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AFFECTIONNEMENT
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si grande affection, que bien souvent y dei-flouroit deux et trois mois entiers tout de suitte. Id., Démosthène, 7. — 11 avait la voix. bonne et forte, mais elle estoit —un peu rude, et non encore bien forme et pour la vehemence et l’affection de son palier montoit tousjours et esclattoit jusques aux plus haultî tons. Id., Cicéron, 3. — Et n’y avoit celu.y en la cour, qui de gran.de affection ne se meist à l’estude des lettres et de la, Philosophie, DiO7Z 13. — Il n’y a.voit ne charge ny estai… auquel la. Noblesse pretendist avec ta.nt de desir et d’affection, qu’elle faisoit à l’ordre [Saint Michel]. Montaigne, II, 7 (II, 69). D’affection.. Avec ardeur. — Telle est la generation Cherchant, cherchant d’affection Du Dieu de Ja.cob la, presence. Marot, Ps, de David, 24. — Un advocat en parlement… plaidoit une cause deva, nt le president Lizet… et, parce que c’estoit une cau.se d’importance, il plaidoit d’affection. DES PÉRIERS1 NŒW. Réer., 17. — Vineus, Vegba, bis-tu Si j’a.y de ma. Princesse au cœur l’ima.ge empreinte ? Si sa vertu j’adore, et si d’affection Je parle si souvent de sa perfection… ? Du BELLAT Regrets, 177. dilection, C’Jroût, mode. — Messire Antoine, chaussé selon l’affection, paya le cordonnier à son mot. Comptes du. monde adventureu_x, 26. Affectation, recherche. — Pa_r soupirs redodblez, ou par affection D’un langage fardé de vaine passion. Belleau, Petites Inventions, Cartels (I, 151). — Mon langage n’a rien de facile et fluide : il est aspre, ayant ses dispositions libres et desreglées. Et me plaist ainsi, sinon par MOCI jugement, par mon inclination. Mais je sens bien. que pa.r fois je m’y laisse trop aller, et qu’à force de vouloir eviter ! l’art et l’affection, j’y retombe d’une autre part_ MONTAR ; NE, II, 17. — Je veux que toute damoiselle le trouve [le gentilhomme] d’une grace asseuree et douce, sans toutesfois aucune affection. FRANçois D’AmBoisE, Dial. et Devis des Damoiselles, I, 136 vo. — Jesus Christ nous oommande de nous chastrer pour le Royaume des cieu.x, et nou.s arra.cher les yeux s’ils no-us scandalisent. : F3. Il fuL respondu que ce sont manieres de parler pleines d’affection : et que Leontius Evesque de Laodicee, pour l’avoir faict actuellement, fut. pu.ny en PE’glise. BOUÇUETi 19e Seree (III, 11n). (Prononciation.) — Estant à Ia cour j’eusse pron.oneé Aficition ear la plus grand’part des courtisans prononce ainsi, Atiettion et Affettionné. — Verden hien, c’est la pronontiation Italienne qui est en vogue. II. ESTIENNE, Dial, du. lang, franç. ital., 2119. AffectionnemeDt> Avec ardeur. Les joya.ux, heritages, in autres richesses, avant qu’estre possedees, sont affectionnement desirees, m.ais non encore a.y.mees. Pori Tus DE TYARD, trad. de l’Amour de LiRoN FIEBElEti„ Dial. I, p. 2. Plus outre encor pour vous faire service J’iray, Madame, affectionnément. JODELLE, ks Amours, S. 15. Instamment. — Je priay lors affectionnément de se déporter de cette opinion que festoie Uri jellTie homme qui commençois de pousser ma fortune, et ne m’y voulust fai.re aucun obstacle. E. Pasquier, Lettres, XXII., 12. — Estant donc arrivé au logis de la duchesse de Beaufort où l’on attendoit le Roy, deux Gentilshommes de marque le prierent affectionnement de remonter à cheval pour la fureur où le Roy estoit contre luy. Aubigné, Sa Vie à sesenfanas (I, 68). Affectueusement, vivement. — Et serois digne d’estre couché a.0 chapitre des plus ingrats qui furent oncques, si en deffaut de Peffect, pour le moins je ne vous en rernerciois affectionnément par lettres. E. Pasquier, Lettres, 113. 8. — je. vous remercie affectionnément des vers par vous Caicts en mon honneur, ib., XVIII, 8.

