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xv
préface

lasseté, lasseur et lassitude, — lourderie, lourdesse, lourdeté, et lourdise, — grosserie, grossesse et grosseur, employés tous les trois soit au sens de grosseur, soit, au sens de grossièreté, — infameté et infamie, — modesteté et modestie, — declinaison, declination et declinement, dans le même sens que déclin, — agilesse et agilitéaspresse, aspreur et aspreté, — duresse et dureté, — fermesse et fermeté, — grandesse et grandeur, — tristesse et tristeur, — rondesse et rondeur, — subtilesse et subtilité, — parlerie, parlement et parleure, — besterie et bestise, trainement et trainerie, criement et crierie, — couronnation et couronnement, — eclipsation et eclipsement, — effemination et effeminement, exhortation et exhortement, — murmuration et murmurement, — retardation et retardement, — vanterie et vantise, — tremblerie, tremblement et tremblis.

Parmi les adjectifs, nous voyons corrigeable et corrigible, — defendable et defensible, — taisable et taisible, — inflechissable et inflechible, — indigestif et indigestible, — nuisable, nuisible et nuisit, — funeral et funereux, — nuital, nuiteux, nuitier, nuitager, — geantal et geantin, — gigantal et gigantin, — printannal, printannin et printanier, — viperal, viperin et viperique, — racinal et racineux, — nopçal et nopcier, — bruyant, bruyard et bruyeux, — bonteux et bontif, — lamenteux et lamentif, — terreux, terrien, terrier, dans le même sens que terrestre, — estoileux et estoilin, — plombeux et plombin, — pourpret, pourpreux et pourprin, — myrthé, myrtheux et myrtin, — perleux et perlin, — nectaré, nectareux, nectarien, nectarin et nectarique, — celestiel, celestien et célestin, — sepulcraire et sepulcral.

Parmi les verbes : allonger et allongir, — abhorrer et abhorrir, — affoler et affolir, — aveugler et aveuglir, — profonder et profondir, — tousser et toussir, — latiner et latiniser, — favorir et favoriser, — asprir et asproyer, — apostater et apostasier.

Souvent des radicaux populaires sont en lutte avec des radicaux latins : corrompement et corrompure avec corruption et corrupture, — humblesse avec humilité, — meureté avec maturité, — prochaineté avec proximité, — sourdesse avec surdité, — comprenable et incomprenable avec compréhensible et incompréhensible, — corrompable avec corruptible, — voyable avec visible, — chrestienner avec christianiser.

Évidemment, toutes ces concurrences, dont le dénombrement serait interminable, devaient avoir pour résultat une forte réduction de notre vocabulaire. Certains synonymes se sont maintenus en se nuançant. Le plus souvent une sélection s’est faite, au hasard et inconsciemment, sans qu’on puisse distinguer pourquoi tel suffixe a été préféré à tel autre. Quelquefois, trop rarement, ce sont des mots sans suffixe qui ont évincé les dérivés concurrents, et la plupart du temps la langue y a beaucoup gagné.

Les suffixes du xvie siècle se retrouvent à peu près tous dans le français d’aujourd’hui. Mais il en est dont le rôle s’est beaucoup restreint. Ainsi le suffixe -ie existait dans beaucoup de mots aujourd’hui disparus. Déjà, bien avant le xvie siècle, il était en lutte avec le suffixe -erie, créé par une fausse analogie. Chanoinie et chanoinerie sont tous deux éliminés par canonicat. On trouve doctorie et doctorerie, — friandie et frianderie, — gloutonnie et gloutonnerie, — gourmandie et gourmanderie, — clergie et clergerie, — pastourie et pastourerie, — payennie et payennerie, — renardie et renarderie, — sottie et sotterie. Marchandie cède la place à marchandise, couardie à couardise. — Le suffixe -ise a plusieurs fois remplacé -ie et -erie. Il est d’ailleurs encore très vivant maintenant, mais il a perdu un certain nombre d’emplois : nous ne disons plus bigotise, galantise, mignonnise, neantise, opiniasirise, vaillantise, etc. Le suffixe -is a été bien fâcheusement remplacé dans des mots comme brouillis, froissis, gazouillis, soufflis, tremblis, tremblotis. C’est un