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FOURVOYER
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de foin, Un boeuf survint illec pour se repaistre. Haudent, Apologues d’Esope, I, 165.

Fourreau. Habillement étroit des soldats (G.). — On vist… cinquante soldatz, qui tous avoient le bonnet rouge ou de vellours ferré d’or, avec la chaisne au col faisant deux tours, avec le fourreau et l’escarpe de vellours. Ainsi parloit-on ; car c’estoit une grande chose que d’avoir telle chaussure et le fourreau. Brantôme, Couronnels franç. (VI, 106).

Fourrer. Fourrer son hoqueton, v. Hoqueton. Se fourrer. S’introduire, pénétrer. — Il n’est pas licite aux hommes mortels de se fourrer aux secrets de Dieu. Calvin, Instit. (1560), III, XXI, 3.

Se jeter. — Pource que par leur folle hastiveté ils se sont desja jettez au filet, ils se fourrent en l’ahysme de la puissance infinie de Dieu, pour estouffer et estaindre toute verité. id., ib., I, XVII, 25.

Fourreurier. Marchand de fourrures. — Arlette, fille d’un surnommé Faubert, pelletier ou fourreurier. Bourgueville, Rech. de la Neustrie, I, 13 (G.).

Fourreux. Fourreur. — Pelletier. Fourreur de robbes, mechanique, rapetasseur, f ourreux. M. de la Porte, Epithetes, 312 ro.

Pelucheux. — Panne. Douce, fourreuse, pelue. id., ib., 300 ro.

Fourrier. Officier précédant en voyage les princes et les hauts personnages, et chargé d’assurer les logements. — Au port de Lacedemoneles ambassadeurs dissimulez furent receuz en grand triomphe et melodie : et logez magnifiquement par fourrier en un quartier assez pres du palais du roy. Lemaire de Belges, Illustr., II, 5. — Le maistre d’hostel et fourrier dudict seigneur de Painensac, pour scavoir si ailleurs en la maison estoient estables vacques, s’adresserent à Gargantua. Rabelais, I, 12.

Avant-coureur. — (Fig.). Il n’est pas seur d’arrester long espace, Car le fourrier des astres a prins place. Ja la clarté du jour laisse la plaine. Forcadel, Œuv. poet., p. 16. — Le coq ne sceut prevoir Ny saluer le soleil son amy : Ains fut fourrier tristement endormy. id., ib., p. 247. — Depuis quelque temps, la mer se pousse si fort vers eux qu’ils ont perdu quatre lieues de terre. Ces sables sont ses fourriers. Montaigne, I, 30 (I, 256). — Le Vers’eau est le fils du muet Zacharie, L’avant-coureur de Dieu, le fourrier du Messie. Du Bartas, Sec. Semaine, Sec. Jour, les Colomnes, p. 279. — Malgré l’Antechrist et les fourriers de l’Antechrist, qui sont les heretiques. Le Loyer, Hist. des Spectres, III, 8. — Le playsir que l’on a en la chose est un certain fourrier qui fourre dans le cœur amant les qualités de la chose qui plaist. St François de Sales, Amour de Dieu, VIII, 1. — L’humilité est le fourrier et le precurseur de la charité, comme saint Jean Baptiste l’estoit du Sauveur. id., Sermons recueillis, 39 (IX, 429).

Estre logé par fourrier. Être logé sans avoir eu la peine de chercher son logis. — En laquelle [prison] estant logé par fourrier, ne peut toutesfois attendre qu’il en fust sorty pour retourner à son mestier. Des Périers, Nouv. Récr., 111.

Fourrier de la lune, plaisanterie sur le flux menstruel. — (Après une grossesse). Zenobie, roine des Palmyriens, ne vouloit qu’on luy touchast, jusques à ce que son kalendrier fust rubriché, et jusques à ce que le fourrier de la lune eust marqué le logis. Guill. Bouchet, 22e Seree (III, 290).

