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vrai, comme on dit, que la belle Cipris Ait prins dedans la mer son essence premiere, Et qu’avecques raison le sur-nom d’escumiere Le poëte françois lui donne en ses escris. P. de Brach, les Amours d’Aymee, L. I, Sonn. 2. — Chere Venus, escumiere deesse. P. de Cornu, Œuv. poet., p. 49. — Telle que se voyoit dedans les champs d’Amphrise, Ornée à l’advenant pour plaire à son ~chise, L’escumiere deesse. Cl. Gauchet, le Plaisir des champs, le Printemps, Songe, p. 38. — Ce mur… Qui de Venus l’escumiere Garde la dextre gauchere. Luc de la Porte, trad. d’Horace, Odes, Ill, 26. — L’escumiere Venus et les trois belles Graces. Guy de Tours, Souspirs amoureux, L. III (I, 73). — Intercede pour moy, ô Venus escumiere. Du Mas, Œuv. meslees, p. 215.

Escurer 1. Nettoyer. — Les autres… cavoient fossez, escuroient contremines. Rabelais, III, Prologue.

Escurer 2. Aller sans soucis (?). — Aucunesfois ung grant cerf de regnom A avec soy un serf, son compaignon, Où escurer soubz les boys et ramées. Gringore, Chasse du cerf des cerfs (I, 161). Peut-être faut-il lire oscurer, se tenir à l’ombre.

Escureur. Celui qui nettoie. — Me voyant… depossedé… par les ramasseurs de pièces par les boues… sur ce qu’ils prétendent que… vous entreprenez sur leur trafflcq, et ramassez comme eux toutes les pièces et hardes que trouvez par les rues, mesmes aussi par les maistres escureurs de privés. Var. hist. et litt., IV, 241.

Escureux, escurieux, pluriel d’escureuil. — Pensant que feussent escurieux, belettes, martres ou hermines. Rabelais, IV, 35. — Je voyois les escurieux cueillans les fruits et sautans de branche en branche. Palissy, Recepte veritable, p. 87. — Suivant par les bois à la chasse Les escureux sautans. Aubigné, le Primtems, II, 7. — Elles s’amusent esperdument à jouer, danser et folastrer, s’entretenans avec les petitz oyseaux, petitz chiens, escuyrieux et autres telz jouetz. St François de Sales, Amour de Dieu, X, 4.

Par analogie, le pluriel escurieux amène au singulier les formes escurieu et escurieux. — Audict lieu M’a suyvie mon escurieu. Marot, Epistres, 36. — [Gargantua] gravoit es arbres comme un chat, saultoit de l’une en l’aultre comme un escurieux. Rabelais, I, 23. — Mesmes vers vous, qui estes plus doucette Qu’un escurieu, passereau ou belette. Forcadel, Œuv. poet., p. 139. — Sa peau estoit toute telle que celle d’un escurieu. Thevet, Cosmogr., XXII, 6. — Las ! comment ne suis-je semblable Au petit escurieu ? Aubigné, le Primtems, II, 7. — Là je voy l’escurieu qui, faisant ja du sage, Sans contempler le ciel, le temps futur presage. Du Bartas, 1re Semaine, 6e Jour, p. 264. — La saleté du porc, la netteté de l’escurieu. Ambr. Paré, le Livre des animaux, 1. — L’escurieu grimpant dessus les chesnes haultz De branche en branche y fait infinis petits saultz. Cl. Gauchet, le Plaisir des champs, le Printemps, Beaujour, p. 6. — En son nid l’escurieu, en son aire l’oyseau. Aubigné, les Tragiques, II (IV, 116).

Escuser, v. Excuser.

