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AFFECTERIE
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exemples ci-dessus, on aperçoit très nettement, soit. le sens de désirer, soit celui de prétendee à, mais quelquefois aussi on peut hésiter entre l’un et l’autre.)

(Avec un infinitif complément, précédé ou non d’une préposition. Affecter, affecter de. Désire.r, chercher à, prétendre à — Les fiers Géants (comme on dit) ailecterent. R.egner aux cieulx, et contre mont dresserent, Pour y monter, mainte montagne mise L>u.ne sur l’autre. PIFIA ROT, trad. du liv. I de la Metamorpho$e. — En icelle verras et liras comme en ung mirouer ce que desireras et affecteras de sçavoir. P. DE CHAN GY, de VOffice Mary, 14. — De peu à. peu à grand bien on par vient Quand par labeur d’estre riche on affecte. CORROZET, Fables d’EsopE, 79, — Nous, qui. ordinairement affectons plus d’estre veuz sca.vans que de liestre, Du BELLAY, Deffence Ci I litetratiOrel I — [Empédocle] affectant de laisser l’opinion de lui envers le c.ommun, qu’il avoit esté, enlevé… à. la dextre du haut-tonnant… se jetta luimesme dedans le goufre d’/Etne. TAuuREAu, 213 Dial. Deinecritic, 175476. — J’affecte plustost voir nostre dolente. Ranime Serve des volon tez de qu.elque Prince doux, Qu’obeir aux fureurs de te5 Scythiques Lous, R.. GARNIER, Percie, 564, — Es courses Gymniques… s’il se trouvoit quelque gaillard, quelque dispos et deliberé coureur, affectant de gaigner le premier honneur. VA C, : 1Q If ; E Lui. DE LA FB.ESNATE, De ne crûire à la calomnie. Je les exhorte à l’amour de Dieu, à estre ardents, pathétiques et constans en sa cause, pour elle faire jonchée de la vie et des biens, : affecter de perdre tout pour celui qui a tout donné. Testament d’AGRIPPA. (I, 119). — N’affecte d’habiter les superbes maisons, Mais bien d’estre à. couvert aux changeantes saisons. AuniaN Tragiques, II (IV, 1M. — Une des causes pour lesquelles le roi d’Espa_gue a.ffecta de faire passer le duc de Parme au. Pays-Bas… fut pou.r l’eslongner d’Italie. Id., HiaUnù.J., VIII, 21.

Affecter que. Rechercher que.. — Je me prens fermement au plus sain des partis. Mais je n.>affecte pas qu’on me remarque specialernent cimemy des autres. MoNTAIGNE, 1E1, 10 {TV, 1.35).

