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BARBOTÉ
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patient, qui presentant sa playe au barbier…. souffre courageusement la sonde et la lancette. Du Vair, Medit. sur les Ps. de la Penitence, Ps. 31. — On se print à parler du mal des dents et des Barbiers qui les arrachent. Guill. Bouchet, 27e Seree (IV, 177). — Par ainsi se rendirent à la ville et chez un barbier, et le fit fort curieusement penser, dont il se guérit. Brantôme, Disc. sur les Duels (VI, 341). — Voilà mon maistre qui s’est blessé en une jambe ; il faut que je luy aille querir un barbier pour le penser. id., ib., (VI, 483).

Le Roy des Barbiers. — Le Roy des Merciers avoit l’œil sur les poids, aulnes et mesures des Marchands. Le Roy des Barbiers, sur tous les autres Barbiers, ores qu’ils fussent passez maistres en leur mestier. E. Pasquier, Recherches, VIII, 44.

Barbier d’estuves. — Je suis fort bon barbier d’estuves, Pour raser et tondre maujoint. Anc. Poés. franç., I, 84.

Barbier de maujoinct. — Le pape Calixte estoit barbier de maujoinct. Rabelais, II, 30.

Gloire de barbier, glorieux barbier. Dans ces expressions proverbiales, gloire signifie vanité, et glorieux vaniteux. — S’il [le duc de Guise] trouve un marchand par la rue, Le gueux, la vieille, ou l’artisan, Surtout un Prestre, il les salue ; Mais s’il rencontre un Courtisan, Il saute à bas le premier, voire Deust il descendre en un bourbier, Et si cela se faict par gloire, Ce n’est pas gloire de barbier. Aubigné, Pieces Epigrammatiques, 6. — Pourquoy dit-on glorieux barbier ? Beroalde de Verville, le Moyen de parvenir, Consistoire (II, 77).

Lexive de barbier. — Prenez chaux vive trois livres… laquelle sera esteinte en un sceau de lexive de Barbier. Ambr. Paré, XXV, 32.

Barbiere. — Mardon, et Cardion, eunuques de Cleopatra, et… Irades sa barbiere, qui estoient les principaulx personnages par lesquelz Antoine se gouvernoit. Seyssel, Guerres civiles, L. IV extraict de Plutarque, ch. 2. — Et y en a eu aucuns qui y ont laissé la marchandise, le navire, la chair et les oz, si doucement la barbiere a sceu mener le rasoir. Le Maçon, trad. de Boccace, Décaméron, VIII, 10. — Estant fort beau jeune homme, advint qu’une de ces barbieres qui se faisoit nommer madame Blanchefleur… jecta l’œil sur luy. id., ib.

Barbiere d’estuves. — Fort bonne barbière d’estuves Pour raser et tondre le cas. Anc. Poés. franç., I, 103.

Barbier 2. Sorte de poisson. — Les barbiers, quand l’un de leurs compagnons est engagé, mettent la ligne contre leur dos, dressans une espine qu’ils ont dentelee comme une scie, à tout laquelle ils la scient et coupent. MonTaiïcne, Il, 12 (II, 205).

Barbile. — Barile est nommé l’arbre qui est né du noyau de pesche. A. Pierre, Const. Ces., X, 13, édit. de 1543 (G.).

Barbillonné. Garni de barbillons, barbelé., — Le fer a trois coings de cinq poulsees de long, barbillonné de part et d’autre. ViIGENÈRE, Comment. de Cesar, Annot., p. 44 (G., Compl.). — Il tumba mort de dessus son cheval, emportant en ses reins mon javelot, lequel je ne pus retirer a cause qu’il estoit barbillonné. J. ne Mercey, Mém., an roc Compl.). — Entre les œufs, on grave des dards, barbillonnez de costé et d’autre. E. Biner, Mere. de nat., p. 420, édit. de 1622 (G., Compl.).

Barbillonner. Chatouiller. — (Fig.) : Quand les Moines disnent il y en a un qui est en chaire, qui leur fait lecture des actions des Satrapes, et ainsi legendant il barbillonne les oreilles de ses confreres. BEROALDE DE VERVILLE, le Moyen de parvenir, Article (1, 306).

Barbin. Barbe. — Sa teste [de l’aigrefin] est grosse, n’ayant que petites dentelettes, et un court barbin dessoubz le menton. Belon, Nature des poiss., p. 218, édit. de 1555 (G.).

Barbite (βάρβιτος). — Plusieurs instrumens [de musique] anciens ont esté rejettez comme les pyctides, barbites et autres. L. Le Roy, trad. des Politiques d’Aristote, VIII, 6.

Barbitonsurer. — Il y a bien fallu du temps et de loisir pour le rendre [l’Antechrist] parfaictement galand, leste et accompli de tous ses membres, et principallement de ses dents, ongles, griffes, becq et cornes : car il y a fallu des mareschaux pour les forger, des armuriers pour les battre : couteliers pour les affiler : fourbisseurs QoRe les polir : barbiers pour les barbitonsurer. DE Mannix, Differ. de la Relig., I, 111, 15.

Barboire. Mascarade, — Tantost survindrent jeux, comedies, morisques, mommeries, barboires, et autres diverses manieres desbatemens, telz que es grands courts des Princes se souloient faire. LEMAIRE DE BELGES, Illustr., 1, 44. — Es nopces de Jan Delif.…. feismes un barboire joyeulx avecques force coquilles de sainet Michel, et belles caquerolles de limassons, RapeLais, IV, 52.

Barbonner. Marmotter, — J’avoye tant de confiance en la vierge Marie et es sainctes desquelles je ne faisoye que barbonner heures, prieres et suffrages jour et nuict. FAreL, Du eray usage de la Croix, p. 172, Fick (G., Compl.).

Barbot. Sorte d’insecte. — Par ce moyen ny un stelion venimeux, n’un villain fouillemerde et barbot… viendront piller les rusches. COTEREAU, trad. de Columelle, IX, 7. — Quant la rose ouvre son sein, Le barbot le plus villain Ne ronge que les plus belles. AUBIGNÉ, Primtems, L. III, Ode 12. — Mais du myrthe verd la feuille Vit tousjours et ne luy chault De vent, de froit, ny de chault, De ver barbot, ny abeille. Id., ib. — Plusieurs [oiseaux] pour vivre avoir courent sus aux poyssons, Les autres vont de nuyt par les boys et buissons Chasser aux oyseletz : autres menent la guerre Tant aux barbotz qu’aux vers qu’ilz trouvent dedans terre. AUBIGNÉ, la Creation, IX (III, 387). — Ils en firent mourir à petit feu, enterrer vifs, et d’autres ausquels ils mettoyent sur le nombril quelques barbots, couverts d’une escuelle; ces bestes entroyent dans le ventre. [n., Hist. Unio., II;

Barbote 1. Sorte d’insecte (forme fémin, de barbot?). — Les punaises, les escrouelles, Les papillons, les sauterelles, Les janjeudis, les escargots, Bref toutes les meres barbotes En ont abandonné leurs grotes. Var. hist. et litt., V, 139.

Barbote 2. Bavardage. — Tu ne faiz que amener traquas, Quaqueter et mener barbotes. Sotties, II, 84.

Barboté. Garni de barbes. — Et voyant par les champs blondoyer la moisson Des espics barbotez aprenne sa leçon, Qui plus sont pleins de grain, plus leurs testes abaissent, Du Banras, 1re Semaine, 7e Jour, p. 329. — Le moissonneur qui pille la richesse Des espis barbotez Sent sur le soir d’une douce liesse Ses esprits contentez, P. pe Connu, Œuv. poet., p. 37.