V, 11. — Ce bel huyle coulant. J. du Chesne, le Grand Miroir du monde, L. V, p. 173. — J’ay leu… que l’huile estoit fort bon pour baigner les ladres. Guill. Bouchet, 368 Seree (V, 118). — De ton huile odorant, divin et salutaire Tu m’as oing et lavé. Chassignet, le Mespris de la vie, p. 364. — Il se represente clair et de couleur blonde, comme beau huile d’olive. O. de Serres, Théâtre d’agric., IV, 8. — L’huile bouillant… dedans lequel on le mit ne luy fit aucun mal. St François de Sales, Sermons recueillis, 11 (IX, 78). — Nous luy donnasmes le saint huyle, qu’elle receut avec une foy et devotion très grandes. Id., Lettres, 731 (XV, 132).
Huilement. Action d’enduire d’huile. — A ce mal là est enjoincte une nonchalance du corps, une condamnation de toutes estuves, de tout lavement, frottement, huylement et traictement. Amyot, Consolation de Plutarque à sa femme, 6. Huile dont on enduit. — Ils se treuvent tous pleins de tel parfum et huilement. Id., Propos de table, III, 4.
Huilier (H. D. T. Ambr. Paré). — 1560. Avec des cruches d’argent huiller et arroser un arbre qui se nomme platain. R. Belleau, dans les Amours de Ronsard, II, 56 b (Vaganay, Pour l’hist. du franç. moderne).
Huis. Porte extérieure ou intérieure d’une maison. — Il ny avoit si hardy Lacedemonien qui s’osast monstrer à huys ne à fenestre. Lemaire de Belges, lllustr., II, 8. — Lors de travers me voit ce chien poussif, Puis m’a ouvert un huys gros et massif. Marot, l’Enfer. — Pantagruel d’icelluy voulut estre faictz tous les huys, portes, fenestres… de Theleme. Rabelais, III, 52. — Une disposte fille Qui devide, qui coust, qui mesnage et qui file… L’hyver devant le feu, l’esté devant son huis. Ronsard, Amours de Marie, la Quenoille (1, 195). — Amour du beau trait qu’il porte S’en vint heurter à ma porte. Qu’est ce qui frappe à mon huis ? Ce dy-je. R. Belleau, Odes d’Anacreon (1, 8). — N’estoit-ce pas assez pour rompre mon voyage, Quand sur le sueil de l’huis, d’un sinistre presage, Je me blessay le pied sortant de ma maison? Du Bellay, les Regrets, 25. — De là est aussi demouree l’usance jusques aujourdhuy que la nouvelle mariee n’entre pas d’elle mesme par dessus le sueil de l’huis de la maison de son mary, ains la porte Ion au dedans. Amyot, Romulus, 15. — Tous les huys et fenestres de sa chambre s’ouvrirent d’elles mesmes. Id., César, 63. — Il feit percer la muraille de derriere son lict, ou il feit faire un huis qui se couvroit avec une tapisserie. Id., Artaxerxès, 29. — Il nous a commandé d’entrer en nostre chambre, et, l’huis fermé, de prier là en secret nostre Pere celeste. Calvin, Instit. (1560), III, xx, 29. — Il n’est huis si gardé, muraille ny rocher Qui de deux cœurs unis empesche l’entrevue. Desportes, Cleonice, 88. — Sur le sueil de mon huis je regardoy pleuvoir. Baïf, Eglogues, 11 (III, 64). — Emylius Lepidus [mourut] pour avoir heurté du pied contre le seuil de son huis. Montaigne, I, 19 (1, 88). — Il me monstra un petit huis bas, où j’entray sans frapper. Sat. Men., 28 Adris de l’imprimeur. — Qui libre en la maison des roys fait son entrée, Dés l’huis la servitude à luy s’est rencontrée. Montchrestien, les Lacenes, 1, p. 163. — Je n’eusse porté le pied hors le sueil de l’huys que premierement je ne vous eusse adverty. Larivey, le Fidelle, 1, 4. — Or comme à coups de pieds l’huis s’estoit presque ouvert, Tout de bon le guet vint. Regnier, Sat, 11. — (Fig.). De quelque huys qu’ilz se vantent avoir la clef : nous avons tousjours à les interroguer : à scavoir s’ilz ont le Sainct Esprit, qui est directeur et moderateur des clefz. Calvin, Instit., V, p. 329. — Touchant ce qu’ilz approprient leurs clefz à tant d’huys et de serrures, pour les faire servir maintenant à leurs jurisdictions, maintenant à leurs confessions, maintenant à leurs decretz, maintenant à leurs excommunications : je diray en bref ce qui en est. Id., ib., p. 330. — L’ame cerche tousjours de ses prisons les huis. Aubigné, les Tragiques, IV (IV, 172).