Affecter. Aimer, être attaché à. — Non que je ta.nt blâmer les amateurs do la poësie, que je n’approuve bien leurs écris… pardonna.nt… à ceux qui ont donné en leurs œuvres quelque louange aux dames qu’ils avoyent aftectees, si elles le meritent. rrAHLTRIZAU, ler Diai.. du Dernocriiie, p. 14. — Chariiee… jamais ne se met. toit en telle dispute… san.s outre-passer un petit les bornes dc raison, et se mettre à courir Ia poste, tant luy estoit ceste cause 0.ffectee. E. PAS Q Monophile, L. I (II, 737), — L’empereur Commode… avoit Martia. pour la plus affectee de ses con.cubines. LOYS LE Roy, trad. des Pditiques d’ARIsToTE, V, 10, Commentaire. — Si le roy aymoit Pexercice des cheva_ux. pour le plaisir, il les aymoit bien autant pour la guerre, laquelle il affectoit fort, et s’y plaisait grandement. BRA.NTÔM Et Cap. franç., le grared roy Henry II (111> 276). Toutesfois dans son âme ne l’affecta-il point tant, ny carressa le comme d’autres ca.pitaines de.ses compagnons. In, , ib, , ite cle la Trimouille (II, 299). — Les royaux secrets qui estoyent en la ville osèrent penser et dire pour le parti qu’ils affectoient. Aubigné, Hist. Univ., XIII, 9. S’affecter. S’attacher. — Mon Fere, je vous veux complaire en. toute chose. Vostre commandement de mon vouloir dispose. — C’est parier comme il faut un debonnaire enfant Ne s’affecte à cela que son pere defend. R. GARNIER, Antigone, 1967. Je ne me suis non plus affecté à rechercher curieusernent les authoritez de beaucoup d’autheurs. TABICIIIIROT D ES ACCORDS" les Bigarrures, Préface. Affecté. Attaché., affectionné. Aucuns envieux de vostre gloire, ou trop affectez à celle d’aucuns vos predecesseurs, blasmoient en VOUS ce qu’ils deb-voient louer. SE YSSE.L, Hist, de Lobrys XII, Presrne. — Ventends (respondit Pantagruel) et me semblez bon topicqueur et affecté vostre cause.. Rabelais, 5. — Je ne VOUS pas dire qu’il faille delaisser pour cela d’estre affecté à la vertu. TAHU REAL], 2eDial. du Deumcritic, p. 172. — Il s’en est trouvé de tant affectés à l’immortalité qu’eux mesmes se sant voulu faire estimer diens. Id., ib, , p. 175. — Ils estoient mollit affectés à leurs foies persuasions. Id., ib, p. 179. — Dieu fait beaucoup pour nous avoir donné un Roi si curieux de la vertu, si vaillant à la guerre, et ensemble tant affecté aux amis de la science. Id., Oraison au Roy, — Il [Birague] estait très bon François et bien affecté à la couronne. Brantôme, Cap. franç., ie maresehal de Bourdillan. (V, 77). — il [Henry II] jura„ qu’il iroit par ses gal/ères en la mer de Toscane, et de là à. Sienne, pour voir cette ville si affectée’à soy et à_ son party. Id., des Darn.es, part. II (IX, 417). Mal affecté. Hostile. — Contre l’opinion de quelques uns mal affenez à l’ancienne Religion Romaine, qui ont osé dire, mesmes prescher en nostre France, n’y a pas long temps, que les Papes ont introduict tous les premiers le sacrifice de la Muse.. THEver, Cosin.ogr.., XII, 2. (Prononciation.) — Quant’à. l’autre fa, ute e elle est cause qu’an trouve leur langage encore plus affecté ou affetté qu’on ne le trouveroit. Il. EsTIE DiN E, Die du lang. franç. ital., 11, — A pro-pos d’Affettion pour Affection, comment font ces messieurs les courtisans, quand leur faut prononcer Affecté ? car maugré qu’ils en ayent, il faut, qua.nd ils viennent à ce mot, qu’ils le prononcent ainsi, Affecté., non pas Affeité, d’autant que nostre langu.e met differerwe entre Allecté et Affalé:encore q-ue ce mot soit pris de eestuy-là. In., ib., 250.

Affecterie, Affetterie.

Affectif. Affectueux, aimant. — Par quoy de cueur très affectif Vous logeray da.ns mon repaire, Si d’y loger avez motif, En vous traictan.t comme mon. père. Anci _Poids. franç., V, 178.

Exprimant ou excitant l’affection. — Diegue Stella… en a fait un autre [Traité de l’Amour de Dieu] grandement affectif et utile pour l’ora.yson.. StFRANÇOIS D n SA LES, Ain-our de Dieu, Preface.

Affective (subst.). A Élection, sentiment. — Je sçai que ces pensees ne vous seront pas nouvelles; maïs il faut que. la façon de les faire soit nou.velle en la presence de Dieu, avec une tranquille atten tion, et plus pour esmouvoir l’affective que pour esclairer l’intellective. St FRANÇOIS E SALES, Lettres, 230.

Affection. Sensation. — Les Cyrenaïques te’layent, que rien n’estait perceptible par le dehors… ne recognoissants ny ton, ny couleur, mais certaines affections seulement, qui nous en venoyent. MoriT.A..1c.NE, II, 12 (Hi, 359).

Ce qui affecte, ce qu’on éprouve. — Je laisse à dire les deuils, ]es maladies, et les autres aire.c-lions qui dominent esgaiernellt aussi bien sur eux que sur le vulgaire, F.. BaErniir, , tra.d. de LUCIEN, Caron, 18.

Sentiment, émotion, passion. — Le Roy Priam,