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JUGE
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journe devant son siege judicial. id., Quatre Sermons, 1, Contre l’idolatrie (VIII, 390). — Quand nous serons constitués devant le siege judicial du Fils de Dieu, ne Job, ne David, ni Nohé ne pourront faire priere ny oraison pour nous. Trad. de B. Ochin, Dialogue touchant le purgatoire, p. 179. — II faudra comparoistre devant le siège judicial de Dieu. Palissy, Recepte peritable, p. 95. — Le Sauveur du monde… le throsne judicial duquel nous pauvres miserables… non sans cause grandement redoubtons. 1573. Du Preau, e 3 b (Vaganay, Deux mille mots).

Judicialement. Judiciairement. — Nous ne sommes pas icy pour debattre judicialement avec eulx pour scavoir ce que la raison et la justice veult. Seyssel, trad. de Thucydide, III, 7 (92 ro). — Quelquefois aussi estant par aucuns picqué de broquars outrageus… seulement y contredit judicialement par edit. La Boutière, trad. de Suétone, p. 97 (G.). — Quand ce vint à en faire lecture judicialement, en présence de l’accusé. Tabourot des Accords, les Bigarrures, I, 6.

Judiciel. Judiciaire. — Je ne l’entends faire mourir sans sentence judicielle, à ce que nul puisse dire que j’errasse. A. Sevin, trad. de Boccace, le Philocope, L. II, 40 ro. — II y avoit grand multitude de causes judicielles, et nul comparoit. Deroziers, trad. de Dion Cassius, Hist. Rom., L. LVIII, ch. 125. — La rhetorique eut… pour sa premiere partie la demonstrative, qui s’employa aux louanges : la seconde, la deliberative, aux consultations : la troisième, la judicielle, qui verse aux jugemens et plaidoiries. Amyot, Propos de table, IX, 14. — On ne trouve pas une oraison judicielle pour prononcer en jugement faitte par aucun des orateurs qui ont esté paravant luy. id., Vies des dix orateurs, Antiphon.

Audience judicielle, cour judicielle, tribunal judiciel. — Ce n’est pas un jeu que ce discours icy, mais un plaidoier elabouré et propensé, une oraison pleine d’artifice de retorique, qui meriteroit d’estre prononcee en un parquet d’audience judicielle. id., Quels animaux sont les plus advisez, 23. — Où est-ce qu’il y a aujourd’huy de plus belles representations de ces antiques senats et cours judicielles qu’en nos Parlemens? LA Noue, Disc. polit. et milit., XX, p. 428. — Remplirent les tribunaux judiciels de chicaneries rapineuses et captieuses. Gentillet, le Bureau du concile de Trente, p. 8 (G.).

Judiciellement. Judiciairement. — Publicola… luy feit entendre [à Porsena] qu’il estoit content de le faire luy mesme juge du different qu’ilz avoyent avec Tarquinius : lequel il provoqua par plusieurs fois à venir debattre judiciellement sa querelle devant le roy Porsena. Amyot, Publicola, 18 — Les patriciens luy demanderent pour quelle raison ilz vouloyent eulx mesmes faire mourir ainsi cruellement et meschamment l’un des plus hommes de bien et des plus vertueux de la ville, sans y garder forme de justice, ne qu’il eust esté judiciellement ouy et condamné. id., Coriolan, 18. — Jamais au paravant homme Spartiate n’avoit esté executé à mort, que premier il n’eust esté condamné judiciellement. id., Agésilas, 32. — Lecture a esté judiciellement faitte desd. lettres. 5 janv. 1594. Stat. des fond. de Limoges (G.).

En qualité de juge. — Ils [les tribuns du peuple] ne seient en chaire judiciellement pour faire justice et donner audience. Amyot, Demandes des choses romaines, 81.

Judicier. Judicieux. — J’ay veu beaucoup de personnes judicières s’estonner comn1ent force gentilshommes en France se mirent du costé de la Ligue. Brantôme, Cap. franç., le Grand roy François (III, 115).

Juga. Inca. — Cari, prenant alliance avec Viracoche, Juga de Cusco, deffeit son compagnon et ennemy. Thevet, Cosmogr., XXII, 7.

Jugal (os) (os jugale). Os de la pommette. — Le plus gros est conjoint par suture avec une production et apophyse de l’os petreux, et constitue et fait le zygoma, l’os jugal ou l’os paris. Ambr. Paré, IV, 1. — Le premier [muscle de la face]… prend son origine de la pommette ou os jugal. id., IV, 8.

Juge. Juge mage. Principal juge. — Le juge mage de Carcassonne. J. d’Auton, Chron., 201 ro (G.). — MM. le juge maige, les lieutenants et conseillers presidiaulx. 1560. Arch. min. Agen (G.). — Je les renvoyay aulx juge-maige et procureur de vostre majesté au dict Perigueux. Monluc, Lettres, 156 (V, 67). — Le juge mage propre, qui est une personne timide, n’ausoit rien dire. id., Commentaires, L. V (II, 371). — Vacant l’estat de juge maige d’Agenois, qui est une belle charge et honorable, il se ressouvint qu’ung bon clerc luy avoit faict une belle harangue à Orléans, le nom duquel il avoit mis en son rollet. id., ib., L. VII (III, 485). — II inclineroit plus que le lieutenant eut la charge que le jugemaïe, par ce qu’il est plus resident au lieu. St François de Sales, Lettres, 327 (XIII, 137).

Juge magistral. Juge principal. — Jean de Brillac, lieutenant et juge magistral criminel en ladite senechaussee de Poictou. 1559. Proc. verb. des coust. de Poictou (G.).

Juge pedanée (pedaneus), juge sous l’orme. Juge d’un tribunal inférieur, juge de village. — Les sergens, huissiers… notaires, grephiers et juges pedanées. Rabelais, III, 42. — Attendue l’enorme concussion que voyons huy entre ces juges pedanees soubs l’orme. id., IV, 16. — Je voy cette façon de faire estre observée, tant à l’endroit des juges royaux qu’autres juges guestrez et pedanées. E. Pasquier, Recherches, II, 4. — De villages et bourgs les juges pedanées Se font, par fin moyen, riches en peu d’années. Anc. Poés. franç., III, 110. — Le juge pedanee ordonna que le tout seroit mis par devers luy. Guill. Bouchet, 9e Seree (II, 131). — Un juge pedanee… fut bien empesché à la vuidange d’un procés, qui est tel. id., ib. (II, 166). — La meilleure vacation que vous peustes choisir, ce fut de vous faire clerc du greffe de quelques petits juges sous l’orme. Du Vair, Démosthène pour Ctésiphos, p. 504.

Au juge vif et juge mort. L’un des jeux de Gargantua. Rabelais, I, 22.

(Proverbe). De fol juge brieve sentence. — Leroy Midas estant à l’audience En juge fol donna brieve sentence, Et prefera la musete hault quinant De Pan au luc de Phebus doux sonnant. B. Aneau, Imagination poetique, p. 120. — Il faut enquerir devant que juger… Ce proverbe est tout commun, De fol juge, brefve sentence. Calvin, Serm. sur le liv. de Job, 72 (XXXIV, 135). — II les argue de leur temerité, comme on dit en proverbe, De fol juge brefve sentence : car ceux-ci se hastoyent par trop de condamner Job devant que l’avoir ouy. id., ib., 78 (XXXIV, 207). — Ce qui fait juger les hommes follement des œuvres de Dieu, c’est qu’ils se hastent par trop, n’attendans point l’issue pour savoir comme Dieu a prouveu à toutes choses. Et ainsi nous pratiquons tous le