D’huis en huis. De porte en porte. — Se pourmener en housse, aller voir d’huis en huis La Marthe ou la Victoire, et s’engager aux Juifz : Voila, mes compagnons, les passetemps de Rome. Du Bellay, les Regrets, 84. — Et falloit que sa fain D’huis en huis mendiast le miserable pain. Ronsard, Poemes, L. II, Discours à P. L’Escot (V, 175).
Huis de derriere. — (Fig.). C’estoit en bon langage un huis de derriere qu’il se reservoit, et un recours au Siege Apostolique, s’il luy fust mesadvenu de sa cause. E. Pasquier, Recherches, III, 12.
A huis ouvert. Ouvertement. — Voyla la premiere et plus signalée donation qui ait jamais esté faite aux papes, et qui lors commença de les advantager à huis ouvert en authorité temporelle. Id., ib., III, 4. — C’estoit… entreprendre à huys ouvert sur nos anciens privileges. Id., ib., III, 12.
Huis. Embouchure d’un fleuve. — Ainsi tousjours t’honore Le Nil impetueux, Qui Neptune colore Par sept huis fluctueux. Ronsard, Odes, IV, 6. — Puis approchant du grand Danube large, Qui par sept huiz en la mer se descharge. Id., Franciade, 1 (III, 37).
Huisse. Porte. — Faire en ladicte chapelle une huisse pour entrer dedans. 20 juill. 1521. Arch. Gironde (G.).
Huisser. Ouvrir? — La lune en sa blancheur est belle, La face du ciel qui est telle L’est aussi, mais huissez vostre oeil A choisir le plus delectable, Car l’Aurore est plus agreable, Et plus que l’aube le soleil. Aubigné, le Primtems, III, 3.
Huisset 1. Petite porte. — Je n’euz guères avant esté Que trouvay l’huisset d’un jardin Ouvert. Ane. Poés. franç., V, 266. — Deux aumailles à huissetz. lnrent. de Guill. Artus (G. Beaurain, Rev. des Ét. rab., X, 92). — Ung buffet de bois de quesne à dossier, deux huissez et tiroirs. Id., p. 96. — Une petite aumaille de bois de quesne à deux huissetz. lb. — Ung buffet fermant à deux huissets. Pièce de 1571 (G.). Compartiment d’un vivier flottant. — Pour chacun huisset de poisson, de la grandeur d’une toise. Févr. 1585. Orl. (G.).
Huisset 2. Sorte d’arbre. — [Les montagnes] sont richement revestues de pins, sapins, cedres, cypres, ifz, huissetz et houx, genevre, galle. Lemaire de Belges, lllustr., 1, 28.
Huissier. Ce mot s’emploie souvent pour désigner, dans l’antiquité, des hommes chargés de certaines fonctions publiques subalternes pour le service des magistrats, des prêtres, etc. — Sur l’heure mesme fut ordonné par arrest du peuple que… les heraults et huissiers à haulte voix… revoqueroyent les execrations qu’ilz avoyent fulminees et publiees encontre luy par commandement du peuple. Amyot, Alcibiade, 33. — Comme un huissier… appellast à haulte voix Brutus, l’adjournant à comparoir en personne devant les