Escusson. Bouclier. — Car aussi tost que desespoir menace Mon oeil de plus ne veoir ta claire face, Lors force m’est que de ta lettre face Mon escusson. Marot, Chants divers, 22. — Il nous a creez de terre, De la fange et du limon, Et nous sert en nostre guerre De deffence et d’escusson. Marg. de Nav., Dern. Poés., Chansons spirituelles, 32. — L’œil de Dieu nous sera pour bouclier… Autant en est-il dit de sa bonne volonté au Pseaume, qu’elle nous sera pour escusson. Calvin, Serm. sur le Deuter., 176 (XXVIII, 633). — Ils ne voudroyent pas aussi aider à la ruine de la France, laquelle ils sçavent estre, pour le dedans de la chrestienté, un bon contrepoids, et pour le dehors, un tres-ferme escusson. La Noue, Disc. polit. et milit., XXI, p. 454.

Escutier. Porteur d’écu, de bouclier. — Vous mesmes voyez quelle armée nous avons, quantz et quelz hommes armez, sagittaires, escutiers et fonditeurs. Deroziers, trad. de Dion Cassius, Hist. Rom., L. L, ch. 78 (170 ro).

Escuver (s’). Cuver. — Paravant qu’il s’escuve Et commence à bouillir, il tire de la cuve Le vin blanc et clairet. Cl. Gauchet, le Plaisir des champs, l’Automne, Vendanges, p. 221.

Escuyer. Escuyer d’escuirie. — [Le duc de Savoie] lors commanda à ung sien escuyer d’escuyrie, en qui plus se fioit, qu’il print en sa garde le jeune Bayart. Le Loyal Serviteur, Hist. de Bayart, ch. 3. — Au chasteau d’Odoz en Bigorre demeuroit ung escuier d’escuyrie du roy. Marg. de Nav., Heptam., 69. — Le seigneur Daire avoit un escuier d’escuirie homme de bon esprit nommé Ebares. Saliat, trad. d’Hérodote, III, 85. — La perfection de l’art d’un bon escuyer d’escuirie est rendre le cheval obeissant et le sçavoir renger à la raison. Amyot, Lycurgue, 30. — Desjà de vostre temps on diset… escuyer d’equirie (car j’estime qu’il faut dire ici equirie par q, non pas escuirie). H. Estienne, Dial. du lang. franç. ital., I, 355. — A cette commission se trouva propre un gentil-homme milannois, escuyer d’escurie chez le roy. Montaigne, I, 9 (II, 46). — Quand les Scythes enterroyent leur roy, ils estrangloyent sur son corps la plus favorie de ses concubines, son eschanson, escuyer d’escuirie, chambellan, huissier de chambre et cuisinier. id., II, 12 (II, 179). — M. de Bourdillon… avoit esté en ses jeunes ans escuyer d’escurie de M. le dauphin, qui estoit de ce temps là un très-bel estat pour avoir souvant l’oreille de son maistre quand il va par les champs, près lequel se doit tousjours tenir et le suivre partout. Brantôme, Cap. franç., le mareschal de Bourdillon (V, 71).

Escuyer de cuisine. — Les gentilz satyres… coururent à la viande, comme si ce fussent pages. Laquelle Chiron le centaure leur delivra, pour ce qu’il servoit descuyer de cuisine. Lemaire de Belges, Illustr., I, 29. — Comme vous appelleriez cestui ci [un palefrenier] escuyer (entendant escuyer d’escuyrie) aussi en un besoin il faudret appeler un souillard de cuisine monsieur l’escuyer, entendant escuyer de cuisine. H. Estienne, Dial. du lang. franç. ital., II, 226. — Pierre Hervé, escuyer de cuisine de madame la duchesse d’Uzès. Ambr. Paré, Apologie (III, 681).

Escuyer de trefles. Valet de trèfle. (Fig.). Homme de peu d’importance. — A moy, qui ne suis qu’escuyer de trefles, peut toucher ce qu’on disoit de Charillus, roy de Sparte : Il ne sçauroit estre bon, puis qu’il n’est pas mauvais aux meschans. Montaigne, III, 12 (IV, 206).

Escuyère. Celle qui est chargée du service. — Trouver convient façon d’avoir demaine, Escuyère de toute la mayson. Anc. Poés. franç., V, 73, le Caquet des bonnes chamberières.

Escuyrie, Escuyrieux, v. Escuirie, Escureux.

Esdirer. Égarer. — (Fig.). Son espouse fut