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MEDECINE
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P. de Changy, Instit. de la femme chrest., II, 3. — Vous me voulez donques… bailler une medicine pour femme, ja ne plaise à Dieu que je espouse jamais une telle femme. Le Maçon, trad. de Boccace, Decameron, III, 9. — La honte et vergoigne qui est naturellement aux femmes a esté cause d’introduire les sages femmes… parce que sans ceste permission d’y avoir des medecines, les femmes se laissoient mourir quand il advenoit quelque maladie és parties honteuses. Cholières, 5e Ap.-disnée, p. 203. — Elle se dit estre Lycambe la medecine de l’isle de Raport, qui estoit venue pour guerir l’empereur, qu’elle avoit ouy dire estre malade. Beroalde de Verville, Voyage des princes fortunez, p. 162.

Femme d’un médecin. — La medecine compta son affaire à une sienne voisine. Des Périers, Nouv. Récr., 95.

Medecin (adj.). De médecin, des médecins. — Je reconnois bien l’arc, le brandon et la trousse De Phebus qui ses traits en ma poitrine pousse, Qui, grand Dieu, sçait mesler l’amoureuse poison D’une main medecine affolant la raison. Am. Jamyn, Œuv. poet., L. V, 281 vo. — Pourroit il eviler les cruautez rusees De ces maux obstinez par qui sont abusees Les medecines mains… ? Du Bartas, 2e Semaine, 1er Jour, les Furies, p. 119. — Consolé, il s’esveille, et traitable se rend Aux medecines mains qui le vont secourant. P. de Brach, Hierusalem, XII, 75 ro.

On dit souvent medicin. — Par le conseil de son medicin juif. Rabelais, I, 21. — Un sçavant medicin de celluy temps. id., I, 23. — Medicins, chirurgiens et apothecaires. id., I, 27. — Un moyne… ne guerit les malades, comme le medicin. id., I, 40. — Philosophes, historiens, medicins, poetes, orateurs Grecz et Latins. Du Bellay, Deffence, I, 4. — Les medicins… promettent ce qui appartient aux medicins. id., ib., II, 11.

Medecinable. Médicinal, ayant des propriétés médicinales, propre à guérir, — Est medecinable le jus [de l’aurone] beu contre le venin des serpens. Jard. de santé, 1, 2 (G.). — Les eaues Albules medecinables coulloient par engins et leustes subtilles dedans ses baings. Michel DE Tours, trad. de Suérone, VI, 204 vo. — Les baings qui y sont sont medicinables et tresutiles bour la santé et guarison a toutes maladies. Trad. de Boccace, Flammette (1537), ch. v, 55 ro. — Le vray miel savoureux et medicinable. GuiLe. Micuez, L. IV des Georgiques, 75 vo (G.). — Car Ce n’est point chose medecinable, Mais seulement pour jeune se monstrer, J. Boucner, ÆEpistres morales du Traverseur, 11, x, 25. — Les roses. sont medicinables aux yeulx malades. 1545, À: Pierre, 138 (Vaganay, Deux mille mots). — Vertus il a medicinables, Car les fistulles très grevables Souvent par celluy sont guaries. Anc. Poés. franç., XIII, 82. — [Arbres] Es sont gommeux, et par consequent medicinables. THEvET, Cosmogr., III, 11. — Laquelle [eau] mise en bruVages medecinables purge. celuy qui la prend de toute langueur et maladie. Arnoul de Villenove, le Tresor des pauvres, 151 vo (G.).

Médical. — Toutes choses terrestres et humaines luy defailloient, mesmement lart medicinable, qui est le dernier remede à nostre fragilité. LEmAIRE DE BELGES, Couplets de la Valitude (II, 96). — Prince Bacus par art medicinable À mon museau si bien mediciné Que pers le sens. Grin“CORE, le Prince des Sotz, Moralité (1, 249). — Par art medecinable Les medecins n’ont povoir de guerir Ce que Dieu veult en ce monde mourir. J. Bouchet, Epistres morales du Traverseur, IL, 8.

