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JARDINEMENT
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bœufz... et les menera travailler en ses boys et jardinages. [n., &b., 1, 29. — Laquelle [terre] ilz portoyent en un certain endroit de la ville, quide tout temps estoit en jardinage. Amyor, Hist. Æthiop., L. IX, 98 vº. — Marsault, qui pour tout heritage Ne possedoit qu'un petit jardinage. Du BELLAY, Jeux rustiques, le Moretum. — Philanon dans un jardinage Tenoit à Philis ce langage. VauQUELIN DE LA FRESNAYE, /dillies et Pastorales, I, 43. — Ainsi le fer d’un voyageur sauvage Tranche les lys en un beau jardinage, Am. JAMYN, Œuv. poet., L. V, 305 rº — Elle est bastie en une belle planure fort fertile, toute environnee de ruisseaux et beaux jardinages. THeveT, Cosmogr., 1, 9. — Il y a des fontaines, de beaux jardinages et quelques palmiers. Ip., tb., 1, 12. — En ce mesme mont... y a des plus beaux jardinages et vergiers qu'on sçauroit voir. Ip., 5b., VI, 14. — Je suis homme privé, Plus privé que celui qui, pouvre en labourage, Cultive seulement un petit jardinage. P.ne Bracu, Poemes et Mesl., L. ITE, Discours pastoral. — Je ne parleray point de ce qu'il fit à la pauvre Sanctia, et à ce jeune homme Afranius, lesquels il menaçoit de faire mourir, s’ils ne luy quittoient leurs jardinages. Du Vair, Ciceron pour Milon, p. 552.— Je bastissois des palais, dressois des jardinages et amassois des richesses. In., Cantique d’'Ezechias, p.189.— Dans ces jardinages entrerés par une poterne faicte au derriere de vostre maison. O. ne SERRES, T'héâtre d’agric., 1, 5. — Que le lieu que desirons convertir en jardinages soit prochain e la maison. Ip., ib., VI, I. — Le pere-de-famille... se cavera des puits et dans ses bassecourts et dans ses jardinages, és endroits où mieux s’accordera pour son service. In., tb., VIT, 4.

Produit du jardin. — Planté de bledz, legumaiges, fruitaiges, jardinaiges, beurres, laictaiges. RaABELAIS, Pantagr. Prognost., ch. 6. — Deux pauvres femmes bourguignonnes... n'ayant plus d'herbes ny jardinages, ny aucunes racines desquelles ilz se peussent sustenter, MARCOUVILLE, Traicté des cas merv., 23 rº (G.).

Jardinement. Jardinage, culture du jardin. — Le jardinement n’est qu'accessoire du labourage des terres à grains. O. pe Serres, Théâtre d'agric., VI, 3. — Puis que... les effets de la lune, pour sa proximité, nous sont plus notoires que d'aucune autre planete, tascherons à nous instruire de ses vertus particulieres, pour les approprier aux ouvrages de nostre jardinement. Id., ib. — De l’ordre requis à ce jardinement pour le païs plus chaud que froid, sera ici discouru. In., ib., VI, 9. — Sera continué ce jardinement jusqu’à ce que, par l’accroissement des arbres, sous leur ombrage, la potagerie se trouvera opprimee. Evyt8., V1:127.

Jardiner (trans). Cultiver. — (Fig.) [Galeot] considerant l’angelique beauté de la royne, les vieux ans de son descrepit mary. delibera jardiner le front du roy jaloux, et essaier s’il pourroit faire croistre sinon des fruits, pour le moins des branches. Larivey, trad. des Facetieuses Nuits de SrrAPAROLE, IX, 1.

(Terme de fauconnerie). Mettre à l'air. — I] me souvient d’un gentil-homme, qui passant la main par dessus sa bosse, luy ayant dict : Voilà un bon billot pour jardiner mes oiseaux, il avoit respondu : Oui bien les niais. Gui. Boucuer, 20e Seree (III, 247).

