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ADEVINER
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Sans aucune couronne, et, toutes a.deulées, Cou- vrés-vous d’un drap noir. TAI-11L1 REAL’, Poesies, II5 218.— Au poinct du jour vois y Un Passant a ma porte adeulé de soucy, Qui de la triste mort m’an- nonça la nouvelle. Ro NSARD, Sut la Mort de Marie (I. 210). — Nous est-il rien resté qu’un esprit ge- missant, Qu’un esprit adeulé dans un corps lan- guissant ? R. GAnNiFin, Juif’es, v. 470. — La petite Bergere en pleurs se consommoit, Et pour u.ne aignelette adeulee formoit De si tristes re- grets. Du MAs, Lydie, p. 7. — La renommée de. telle esmotion court viste aux Enfers, et estant fort adeulée se pieint aux oreilles de Lucifer, Trad, de FOLENGO, Merlin Coccaie, L. XIX (II, 154), Triste (en parlant des choses). — Funerailles. Tristes, pleureuses, adeullees. M DE LA PORTE, EpitheleSi 185 v°. — Je ne sça_uroi chanter en un temps desplorable> Ains, au lieu de chanter, je voudroi seulement Souks un vers adeulé déplorer tristement Le malheur de la France en son mal incurable. P. DE BRACHI Poemes et Meslanges, L. Ill, S. 21. — J’os-Leray ces habits adeullez de tristesse. P. MATTIIiEu, Aman, In (p. 64). — Les Malles de Sylla du Tombeau qui les charge Sem- blerent se jetler par la campagne large, Et d’un chant adeulé et murmure incertain Presagioient les ma.ux qui vienclroient au Homain. LE LOYE ft, Hist, des Spectres, III, 16. Cf, Mue ille. Adeviner, Deviner. — Adevinez combien les vea.ulx Que la jument a cochonnez„ uantes oreilles et quans piedz Avoit une cha.scune este, Sotties, H. 186. — Comment cela ? — Or adevine. Ib., III 333. Adextré. Adroit, habile, — C’est une dame en faictz et dietz adeNtre, C’est une dame ayant la sorte d’estre Fort bien traictant un loyal amou- reux. MA ROT, Rondeaux, 42. — Un moine claus- trier nommé rrere Jean des Entommeures, jeune, planant_ bien à dextre.. HABELAIS1 1, 27. — Jamais celuy que les belles chansons Paissent ra- vy de l’accord de tes sons Ne se doit voir en es time pour estre Ou à l’escrime ou à la luitte adestre. RONSARD, Odes, 1, 22. —Quand un homme aura travaillé, qu’il aura eu bon esprit, et adextre, qu’il aura esté vigilant, qu’il aura suyvi les bons moyens.„ il semble bien qu’on iuy fait tort di dire pli’n’a rien fait, et que cela est un don gratuit de Dieu. CALVIN, Serm, sur le Douter, , 61 XXVI> 630). — Compains, que le plus adêtre Vienne voir par la fenètre. VAUQUELIN DE LA FRESNAYE, Fo- resteries, I, 7. — Tousjours la harquebuze, ou. la paume champestre, Ou l’escrime qui rend une jeunesse adextre Me retient en travail tout. le jour arresté. ItergsAnD, Amours de Marie (I, 152). — Qui, bons Dieux ! sloseroit promettre D’estre gaigner un prix a : dextre Tant que Paschal qui tient en main L’honneur du mieux disant Ro- main lMA_GNY, Odes, 1, 102. — Ir ta charge il tamil estre Riche> vertueux et adextre> Pour ser- vir dignement nu Roy. ln., ib., II, 199. — Cha- cune portant en sa dextre L’instrument dont elle est adextre. R. BlibLLEAU5 Amours des pierres pré- cieuses, 1’Agate. — Aux jours (estez la jeunesse champestre Passe le tans à mille jeux adestre. RAÏF, Poemes, L. I (II, tif). — C’est beaucoup la vertu cognoistre. C’est bien plus de se faire adestre A I’executer quand an l’ha. IDui Mimes, L, I I (V, 1O5). — Tout cela rend la personne plus robuste et adextre. LA NotlEiDisc pol. et mil., V, p. 152. — Loba… prist avec lu y un sien compai- gnon d’armes… tort adextre et prompt à