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AFFETÉ
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au premier des loix, que Minos et Rhadamanthus ayant este les plus anciens egis ateurs des Grecz, Loys le Roy, trad. des Politiques d’Aristote.

Affermer (subst.). — C’est un refus, qui asseure et afferme ; Un affermer, qui desasseure et nie. Melin de Sainct Gelays, Poesies, I, 83.

Affermer 2, S’affermer à. Prendre à ferme. Fig. fréquenter assidûment. — L’annee apres, 1579, les eaux furent, rendues bonnes et douces, ca.use que l’annee fut pluvieuse . . . mais parce que le vin n’estoit pas cher ceste annee-là, comme la precedente, on ne s’afferma gueres aux puits et fontaines. Guil. Bouchet, 2e Serec (I, 68). — Nostre beuveur d’eau . . . va dire à un sien voisin, que demain matin il ne faudroit d’aller mettre aux fontaines et aux puits de beaux bouchons de lierre, et qu’il en seroit le fermier . . . Toute telle apparence que vous trouverez au lierre . . . soyez seur de la rencontrer en la vigne és vendanges suivantes. Ce qui nous servira, ce disoit le voisin au beuveur d’eau, pour nous empescher de nous affermer à vos belles tavernes, faisant provision de vin durant la bonne vinee, encontre la mauvaise, Id., ib., (I, 81).

Affermir. Cicatriser, — Voicy le bea.0 tresor, qui n’a point et n’aura son semblable en l’Eglise de sainct Marc. C’est . . . celuy qui pourra guarir et affermir vos playes. Trad. de Folengo, Merlin Coccaie, L. IX (I, 245).

Afferrer. Afferrer le port. S’y attacher, jeter l’ancre, — Par maint orage ay secouru fortune Pour afferrer ce Port tant desiré. Maurice Scève, Delic. 39.

S’afferrer. S’accrocher. — Au troisième abord et combat, les petites [galères] vindrent de front pour s’investir et s’atterrer rune à l’autre. Brantôme, Cap. franç., le grand roy Henry (III, 255).

Affertiler. Rendre fertile. — Que le Nil dégorgeant sos nourricières eaux Dans le sein de Tethys, par sept larges canaux, N’affertile, bourbeux, du limon de son onde, L’Egypte quo ton sang laissera plus feconde. R.. GARNiSR, Poreie, 137. — Si tr011sjOurS les cousteaux, rneurtrierement trenchans, De nos corps moissonnez affertilent les champs. Id., ib., 890. — Et ne feront les Dieux.„ Que les bonis Senateurs, qui aux Libyques plaines Et aux champs Espagnols, in domtez capitaines, Gardent l’espoir Romain, affertilent les ch.arnps Des ennemis domptez par leurs glaives tranchans… Cornelie, 645> — Dieu te gard, saincte Paix, Qui repais —De ton miel la terre et l’onde Tu e.s l’effroy des meschans Et les chans Affertiles mieux fmonde. P. MATTHIEU, Anzan, Vt p. 124.

Affessiner. Tasser. — Puis aprés que l’on voit l’herbe estre assez fanée, Et que sa verdeur est en bon foin retournée, Le plus fort de la troupe en un 1..a.s l’emmulant, Pour l’affessiner aux pieds le va fo-tillant, G A U.0 RET, Plaisir des Champs, l’Esté, les Foins.

Affessy. — Le pareil advient au cerveau . . . car, estant de sa nature humide et froid, après qu'une forte et longue imagination y a attiré la chaleur des esprits, il se ressent d’une telle emotion ; et lors, quelques fois aydé des vapeurs qui sont montées aprés le repas, quelques fois par le moyen de la bile froide, laquelle y est attirée, comme il advient aux hommes melancoliez, ou bien affessy de soymesmes, il vient à rechasser les esprits contre bas vers le cœur. Cholières, 1re, Ap. Disnée, p. 32.



Affetardir, Amollir. — Ceste maladie l’a tant affetardy que tout le monde l(abhomyne. Palsgrave, Esclarc., p. 631.

