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MAISTRERIE
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comme estoient les payens de leurs dieux. id., ib.

Maistre-escole. Écolâtre. — Il estoit desdié à l’Esglise, et longtemps a-il porté le nom et le titre de maistre-escole de Xainctes, qui est une dignité canonniale. Brantôme, Couronnels franç. (VI, 171).

Maistre doigt. Chacun des trois doigts qui sont entre le pouce et le petit doigt. — L’Angloys… levant les deux n1ains en l’air, les tint en telle forme que les troys maistres doigtz serroyt un poing… et les doigtz auriculaires demouroient en leurs extendues. Rabelais, II, 19.

Médius. — Panurge mist les deux maistres doigtz à chascun cousté de la bouche. id., ib. — [Panurge] posa la main guausche ouverte, exceptez le maistre doigt. id., III, 20. — Entre la tierce joincture du maistre doigt et du doigt medical. id., ib. — Passant le pouce entre les doigtz maistre et indice. id., ib. — Le diable… luy mist un anneau on maistre doigt. id., III, 28.

Maistre Miton, Maistre Mousche, Maistre pantoufle, Maistre passé, voir Miton, Mousche, Pantoufle, Passer.

Servir son maistre, v. Servir.

Maistresse-chorde. — (Fig.). L’humilité et la charité sont les maistresses chordes ; toutes les autres y sont attachees. Il faut seulement se bien maintenir de ces deux-la ; l’une est la plus basse, l’autre la plus haute. St François de Sales, Lettres, 885 (XIII, 263-264).

Maistresse. Femme aimée et courtisée. — La femme est tousjours estimée avoir le dessus et avantage sur celuy qui luy fait la cour (estant appellée maistresse, luy serviteur). E. Pasquier, Monophile, L. I (II, 742). — Il ne m’en reste que deux [mots] que je vous puisse fournir : qui sont correlatifs, serviteur et maistresse… Aujourd’huy maistresse est celle à qui on fait l’amour pour mariage, soit de faict, soit d’apparence : et serviteur est celuy qui le luy fait. H. Estienne, Dial. du lang. franç. ital., II, 116-117. — Elle se déclaira à luy [Jehan de Saintré], et qu’elle vouloit estre sa dame et amoureuse ; car de ce temps ce mot de maistresse ne s’usoit. Brantôme, des Dames, part. II (IX, 705).

Faire maîtresse, faire une maîtresse. S’attacher à une femme à qui l’on fait la cour. — Quelcun (que soit-il maudit) T’a-il dit Qu’ay fait maistresse nouvelle ? Baïf, les Amours de Meline, L. II (I, 88). — Alors que tout le sang me bouilloit de jeunesse. Je fis aux bords de Loire une jeune maistresse, Que ma Muse en fureur sa Cassandre appelloit. Ronsard, Elegies, Disc. 1 (IV, 16). — Et n’avez-vous fait qu’une maistresse à Paris ? Aubigné, Faeneste, II, 10.

Maistrerie. Domination. — Vous avez une telle seigneurie et maistrerie sunoy, que vivre ne puis sans vostre amoureuse pitié. J. Bouchet, la Noble Dame, 67 ro (G.).

Maistrie. Pouvoir d’un maitre. — Permettent-ilz que vous ayez l’esgard et manistrie sur vostre personne ? — Nenny. — Qui l’a donques ? — Mon pedagogue. Des Périers, trad. du Lysis de Platon (I, 16).

Habileté. — Onquel l’ouvrier, nonobstant sa rrmistric Peult cn ouvrant perdre d’or ou d’argent Quelque petit, tant soit il diligent. J. Bouchet, Epistres morales du Traverseur, II, x, 27.

Maistrier 1. De maître. — Le manouvrier ayant matiere preste… D’un art maistrier les vieux sapins transforme, Et de vaisseaux leur fait prendre la forme. Ronsard, Franciade, I (III, 28).

Maistrier 2, v. Maistroyer.