charger son harquebuz et à tirer un’arquebusade. BRAN- TômE, Rodomontades espaignolles (VII, 25). — Le roy et toute sa court. en furent en très-grande ad- miration et estannement, pour veoir une telle beauté si adextre à cheval. ID., des Dames, part. I, Diane de France (V111, 142). Le mot adextre peut aussi exprimer certaines idées voisines, se rattachant d’une façon large à celle de l’adaptation à —une fin, de la conformité à un type parfait. Il s’applique par exemple à un cheval bien dressé. — Le valet est monté sur un cheval adestre, Et bien souvent à pié marche le pauvre maistre. BELLEAU, Disc. d-e la Vanité, 10. — Il indique la grâce et l’élégance du maintien., de la tournure : En vous y a quelque grace qui tire Les tueurs à soy. Mais laquelle peult ce estre ? Seroit ce point vostre port tant adextre ? MAROT, EiegieS, 9. — il s’applique encore à la toutepuis- sa ne qui ne fre’amais en vain : De l’ter- nel la main adexapptre S’est eslevée à ceste foys Dieu a fait vertu par sa dextre. 1D, 5 Ps, de Daçéid, 45, Mal adextre. Maladroit. — Parqua tonna, et de tout son pouvoir Darda la foudre avecques le bras dextre Sur le nouveau charretier mal adextre. MAROT, tract. du L. 11 de la Meta.m. J’estois aveugle, Amour, mal appris, mal adestre. BEL- LEAU, Bergerie, 2e.1 ourn.„ Baisers. — Par art se faut garder des arts mechants Pour ce ne suy, lourdaut et mal adêtre, Ces metiers là qui font pendre leur maitre. VAUQUELID.1 DE LA FRESNAYE„ Sat, franç., L. III, à J. A. de Baïf. Adextrement. Adroitement. — Avec force artillerie, de laquelle je eroy bien qu’ils ne se pou- voient a.dextrement ayder. Tu EVET Cosirlogt., — Usa fts d’arcs et flesches… desquels ils s’a dent fort adextrement. ID., ib., XXII, 7. — La thambriere lu y promet merveille. Souz ceste asseurance, 1 a mais tresse biaise sa pratique fort adextrement. CHOLIÈRES„ V Matinée (p. 163). Adextrer 1. Adextrer dei Marier à. — La fille attend que son pere l’adestre D’ung beau mary, gentilhomme et. adextre (littéralement : place à sa droite un mari). COLIN BUcHEik Poeke8, 219. Emre adextré de., Avoir à sa droite. — Ceste figure dernière est une grande roue maniee par Fortune. Sur le hault de laquelle siet maistre Re- [tard : adextré d’Orgueil et à senestre de dame Quille. FAUCHET, Langue et Poes+ /rafle., I I, 124. Adextrer 2. Exercer, rendre adroit, habile. Or avoient ilz en leur armee un grand nombre de paysans et de gens mecaniques… Iesquelz iiz adextroient aux armes. SEYSSEL, trad. d’APPIEN, Guerre inilhriclatique, 3. — Et ne se peult le OCR- til-horrirne tant desvoyer de ses bonnes entre- prises que cestuy : ains semble ceste chose estre bien souvent cause de l’adextrer et aguerrir. E, PAsQuIE Ri le Monophile, L. Il (11, 771)+ — On l’adextre à la danse, Au chanter, au parler. MA- Griy, Souspirs, S. 57. — Et bien que le ciel ne m’ayt. faict Le present d’un luth si parfaict Que celuy que Caries entonne, Et qu’il n’ayt adextré mes doigtz Comme au Pindare vandosmois, Qui rien que celeste ne sonne. ID., Ois, I, 14S. — Tu peus suivant ton nom d’un tel arc estre archer, Mais tu n’eus tel plaisir à si bien décocher, Comme à bien adextrer à tel arc la jeunesse. ! Ici- DELLEe Tombeaux, à l’Ombre de M. Simon P Ar- the’. — Ce char branlant premier soula.cieux esbat Est. soudain adextré au Martial combat. MAuRlIGE SCÈVE, Microcosme, L. 1 I, p. 49. — On les adex trait à manier les armes, piquer chevaux, et à tout honneste exercice. THEFET, Cosueogr., II, 2. — On leur fait apprendre dés l’aage de sept ans