Affectionner. Affecter, émouvoir, pénétre.r de tel ou tel sentirnent. — Le tout representé si vifverrient qu’en le lisant nous MIS SeritOrIS affectionnez. comme si les choses n’avoient pas esté faictes par le passé, ains se faisoyent presentement. Amyot, Vies des hommes illustres, Aux Lecteurs, — La vertu… rend l’homme qui la cognoit affectionné de sorte, que tout ensemble en treuve les actes beaux et desire ressembler à ceulx qui les font. ID" Périclès, 2. — [Lysandre] s’estudia de les rendre encore pirement affectionnez envers Callicratidas. Id., Lysandre, 6, — Si se trouva la commune troublee de ce meurtre, et les Chefs des deux parts diversement affectionnez. ID, Cajus Gracchus, 13. — La langue affectionne les personnes et Ies contraint à aymer. E. Pasquier, Colloques Amour, 2 (11, 797).. — Le jugement de nostre conscience nous porta.nt tesmolgnage au contraire, empeschera que telles louanges ne nous affectionneront, ny ne nous attain-, diront point a.0 vif, el. consequernment le flatteur ne nous en pourra. surprendre. Amyot, Comment on pourra discerner le flo.tteur d’avec l’amy, 12, — L’amie selon qu’elle est affectionne° dispose et altete aussi le corps. Id., Propos de table, V — Le plus gentil moyen d’y parvenir [à assujettir les sauvages]… est de s’amommoder à leurs ligues et partialitez, querelles et inimitiez, selon qu’on les verra affectionnez vers quelque peuple leur ennemy. THEVET Cosmogr., XXII, 5.— L’aine. selon qu’elk, est affectionnee, d’ennuy, ou d’en-vie, ou d’avarice, altere le corps de l’homme, BoucfiEr, 17e Gerce (11I, 164).

Désirer, chercher la obtenir. — Poursuivant ma pointe, luy remonstra.y qu’estant Prince qui altouchoit la_ Couronne de si prés. n’avoit que trop de grandeur, sans en affectionner d’autres par ces voyes extraordinaires. fil. PASQUIER, Lettres, XII, 2. — Combien qu’il feust jeune et fils de Roy, consequermnent que par un bouillon de son aage, il deust a.ffection.ner la couronne, toutesfois il fui. tant retenu aprés la mort du Roy Robert son pere, que Raoul Duc de Bourgongne son beau-frere a.yant esté esleu Roy, il ne fit jamais contenance de s’y opposer, Ire., Recherches, VI, — Le Chancelier voyant que le Roy affectionnoit la, condamnation de leur prisonnier, commença de se roidir contre son innocence. Id., ib., VI, 9.

S’affectionner. S’attacher, s’obstiner. — Ce sont les Climats qui par influences celestes donnent ioy à la. Terre, à laquelle on ne doit s’affectionner à faire porter autre ch.ose que ce qu’ils luy perm.ettent. O. DE SERRES., Th.éâtre d’Agric., I, 4, Où les froidures regnent trop longuement et trop violemment, ne faut s’affectionner’à_ planter la Vigne, laquelle n’y pourroit venir. Id., ib, , III, 2. — Le roy s’affectionnoit et s’opiniastroit à ce siege, B RArerÔ >Er, Cap. franç., le roy Charles VI/I (II, 321). — Les impérialistes s’affectionnoyent à la guerre contre le Turc, AxiBirGbrÉ, Hist. Uni’e., I, 13.

S’affectionner de. Se prendre d’affection, d’amour pour. — Outreplus l’amoureux soy mesnle s’abandonne Et se baille à celuy dont il s’affectionne. An, JAMTN,.Difference d’Amour et de Mars. —Si je ne voulois Vayrrier, et si je ne pouvois m’affectionner de toy. N. DE MorcrREui, ler Livre des Hergeries Journ, IV,