Guérissable, — Amour nest point medecinable par herbes. LEMAIRE DE BELGES, Illustr., 11, 13.

Medecinal. Médical. — Par les effectz de sa noble science medecinale. LemaAIRE DE Belges, Lllustr., 11, 9. — Il se tenoit tousjours près de son magister, lequel luy parloit le latin medecinal. Des Périers, Nouv, Récr., 59. — Nous nous perdrions dans cette mer trouble et vaste des erreurs medecinales. MonraiGne, II, 42 (11, 314). — La doctrine de cettuy-cy fut abbatue par Crinas de Marseille, qui apporta de nouveau de regler toutes les operations medecinales aux ephemerides et mouvermnens des astres. id., II, 37 (III, 217).

Médicinal. — Apollo, qui fut premier inventeur des herbes et des drogues medecinales et preservatives. LEMAIRE DE BELGES, la Couronne Margaritique (IV, 41). — Force simples et herbes medecinales. Tnever, Cosmogr., VI, 1. — Plus des deux tiers des vertus medecinales consistent en la quinte essence, ou proprieté occulte des simples. MonraiGNe, I, 37 (111, 232). — Ils en font des [eaux] medecinales pour toutes maladies. id., Journ. de voyage, p. 163. — Les principales drogues medecinales. La Nour, Disc. poli. et mit, XXVI, 2, p. 727. — On peut dire d’eux, pour le plus, qu’ils vendent les drogues medecinales : mais qu’ils soient medecins, cela ne peut on dire. Montaigne, III, 143 (IV, 229). — Il leur couste la peine d’un fascheux regime, et la prise ennuieuse et quotidienne des drogues medecinales. id., ib. (IV, 245). — Plusieurs princes et republiques ont dressé des jardins medecinaux. O. de Serres, Théâtre d’agric., VI, 14.

Propre à guérir, salutaire, bienfaisant, — [La tribulation] est certainement si bonne, si utile, si commode et si medecinalle, que sans elle nul ne se à étis par amour joindre à Jesus Christ comme il doit. MonrTaiGwe, trad. de R,. SEBON, ch. 299, — [Platon] defend en ses Loix toute instruction de telles menaces, et la persuasion que des dieux il puisse venir à l’homme aucun mal, sinon pour son plus grand bien quand il y entroit, et pour un medecinal effect. id., Essais, II, 12 (11,158). — Il est, comme des playes, aussi des maladies medecinales et salutaires. id., ib., III, 13 (IV, 296).

Doigt medecinal. Annulaire. — Le quart [doigt] est appellé medicinal parce que les medecins en usent en maniant les medecines. J. Bouchet, les Triumphes de la Noble Dame, p. 99 (La Curne). — N’est-ce point aussi une sorcellerie. que, quand vous baillez une potion à vos malades, vous la meslez avec le doigt medecinal de la main gauche ? Nostre medecin… va respondre que de toute antiquité ce doigt, le plus proche du petit, avoit esté honoré avec un anneau d’or, et par ce appellé digitus annularis. Guill. Bouchet, 10e Seree (II, 102).

A la medecinale. Selon la prescription des médecins. — Je n’aurois nul plaisir à trainer, à la medecinale, trois ou quatre chetifs repas par jour. Montaigne, III, 13 (IV, 264).

Medecinalement. Médicalement. — Le Paracelse.. medecinalement a guari un nombre de ladres par le moyen de l’or potable. Pazissy, Discours admirables, De l’or potable, p. 227. — Ainsi en voyons nous plusieurs devenir grosses bien tost apres estre purgees medicinalement pour accasion de maladie presente. Joubert, ÆErr. pop. qre part., II, 5 (G.).

Medecine. Cure, guérison. — Ce pourroit estre l’œuvre de quelqu’un bien entendu en tels charmes, en sorte que la medecine en sera longue. Jean de la Taille, le Negromant, I, 3.