Maistrieux. Impérieux. — Que 111ondits. eigneur vostre neveu seroit si 1naistrieux et plain de ses voulcnt.ez qu’il n’est a gouverner ne conduire. 1513. Négoc. e11tre la Fr. et l’Autr., t. I, p. 551 (G.). — fflais nature en son œuvre vitieuse Se1·rce appert et l’autre glorieuse A levé sus a venue mestrieuse Dont noblesse a commencé sa vigueur Que l’homme acquist par vertu et doulceur. <Joutrcdictz de Songecreu.-c, 1·16 ro (G.).

Maistrisat. Charge de grand maître. — Pour riens du monde l’on ne doit den1ander les maistrisatz de Sainct Jacques Callatrave et Alcantre pour l’infante don Fernando. Corresp. de 1'1axim. Jer et de ltlarg. d’Autr., t. I, p. 271 (G.).

Maistrise. Autorité, pouvoir. — Il faut… que nous escoutions Dieu parler, et qu’il ait tou~e 1naistrise sur nous, de nous monstrer le chemin qu’il veut que nous suivions. Calvin, Serm. sur le liv. de Job, 87 (XXXIV, 319). — On voit ces ~audisseurs qui se mocqucnt de la parolle de Dieu, qu’H leur semble que celuy qui donune au Ciel na nulle maistrise par dessus eux. id., Serm. sur ltf Deuter., 62 (XXVI, 6~3). — Tous ceux qui suyvcnt leurs devotions propres, Ils despou1llent Dieu de sa maistrise et ne luy attribuent nulle reverence. id., ib., 81 (XXVII, 166). — Dieu inconstant, pourquoy as tu laissé Le cœur 9ui fut par toy prins et blessé, Et par lequel le mien fut opressé De ta maistrise? Melin de St Gelays, Plainte d’une dame (I, 264). — Pensez donc… ce que je doy faire estant Carthaginoise et fille d’Hasdrubal, et si j’ay rais<;>nd e craindre la. superbe maistrisc des Romains. id., Sophon"!ba (III, 177). — Où l’amour et l’am~it1on_… viendroient à se choquer de forces pareilles, Je ne fay aucun doubte que ceste-cy ne gaignast le prix de la maistrise. Montaigne, II, 33 (III, 161).

Enseignement. — D’alleguer, pour les deprimer [les bêtes], que c’est par la seule instruction et maistrise de Nature qu’elles sçavent, ce n’est pas leur oster le tiltre de science et de prudence : c’est la leur attribuer à plus forte raison qu’à nous, pour l’honneur d’une si certaine maistresse d’escole. id., II, 12 (II, 182).

Mastrise (pour maistrise). Habileté. — Quelcun. du village… produisoit de soubz sa robbe un rebech ou une chalcmie, en laquelle souffioit par grand mastrise. Du FAIL, Propos rustiques, ch. 3, p. 23.

Maistriser (trans.). Appeler maître. — En la ville d’Angers y avoit… un apotic_airc. .. qu’on appelloit maistre Pierre, et par fois Pierre maistre, parce qu’il prenoit fort grand plaisir estre maistrisé et qualifié. Du Fail, Contes d’Eutrapel, 24 (li, 44).

Maistriser de. Obliger à. — Comme s1 leurs encens ou leurs braux sacrifices, Leurs boucs ou leurs toreaux, ou leurs grans edifices Sacrez à nostre honneur, nous pouvoyent maistriser De leur donner secours ou les favoriser. H. Belleau, la Bergerie, 2e Journ., Amour ambitieux d’Ixion (II, 22).

(Intrans.). Être maître. — Les fem1nes… cnsemblcmcnt conspireront escorcher les homes tous vifz, par ce que sus elles maistriser vouloient en tous lieux. Rabelais, 111, 18.

Maistriser sur. Être maître de. — Le destin en general 1naistrisu sur les choses que n_ature ne conduit point. Charron, Discours chrestiens, I, 9.

Maistroyer (trans.). Maîtriser, dominer. — Fut homme ou beste vestue, Qu’une femme ne