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préface

Reposoir signifiait, d’une façon générale, lieu où l’on se repose : Au milieu de l’escalier sont reposoirs pour ceux qui montent. Saliat, trad. d’Hérodote, I, 181.

Rochet, soutane désignaient l’un et l’autre des vêtements longs, des sortes de tuniques que les femmes portaient, aussi bien que les hommes : [Hélène] s’accoustra hastivement dun fin rochet de lin, et partit de sa chambre. Lemaire de Belges, Illustr., II, 16. — La principale [nymphe]… representant Diane… vestue sus la sottane et verdugalle de damas rouge cramoisi à riches broderies, d’une fine toille de Cypre toute battue d’or. Rabelais, Sciomachie.

Un carcan était un collier. Le mot désignait bien souvent le fer entourant le cou d’un prisonnier, mais il pouvait s’appliquer aussi à une parure : Je voudrois estre carquan Qui orne ta gorge yvoirine. Ronsard, Odes, IV, 32.

Estoffe signifiait matière, en général. Il servait à désigner la pierre, le bois, les métaux, aussi bien que les tissus. Estoffé avait aussi une très large signification : Les murailles en seront de bonnes estoffes, bien basties et maçonnees. O. de Serres, Th. d’Agric., V, 1. — Le bouclier luit, estoffé d’airain franc. Des Masures, Eneide, VII.

Eschantilion conservait encore souvent son ancien sens de morceau. Faire eschantillon d’un domaine, d’un royaume, c’était le morceler, et l’on employait dans le même sens eschantillonner : Estant nostre Royaume divisé en eschantillons et parcelles. E. Pasquier, Recherches, II, 18. — Ces nations estrangeres eschantillonnerent en parcelles l’Estat de Rome. id., ib., I, 7.

Estable servait à désigner tous les locaux destinés à loger des animaux domestiques, les chevaux aussi bien que les bœufs et les moutons. Le mot escurie ne s’employait, que dans les maisons des princes ou des grands seigneurs : Il court droit à l’estable où sa main ne dedagne D’equiper son cheval. Montchrestien, Hector, IV.

Manoir, ce vieil infinitif pris substantivement, avait, encore le sens général de demeure, séjour, et n’était pas du tout réservé aux habitations seigneuriales : Où du Soleil voisin les Ethiopes noirs Se deffendent, creusans des souterrains manoirs. Baïf, Eglogue 2.

L’estude était le lieu où l’on étudie, où l’on travaille intellectuellement, le cabinet de travail : Me print envie d’agencer un peu de livres que j’ay en mon estude. Larivey, Trois nouvelles Comedies, Dédicace à François d’Amboise.

Boutique ne désignait pas seulement le lieu où l’on vend, mais en général celui où l’on travaille, où l’on exerce une profession. Un ouvrier, un peintre, un statuaire avaient une boutique que l’on appellerait aujourd’hui leur atelier. On disait même la boutique d’un médecin : Megabyzus… vint un Jour visiter Apelles jusques en sa boutique. Amyot, Comment on pourra discerner le flatteur d’avec l’amy. — Il crioit que la boutique du Medecin estoit l’eschole de Philosophie. G. Bouchet, 30e Seree.

Un ouvroir pouvait aussi être, suivant les cas, un atelier, une boutique, en général le lieu où l’on travaille : Au davant de l’ouvrouoir d’un Roustisseur un Faquin mangeoit son pain à la fumée du roust. Rabelais, III, 37.

Hospital qui, comme adjectif, signifiait hospitalier, avait, comme substantif, le sens de séjour, demeure : De là l’Ambition fit anvahir la terre Qui fut, avant le tams que survindrent ces maux, Un hospital commun à tous les animaux. Regnier, Sat. 6.

Un canton était un coin : Ces supercheries d’armes sont… pires que celles que l’on faict en assassinant les personnes aux cantons des rues ou en un coing de bois. Brantôme, Disc. sur les Duels. — De là était venu déjà le sens de carrefour, de quartier, de région, d’où