Fourriere. Avant-courrière. — (Fig.). Aurora, cestadire laube du jour, sa belle fourriere… le precedoit [Apollon] chassant toute tenebreuse obscurité nocturne de devant luy. Lemaire de Belges, Illustr., I, 28. — En sursault m’esveillay Un peu devant qu’Aurora (la fourriere Du cler Phebus) commençast mettre arriere L’obscurité. Marot, Epistres, 2. — Lors Aurora, fourriere de Phebus, Vient dechasser la lune et Herebus. Jean Orry à Ch. Fontaine, dans le Passetemps des Amis, p. 260. — Mais le soir est venu, et Vesper, la fourriere Des ombres, a versé par le ciel sa lumiere. Ronsard, Eclogues, 3 (III, 416). — Vesper. Cyprine, brunette, estoile fourriere des ombres. M. de la Porte, Epithetes, 419 vo. — Car la brune Vesper, des ombres la fourriere, N’y vient jamais loger la nuict chasse-lumiere. J. du Chesne, le Grand Miroir du Monde, L. II, p. 51.

Fourrierie. Office de fourrier. — Pour consideration des bons services que Guillaume Lefort, parcy devant aydant de fourrierie de nostre tres chiere et tres amee belle fille la royne de Castille. Corresp. de Maximilien Ier et de Marg. d’Autr., II, 238 (G., Forrerie).

Fourron. Fourrageur. — Pires que dyables et fourrons. Texte de 1537 (G.).

? — Est-ce point pour quelque castille Des escoliers de cette ville ? Car bien souvent vos compagnons Se battent contre les fourrons, Puis aprez ils en sont en peine. J. Godard, les Desguisez, III, 9.

Fourrure. S’esckauffer en sa fourrure. S’échauffer, s’enflammer, se passionner. — Maistre Tibère s’esgara si fort en la contemplation des beautez de la dame que, s’eschauffant en sa fourrure, delibera en soy-mesme gaigner ses bonnes graces. Larivey, trad. de Facetieuses Nuits de Straparole, IX, 4.

Foursiere, v. Fourciere.

Fourvoyer (intrans.). S’écarter de la route. — Ainsi estoit trainné à escorchecul par la poultre… fourvoyante de paour par les hayes, buissons et f ossez. Rabelais, IV, 13. — Loire enflé de ruisseaux de son canal fourvoye. RoNsARDP, oemes, L. II, la Paix (V, 201). — (Fig.). J’ay un peu voulu fourvoyer de ma course encommencée, pour m’arrester en la contemplation d’une chose où nature semble nous donner acheminement. E. Pasquier, Lettres amoureuses, 5 (II, 808). — Je fourvoye quand j’escry d’autre chose, et me desrobe à mon subject. Montaigne, III, 8 (IV, 39). — Garde mes pas en ta voye, Afin que je ne fourvoye Du trac que tenir je doy. G. Durant, Œuv. poet., 227 ro.

Se fourvoyer, s’égarer. — (Fig.). Et si aucun forvye, vie En perdra. Sotties, II, 83. — Mon Dieu, guide moy et convoye… Et dresse devant moy ta voye, Que ne fourvoye. Marot, Ps. de David, 5. — Suyvant ceste affection corporelle, l’esprit fourvoye et tombe en erreur. R. Belleau, Berg., II (II, 51). — Les roys… s’ils ont envie de fourvoyer, qui les redressera ? Amyot, Œuv. mor. de Plutarque, Epistre au roy. — Nos conseils fourvoyent, par ce qu’ils n’ont pas d’adresse et de but. Montaigne, II, 1 (II, 9). — Il faut ordonner à l’ame, non… de mespriser et abandonner le corps… mais de se r’allier à luy… le conseiller, le redresser et ramener quand il fourvoye. id., II, 17 (III, 30). — Madame, avisez bien, pensant estre en la voye, Gardez que vostre pied maintenant ne fourvoye. Tel s’esgare souvent qui pensoit bien