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AUNOY
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E. Pasquier, Lettres, IV, 24. — Il avoit veu secrettement l’Empereur Bajazet, fils de celuy qui print Constantinople, faire son oraison en ce mont, Dos Seigneur aulmosna au Superintendant des Moynes plusieurs Reliques et ornemens d’Eglise, que son pere avoit eu de la prinse de ceste ville. Tuever, Cosmogr., XVIII, 14. — Quand elle peut nous accoustumer à distribuer liberalement nos biens à ceux qui en ont necessité, et les — aumosner à l’honneur de celuy qui nous les a donnez. Du Vair, la Sainte Philosophie, p. 21. — Je voudroie qu’elle eut aumosné la moitié de mon bien. Chozières, 6e Matinee, p. 221. — Les pre_miers biens furent aumosnez.. pour l’entretenement des Ecclesiastiques et pauvres. Fauchet, Antiquites, V, 10. — La quarte [part de ses biens] sera semblablement aumosnée et distribuée entre ses serviteurs et servantes du Palais. id., ib., VII, 18. — Tous lesquelz [religieux] en leur general dedans la pauvreté par eux vouée sont riches, car ils jouyssent de tous les biens qui leur ont esté ausmosnez. E. Pasquier, Recherches, III, 41. — sa seigneurie de Charronne avoit esté aumosnée aux Religieux, Abbé et Convent de sainct Magloire. id., ib., IV, 5. — Luy ayans esté prés de ce lieu quelques terres aumosnées, il y bastit… un petit Oratoire. Ip., &b., VI, 17. — L’ordre genéral qu’on observe en toutes ces fondations fut en faveur des pauvres Escoliers de leurs Dioceses, si c’estoient Prelats qui aumosnassent ce bien au public. id., 1b., 1X,16.— (Fig.). Tu as esteint tout l’ennuy Des guerres injurieuses.. O grand Roy non imitable, Tu nous aumosnes cecy, Ayant creu Montmorency Et son conseil veritable. Ronsard, Odes, I, 1

(Intrans.). Faire l’aumône. — En ce temps-là. l’Eglise ne tenoit en thresor de l’argent ou des meubles precieux, que pour aumosner aux pau. vres en cas de necessilé. Fauchet, Antiquitez, IV, 8. — Un Roy de France y apportant tant de resre diversement à unes et autres pour le recouvrement de sa santé, il ne voulut ou n’osa toucher à la portion congrue de one sa femme. E. Pasquier, Recherches, IV, 21.

Aumosnerie. Maison d’asile pour les indigents et les malades. — Ceux qui ont esté en Turquie É run bien que nous devrions mourir de honte. autant qu’il n’y a nulle comparaison entre nostre charité et leur pieté, si nous regardons à l’institution de leurs hospitaux et aumosneries. Gurce. Boucner, 309 Seree (IV, 261). — Ce Cardinal. faict habiller un sien serviteur en Medecin, l’envoyant à ceste Aumosnerie pour visiter les malades. id., b. (IV, 273).

Aumosnier. Celui qui distribue les aumônes. — Puisqu’il veult estre liberal… Ne sçait-il bouter en son lieu Ung aumosnier qui leur ordonne Leur pitance, sans qu’en personne Il y soit ? Gringore, Sainct Loys, L. I (II, 15). — Cestuy-ci je ne prise, Si aumosnier il n’est des tresors de l’Eglise. Du Bellay, Discours au Roy (édit. M.-L., II, 479). — (Fig.). Tant que vivray de moy seras aymee… Doulce aulmosniere de gracieulx regardz. Michel d’Amboise, Epistres et Lettres amoureuses, 107 vo. — Plustost nous penserions que nous venons pouvres à un bening aumosnier : malades, au medecin : pecheurs, au Sauveur. Calvin, Instit., XII, p. 649.

