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FUTUR
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rompre la teste pour dériver tous les noms et leur trouver des etymologies, cela est futil. Tabourot des accords, les Bigarrures, I, 11.

Futur. Avenir. — Les autres [démons] plus gaillards habitent les montagnes, Les taillis, les forests, les vaux et les campagnes, Les tertres et les monts, et souvent dans un bois, Ou dans le creux d’un roc, d’une douteuse vois Annoncent le futur. Ronsard, Hymnes, L. I, les Daimons (IV, 225-226). — Bonnet le futur predisoit, Et de tout presage liaison. Du Bellay, Jeux rustiques, Épitaphe de l’abbé Bonnet. — Ainsi voit-on, prophetes de nos maux Et de nos biens, naistre des animaux Qui le futur par signes nous predisent. Ronsard, Poemes, L. I, le Chat (V, 58). Les sabins… se presentent aux hommes pour leur annoncer le futur. Le Loyer, Hist. des Spectres, VI, 12. — Eternisant son nom avecq’maint haut ouvrage, Au futur il laissa mile poignants regrets. Regnier, Sur la mort de Rapin.

Au futur. Dans l’avenir. — Nous nous efforcerons… presentement d’estre victeurs et au futur bien heureux. Desroziers, trad. de Dion Cassius, Hist. rom., L. I, ch. 78 (172 vo).

Parolles de futur. Promesse de mariage. — Veu les parolles de futur jurées et promises par le roy Perron sur son espée, Dieu n’y povoit estre nullement offensé. Amadis, I, 2.

Futurer, Devoir être. — Ainsi comainçoit bel et bien le seigneur Ludovic de recouvrer pays et bien cuydoit premier que fin, Fust l’yver avoir toute Lombardye et les pays des environs reconquestez et a son obbeissance reduytz ; et poncent du tout la chose au vray futurer a son advantage, de nouvelle divise voulut user. J. d’Autun, Chron., 10 ro (G.).

Fuyable. Qu’il faut fuir. — Le stoique dit que tout ce qui est bon est choisissable, le connaissable esjouissable, l’esjouissable bien heureux… et au contraire le mal fuyable, ennuyable, miserable et rejettable. Cholières, 4e Ap disnée, p. 172.

(Subst.). Ce qu’il faut fuir. — Le choisissable, le fuyable (qu’il me soit permis d’user de ces mots) Le Caron, Dialogues, I, 2 (74 vo).

Fuyard (subst.). Pigeon demi-sauvage. — Soit qu’on ait nommé les fuyards a cause des fuyes, ou pour ce qu’ils fuyent, pour n’estre si privez que les pigeons. Belon, Nat. des oys. (G., Compl.).

(Adj.). Laxatif. — Abstenir de tout fruict mol et fuyart, de peur qu’un flux de ventre ne succede à la purgation. Joubert, Err. pop., 2e p., ch. 17 (G.).

Fuyardement. En fuyant. — Ayant ainsi parlé le divin harangueur, La présence mortelle il quitte à my-parolle. Et loin en l’air subtil fuyardement s’envole. 1583. Virgile, 152 b (Vaganay, Deux mille mots).

Fuyant. Fuyard. — Je m’efforce à les suivre à ceste fin de voir Si les deux loups auroient la force et le pouvoir D’atteindre le fuyaut. Cl. Gaucher, le Plaisir des champs, l’Automne, Divers plaisirs, 279.

Fuye, Fuyr, Fuyte, Fuytif, v. Fuie, Fuir, Fuite, Fuisif.

Fuze. Futaine. Un cappot de serge doublé de fuze avec paremens de velours. Compt. du R. de Nav., 1576 (G., Fuse 1).

Fuzeau, Fuzee, Fuzelier, Fuzer, v. Fuseau, Fusee, Fusilier, Fuser.

Fuzere. Sorte de fagot. Fagots nommés fuzeres pour amender les chemins. 1525. SaintOrner (G.).

Fuzil, v. Fusil.

Fuziller (intrans.). S’enflammer, briller. Je ne desire pas… Valeter la faveur qui fuzille en nez amies, Qui recuit noz poulmons d’estincelantes flames. P. Matthieu, Églogue de l’ingrat exercice de la poesie.

(Trans.). Brûler, consumer. — Un feu subtil, qi par sa grand vitesse Fuzig’le an un momant des intestins l’humeur. Taillemont, la Tricarite, p. 45.

Fy 1, v. Fi.

Fy 2. v. Fils.

Fyfy, Fymbrie, Fymbrié, v. Fifi, Fimbric, Fimbrié.


G


Gab, v. Gaber.

Gaban. Caban, manteau. — Voulez vous un bon guaban contre la pluie ?… Faictes escorcher Panurge, et de sa peau couvrez vous. Rabelais, IV, 24. — N’eut esté un bon gros gaban dont j’estoi vestu… je ne sçai si le sac rempli de paille qui estoit dessoubs moi… m’en eut peu sauver à meilleur marché que Ies autres. Tahureau, Sec. dialogue du Democritic, p. 147. — Cet appariteur… s’accommode entierement en forme de courrier… et met sur ses espaules un petit gaban brodé de crotte. Trad. de Folengo, L. V (I, 114).

Gabber, Gabbeur, Gabbie, v. Gaber, Gabeur, Gabie.

Gabeler (se). Se moquer. — Je regardoys en grand liesse ce beau feu, me gabelant et disant, Ha, pauvres pulses, ha pauvres souris, vous aurez maudvais hyver, le feu est en vostre paillier. Rabelais, II, 14. [Socrate] tousjours riant, tousjours beuvant d’autant à un chascun, tousjours se guabelant. id., I, Prologe. — Ce putier ici y se guabelle de nous. id., I, 34.

Gabeleur. Commis de la gabelle, celui qui fait payer les taxes, les impôts. — Je y oy, par Dieu, le torqueceinct horrificque, tel que jadis souloient les Guascons en Bourdeloys faire contre les guabelleurs et commissaires. Rabelais, IV, 66. — La pauvre province estoit affligee et oppressée de tant de maulx et de miseres qu’il n’est homme qui le peust croire… et ce par la cruelle avarice des fermiers, gabelleurs et usuriers romains. Amyot, Lucullus, 20. — Nous haïssons les gabelleurs, et sommes marris contre eux, non quand ils font payer la gabelle pour les hardes que lon fait entrer à descouvert en la ville, mais quand ils viennent rechercher et fureter les besongnes et hardes d’autruy. id., De la curiosité, 7. — Le temps et