(Intrans.). Prendre l’air. — La venoit jardiner par chascun an au moys de may le phenix. Amadis, IV, 2. Se jardiner. (Fig.). Prendre Pair. — En l’Olimpe je me suis jardiné avec plus de liberté, jusques à donner en quelques descriptions cinquante et soixante vers de sur-croist. P. de Brach, Imitations. À la royne de Navarre.

On écrit aussi gardiner. — (Au sens actuel). Je sçay.. Labourer vigne, gardiner, Ane. Poés. franç., XIII, 160.

Jardineux. De jardin. — Parterre. Uny, carré, verdoyant, fleuri, beau, jardineux. M. DE LA PonTe, Epithetes, 305 V9. — Verger ou Vergier. Fleury ou fleurissant, beau, fructueux, herbu, pommeux, rapporte-fruit, jardineux. Ip., 1b,, 418 r0.

(Terme de lapidaire. H. D. T. 1690). — L’esmeraude non nette se nomme jardineuse, E. Biner, Mere. de nat., p. 186 (G., Compl.). |

Jardinier (adj.). De jardin. — Les plantes jardinieres. Chassignet, Ps., 103 (G., Compl.).

De jardinier. — Une scie jardiniere. Liebault, Mais. rust., p. 358 (G., Compl.).

Jardrin. Jardin. — Estre es jardrins des. nymphes Hesperides, Et ne cueillir ny violettes ny. fleurs. G. Coin Bucner, Poesies, 146. — Et qu’en un gouffre il preigne sepulture, Loing des jardrins, vignobles et vergiers. Ip., 1b., p. 257. — Quelques maisonnettes spas pour la garde des jardrins de la dicte ville, MowLuc, Lettres, 91. (IV, 272). — Ce fut au vice-roy à se sauver par la porte de derriere, de jardrins en jardrins, de muraille en muraille, de goutyère en goutière. BRAN= TÔME, Cap. estr., Charles de Launoy (1, 233). — Et entretins un assez long temps ledict prince d’Orange en un’ allée de mon jardrin. In., ib., le Prince d’Orange (11, 166). — En ceste allée du mitan du jardrin d’Amboise, il ne fit que cin sauts, tant il se lançoit bien, jusqu’à la fin de la. carrière. Inp., Cap. franç., le Grand prieur de France (IV, 160-161). — Quand… elle alloit se pourmener en quelque part, fust en allant aux. églises ou aux monastères, ou aux jardrins. In. des Dames, part. 1, Elizab. de Fr., reine d’Esp. (VIT, 6). — Pensant que ce fut une pierre jettée dans son jardrin, il en enrageoit. 1n., 6b., part. II (IX, 612).

Jarfault. Gerfaut. — Deux jarfaulx qui avoient aux piedz des tresluisantes sonnettes, A. SEvin, trad, de Boccace, le Philocope, L. H, 23 vo.

Jargault, v. Jargot.

Jargon. Gazouillement, chant d’oiseau, cri de certains oiseaux. — De par toy le conjure [le rossignol] Chanter un lay par son gergon très doulx,. Anc. Poëés. franç., p. 282. — Le tonnement du buntor, le jargon du pyvert, le caquet de la pie, le cry de la corneille et le maintien de la verdiere. LeMAIRE DE BELGES, Illustr., I, 22.

Langage conventionnel. — Ilz ont un gergon, comme gueux de l’hostiere, qu’on ne sait que u c’est qu’ilz veulent dire. CALVIN, {nstruct. contre les Anabaptistes (VII, 53). — Puisque je voy que vous prenez plaisir à ces gentils mots tirez du grec, je vous veux confesser un secret qui est entre moy et quelques miens compagnons, qui ont aussi assez bonne cognoissance de ceste langue : c’est que nous en avons tiré certains mots qui nous servent comme d’un jergon entre nous, pour n’estre point entendus. H. Esrienne, Dial. du lang. franç. ital., 11, 208.

Argot. — Quelqu’un aussi pourroit dire que j’aurois eu tort de laisser les beaux mots dejergon, dont la plus grande partie est evidemment prise du grec. je. diray les trois desquels il me