Faisant volontiers l’aumône, charitable. — Le bruyt a eu d’estre grant aumosniere. R. de Collerye, Epitaphes, 4. — Il estoit grant aulmoshier, et ne se trouva durant sa vie homme qui sceust dire avoir esté reffusé de lui en chose dont il ait esté requis, s’il a esté en son possible. Le Loyal Serviteur, Hist. de Bayart, ch. 10. — Il estoit grant aumosnier et faisoit ses aulmosnes secrètement. id., ib., ch. 66. — Hans Carvel estoit home docte, expert… charitable, aulmonsnier, philosophe. Rabelais, III, 28. — Bien que ce Roy soit magnanime et fort, Soit aumosnier, des pauvres le support, Pourtant son ame aux vices inclinée De trop de vin se verra dominée. Ronsard, Franciade, L. IV (III, 165). — Amour… a mis la courtoisie où ne fut jamais sinon une extresme avarice : je veux dire au sire Symeon, qu’il a faict devenir aumosnier. Larivey, le Laquais, II, 2. — Tout le monde luy faisoit aumosne… Or il y eut une damoiselle honorable et grande aumosniere, qui la print en son logis. Ambr. Paré, XIX, 25. — Chilperic manioit son Royaume d’une autre sorte que Guntchram son frere, grand aumosnier et liberal envers les pauvres. Fauchet, Antiquitez, III, 19. — Elle est… tant charitable, tant ausmonnière à l’endroict des pauvres. Brantôme, des Dames, part. I, Marguerite, Reine de Fr. et de Nav. (VIII, 76). — Grande aumosniere envers les pauvres… il n’y a religion des Mendiants qui ne se ressente de ses liberalitez annuelles. E. Pasquier, Lettres, XXII, 5. — Mes ausmonniers amis M’ont donné un linceul où mon espoux est mis, Aubigné, Tragiques, III (IV, 140). — Piteuse, diligente et devote Yverny, Hostesse à l’estranger, des pauvres ausmoniere. id., ib., V (IV, 218). — La damoiselle d’Yverni, docte et aumosniere… se sauvoit en religieuse. Aubigné, Hist. Univ., VI, 4.

Aumosniere. — Tel estoit celuy [le nom] qu’ils donnoyent à la bourse quand ils l’appeloyent Une aumosniere : lequel nom quelques femmes donnent encore aujourdhuy à leur boursette, pour la distinguer d’avec l’autre. H. Estienne, Precellence, p. 198.

Dans Lemaire de Belges, une nymphe porte une aumônière. — La noble Nymphe… fut ceinte dun tissu batu en or, tout esmaillé de pierrerie : auquel pendoit une ausmoniere faite à ouvrage desguille de merveilleuse façon. Illustr., I, 43.

Aumussé. Couvert d’une aumusse, — Gens aumussez n’avoient cure de sens. GRINGORE, les Folles Entreprises (1, 46). — Chanoine. Reiglé ou regulier.. heuré, confrere, aumussé, M. DE LA PorrTe, Epithetes, 73 ro. — Si l’on ne peut avoir la guiterre crossee, Il se faut contenter de l’avoir aumussee. ImBerT, Sonnets, 27 (G.).

Aune (féminin). — A l’entour d’une Aune {si droite et sans nœus qu’on l’eust jugee encor être l’une des seurs de Phaeton) êtoient encisés ces vers. VAUQUELIN DE LA FRESNAYE, les Foresteries, II, 9. — Cependant comme une Aulne au bord de son ruisseau, Philis tousjours croissoit, belle fleur admiree. 1n., Zdillies et Pastorales, 1, 3, — Aune. Fraile, verdoyante, infructueuse, haute, fueillue, ombreuse. M. pe LA PonrTe, Epithetes, 39 vo. — Là, nous verrons mainte bergere Dessous une aulne rivagere Filler au son du flageollet. Guy pe Tours, Mignardises Amoureuses (11, 36). — Autant qu’autre Arbre aquatique s’allonge l’Aune, en d’aucuns endroits appèllse Verne : aussi c’est toute la conformité qu’elle a à eux, estant singuliere en toutes autres choses. O. pe Serres, Théâtre d’Agric., VII, 10. — Du pied des pre Aunes tirera-on des rejettons enracinés. F0 0:

Aunoy. Aunaie, plantation d’aunes. — L’autre sera vent de l’aunoy Qui souflle au cul de la bergiere. Anc. Poés. franç., XII, 165.