Page:Dictionnaire de la langue française du seizième siècle-Huguet-Tome5.djvu/152

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
MANILLE
— 128 —

millet, qui sont les chappons, perdrix et viandes delicates de ce païs là. Thevet, Cosmogr., XXI, 2. — Plusieurs beaux jardinages pleins de febves, citrouilles, naveaux, manihot. id., ib., XXI, 6. — Nos sauvages… ont… l’industrie de faire farine des racines d’un certain arbrisseau… et nomment ceste plante avec sa racine manihot. id., ib., XXI, 16.

Manille. Bracelet. Defense d’introduire en France des manilles, parce qu’on pourroit en faire de l’artillerie. 1543. Lille (G.). — Les negres apportent l’or… pour changer en draps de coulleurs, manilles de cuivre et coquilles rouges. Jean-Alfonse Saintongeais, Cosmographie, p. 335 (Sainéan, Rev. des Et. rab., X, 43).

Manillier 1. Fabricant de bracelets. — Gens soubzmis… à Mars, comme bimbelotiers, manilliers. Rabelais, Pantagr. Prognost., ch. 5.

Manillier 2, v. Marguillier.

Maniment. Mouvement. — Ce maniment de membres ondoyant, Ce pied dispost au bal s’ébanovant. Tahureau, Sonnets, 64. — Soit du parler ; ou bien soit de ton chant, Soit d’un beau port, d’un maniment folatre. id., ib., 81. — Ce col marbrin plus que la neige blanc… Ce maniment de l’un et l’autre flanc. id., ib., 94.

Maniole (maniola). Sorte de personnage imaginaire dont on menaçait les enfants. — Les Grecs et les Romains anciens avoient… leurs mormolycoës, manies, manioles, masques diaboliques et hideuses. Le Loyer, Hist. des Spectres, II, 3.

Maniple. Manipule, bande d’étoffe sur le bras de l’officiant. — Il y a pour chasque autel, chasque assortiment de chasubles, accompagnees de leurs dalmatiques, amicts, rocquets, calottes, maniples et autres harnois missotiers. Ph. de Marnix, Differ. de la Relig., I, iv, 5.

Manipule, Poignée. — Lyer garbes et manipules en ung champ de bled. Prem. vol. des expos. des Ep. et E. de kar., 139 vo (G.). — L’apothicaire commence à luy monstrer comment s’escripvoit une once, une drachme, un scrupule, une pongnée, un manipule. Des Périers, Nouv. Récr., 59.

Manipulon. Manipule, bande d’étoffe sur le bras de l’officiant. — Une chasuble, une estolle et un manipulum de drap d’or. 1503. inverti. de l’egl. de Chaource (G.). — Trois manipulons de drap de soye verde. ib. (G.).

Manique. Qui rend fou ? Bacche ou Bacchus. Joyeux, amiable… manique. M. de la Porte, Epithetes, 42 ro et vo.

Manjouaire, v. Mangeoire.

Manne. — Cest accident advint sur lesditz grains par petites pluyes, qui tomboient d’en hault par nuages et par divers climatz non a tire, en plain jour, le soleil luysant et donnant sa clarté et chaleur par dedans les ditz nuages ; et appella t on cest accident manne, et dist on les ditz bledz fromens frappez de ce mal estre marinez. Haton, Mém., an 1574 (G.).

Manné, v. Manne.

Manneur. Habitable. — ling lieu manneur amassé de maison manable environnee d’eauwes et plusieurs aultres ediffices. Partage de 1612. Arch. mun. Mortagne (0.).

Manneux. De l’espèce d’une manne. — Panier. Enlassé, joncheux, vendangeret, tressé, manneux. M. de la Porte, Epilhetes, 300 ro.

Manoelle. Manivelle, poignée. — Deux mamoelles pour servir au couron des saies. 1508. Béthune (G.).

Manœuvre (masc.). Et son couvert d’ardoise en pavillon recœuvre Charpentier et maçon travaillant son manœuvre. Maurice Scève, Microcosme, L. III, p. 94. — Ceux qui pour voyager sur la mer se reduisent Dans de fresles vaisseaux, Et qui font le mameuyre et leurs routes conduisent Sur l’abysme des eaux. Desportes, Ps. de David, 106. — Le principal pilote du marquis cognut, au maneuvre de deux navires… qu’ils ne vouloyent point estre de la partie. Aubigné, Hist. univ., X, 21.

Manœuvrier, v. Manouvrier.

Manoir, Séjourner, résider. — Dames sont la doulceur où maint Toute bonté qui amolist. Anc. Poés. franç., VII, 290. — Du mesme vent qui en mer nous exalte Sommes conduitz entre Sicile et Malthe, Où sont manans Rhodiens chevaliers, De nostre foy colomnes et piliers. Bertrand de la Borderie, Voy. de Constantinople (Bourrilly, Rev. des Et. rab., IX, 188). — Cresphontes en une tragedie d’Euripide, parlant de Hercules, dit : S’il est manant soubs le globe terrestre Avecques ceux qui plus ne sont en estre, Il n’a donc plus maintenant de pouvoir. Amyot, Consolation à Apollonius, 15.

Manant, subst. Celui qui séjourne. — Par le païs d’Anjou et les Indes sont entendus les manans et habitans en ces deux regions. Ant. Fouquelin, Rhetor. franç., 18 ro.

Manoir, subst. Action de séjourner, séjour. Comment le bon Macrobe raconte à Pantagruel le manoir et discession des heroes. Rabelais, IV, 2.6 (titre). — Le cerf ramu meints siecles les bois hante, Plus de mille ans l’enroué corbeau chante, Les chesnes ont sur terre un long manoir. Buttet, l’Amalthee, 269, p. 327.

Faire son manoir. Séjourner. — Or en ce bois et delectable lieux Fait son manoir et seule residence. Ung seul oyseau d’admirable excellence. Guy de la Garde, Hist. du Phoenix. — Et dans ce lieu, convoitise d’avoir Richesse, honneurs, n’y fait point son manoir. id., ib.

Manoir. lieu où l’on séjourne, demeure. — Les poissons netz et beaulx Eurent en part (pour leur manoir) les eaux. Marot, L. I de la Metamorph. (III, 160). — Estimez vous que ce grand Eternel Ne voye bien du manoir supernel Les Brans debas d’une et d’autre partie ? id., Chants divers, 14. — Il reste à parler du circuit du ciel qui est le plus haut et le dernier depuis noz manoirs, qui environne et resserre tout, qui est aussi appellé œther. Trad. de Bullinger, la Source d’erreur, I, 3, p. 27. — Aussi eust il esté bien forissu du deificque manoir de raison. Rabelais, III, 2. — Et plus soubz durs glassons Ne sentent les poissons Leurs manoirs racourciz. Du Bellay, Vers lyriques, 8. — Pour manoir deificque et seigneurial il n’est que le plancher des vaches. Rabelais, IV, 18. — Comment Pantagruel descend en l’Isle Farouche, manoir antique des AndouilleS. id., 1V, 35 (titre). — Le contentement qui plus se presente en ce manoir supernel est une contemplation perpetuelle de ceste divine essence qui nous fait oublier nous-mesmes. E. Pasquier, Monaphil, L. I (II, 753). — Ores que l’estude soit leur principal manoir [des gens de robe longue], si ne leur est il desconvenable sçavoir telles petites courtoisies. id., ib., L. II (II, 776). — Las, las, soit que le jour ciel et terre éclercisse, Je ne per un moment de plaindre et souspirer, Soit que la