Estienne, Apol. pour Her., ch. 11 (I, 152). — Une meslinge de la religion mahométique, judaïcque… avec celle des chrestiens. id., ib., ch. 33 (II, 187).

Meslangement. Avec mélange. — Pour plus meslangement et allegoriquement poursuivre cet argument. 1585. Thevenin, dans l’édit. de Du Bartas, 572 (Vaganay, Deux mille mots).

Mesle, forme dialectale. Nèfle. — Pommes, pruneaux, poires, mesles, chastaignes S’ap= portent là par ses bonnes compaignes. Gretin, A Fr. Charbonnier, p. 235. — Il… jettoit à ses compaignons des rouges cerisettes, mesples, sorbes.. et maintes autres sortes de fruits agrestes. Lemaire de Belges, Illustr., I, 21. — La terre. fut certaine annee si tresfertile en tous fruictz.. et singulierement en mesles, que on l’’appella de toute memoire l’annee des grosses mesles. Rabelais, II, 1. — Les mesles ou neflles. se meurissent par les gelees de l’hyver. O. de Serres, Théâtre d’agric., VI, 26. — La mesle où neflle et certains autres fruicts tardifs. id., ib., VIII, 2. — Les mesles ou neffles, comme les derniers fruits cueillis, seront en suite les derniers confits. id., ib.

Meslement. Mélange. — Et si tous les principes elemens Se combatoyent en divers mesles mens. B. Aneau, Imagination poetique, p. 67.

Mesler (intrans.). Faire une attaque, engager