S’affetardir. S’amollir, devenir paresseux. — Ces communs belistres se affetardissent tout à propos. Palsgrave, Esclarc., p. 625. — Fy, que tu t’es affetardy depuis que je te congnus premier. Id., ib., p.. 775.

Affeté. Ce mot parait être une variante tantôt d’affaiié, tantôt d’affeca. Il n’est pa.s toujours possible de discerner a_uquel des deux il convient di. le rattacher.. Voir Affaiier et Affecter. Joli, gracieux. — Jamais tu n’y aii.rras que hien. La femme dira « Mon fallot, Mon affetté, mon dorelot, Mon petit cueur, mon petit foye. » Sottie’g, Ill, 143. — Le rnary… devint amoureux de ceste charnbriere, jeune, affetée, et gra, ssette. Comptes da Monde adventureux, 6. — Le chaperon approprié. mistement en sa carrure De sur Ia polie voulturo De son petit affeté front. Baïf, Passetemps, L. I {IV, 220). — Leurs robes fort. courtes… rnonstrent à plein leurs belles jambes et belles grèves et leurs piedz affettez et bien chaussez, BRANTICuilE des Dames, part.. II (IX, 323-324), Habile à parler. — Ny n’entroit en leur païs aucun affetté rhetoricien pour enseigner à finement plaider. AriprvoT, Lycurgue, 9. — 0 comme elle est fine freteef 0 qu’elle a la. langue affelee ! Et comme elle a. donné son cas Au Capitaine Taillebras I Baïfe le Bra9e, IV, 4. — Mon Dieu quelle lanFue affeteo, Comme elle parle, elle dit d’or. Belleau ? la Reconnue, I, 3. — Les Atheniens toient à choisir dt :, i deux architectes, à conduire une grande fa.brique ; le premier> plus affeté, se presenta avec un beau discours. Montaigne, I, 25 (I, 210).

[Langage] habile, éloquent. — Des advocatz chanceliers ont esté Par leur parler bien propre et affeité. DelAno. E NAV., Dern. Pi9é3„ les _P’risons de la Reine de NaP" p. 161. — Ne te laisse tromper à. l’affetté la_nga.ge De plus jeune que toye mais excuse par rage Le peu d’experience et le peu de raison. AUBIGN É, le Priintein, 9e Ili 17 (III, 107). Affecté, recherché. — Pericles… prit… une grandeur et hautesse de courage, et une dignité de langagre, où il n’y aTy-roit rien d’affetté, de ba.s, ny do populaire. ArioiroT, Périclès, 5. — Ce langage est par trop affecté, el tel qu’on le peut bien aussi a.ppeler arfetté. — Vous orrez do.nc souvent en la cour du langage que vous jugerez estre affecté et affetté. — Peut estre que mon jugement se trouvera bon, et qu’il ne se faudra esbahir si ce Ia.ngage est affetté, sortant des la.ng-ues affettees. EsrIENNE, niai. du. lang. franç. ital., 11, 125. De tout temps j’ay apprins de charger ma main et à cheval et à pied, d’une baguette ou d’un haston jusques à y chercher de l’elegance, et m’en sejourner, d’une contenan.ce affettee. MCINTAIGNE, II, 25 (III, 97)1. — C’estoit quelque façon de chaussure qui coureit de ce. temps-là, qui estoit par trop affettée, et peu séante aux prudes ferrariCS. Brantôme des DaineS, part. Il (IX, 311).

Raffiné. — Les plus affetez et delicatz se perfumoyent tout le corps bien trois ou quatre fois par jour. Montaigne, I, 4.9 (I, 40.7).

Qui cherche à séduire, apprêté, disposé pour séduire. — Ton afeté regard. sçait si bien m’attirer, Qu’à grand peine je veux ma veue en retirer. Rivaudeau, Aman, V (p. 124). — Et ses yeux atrayans [de la Voluptél, qui çà et là branloyent, D’un regard afetté sans fin etinceloyent. Baïf., Poemes, L. (II, 413), — N’imitant celles-là, qui par lascives danses, Par regards affettez, par