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BAILLISTRE
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a baillé en charge. In., ib., III, x, 5. — Puis se tournant dist à son EE ja qu’il luy baillast un papier qu’il luy avoit donné en charge. R. BeLEAU, la Bergerie, 1* Journ. (1, 266). — Vous parlez ne ouir dire, — Je le vous donne tel qu’on me l’a baillé. H. EsTienne, Dial. du lang. franc. ital., 1, 169. — Luy ayant esté baillé un chevreau, il souffrit deux jours la faim avant que de le vouloir offencer. Montaigne, II, 12 (II, 207).

La bailler crue, Bailler le moine, Bailler la venue, v. Cru, Moine, Venue.

En bailler, en bailler d’une à qqn. Lui jouer un tour, le tromper. — Or vous nous en avez bien baillé : mais jamais pus personne ne nous en baillera de la sorte. Le Maçox, trad. de Boccace, Décaméron, VIII, 9. — Il voulut faindre estre expert medecin. Ce neantmoins le cheval comme fin suy en bailla d’une aultre encor plus chaulde. HaupenrT, Apologues d’Esorr, 1, 143. — Feste-bieu ! cestuy luy en aura baillé d’une, puisqu’il Juy a faict croire qu’il estoit Constant, car Constant est là haut. LarivE y, la Vefve, V, 6, — Il en sçait, il lui en baille d’une. In., le Morfondu, IV, 3. — De belles! On vous en a bien baillé d’une ! C’estoit quelqu’un qui en avoit de deux. Ce ne sont que toutes bayes. François D’Amboise, Les eapolitaines, I, 1.

Baille-luy-belle, Baille-luy-bon-branle. — Pour le bon amour et zele que tous portent à nos brocgardissimes et croustelevez cousins, tous bons ES de tavernes, champgaillardiers, fins galers.. bailleurs de belles vessies, loqueteurs, besaciers, ragoins, baille-luy-belle, bedondiers, vielleurs, emoleurs, beffleurs, baille-luy-bon-branle. Var. hist. et Litt., IV, 50.

Bâiller. Bailler à ou après. Aspirer à, désirer ardemment. (Cf. Beer.) — La tromperesse Ambition Un vray Poete n’enveloppe.. Ny aux ri_chesses il ne bâille. Baïf, Poemes, L. VIIL (II, 392). — Je les ay veu cupidement baisler apres les ue F. Brerin, trad, de Lucien, Merip, 5.

Baillet 1. Roux. — Les nostres [chevres] sont baillettes. Pn, Dp’ALcrire, Nouvelle Fabrique, _p. 46. — Vin. Joyeux… bon, cleret ou baillet. . DE LA Porte, Epithetes, 423 vo.

Baillet 2. Qui a une marque. — Il sacrifia leans à Apis, un taureau baillet, que les Egyptiens adorent en forme d’un dieu. P. SauraT, trad. de Grorce Gemisre, L. I, 228 vo.

Bailleur. Donneur. — Les medecins sont vrays bailleurs de paraboles, c’est à dire de bellesvisées, sive, de fadaises, DEs Autels, Mitistoire Barragouyne, ch. 10.

Bailleur de flustes. Trompeur. — L’apocalipse… à telz bailleurs de flustes [ceux qui détournent le — sens de l’Evangile], Les detestant, donne nom de + tes. Jacques D’ANGLURE à J. Bouchet, dans les Epistres familieres du Traverseur, 112.

Bailleur de foin à la mule. Larron. — S’il ne faisoit cela, on prendroit son porc, et… encores qu’on l’eust marchandé, ces bailleurs de foing à la mule n’en bailleroient rien, et ne faisoient que, apres qu’ils avoient prins et marchandé quelque chose, Je vous envoieray de l’argent par le borgne. Guic. Boucuer, 15° Seree (III, 101). — _ — Le marchand, pensant que ce fussent gens attiltrez pour gourrer sa chasuble, qui estoit de velours cramoisi, va aussi apres le Curé, qui estoit chappé, criant au larron, au bailleur de foin à la mule, qui emporte et desrobe ma chasuble. In., äb. (III, 107).

(Calembour). — H n’est plus de bailleurs, Sinon de ceulx lesquelz dormiroyent bien, Manor, Epistres, 8.

Baillie. Pouvoir, possession, gouvernement, — Garde mon corps de villennie, Tiens mon ame en ta baillie. Anc. Poés. franç., II, 122. — Car trop plus quelles me donrois de soulas, Si quelque foys en ma ballye tavoie. Michel d’Amboise, Complainctes de l’Esclave fortuné, 51 ro. — Ce me contrainet à rire incessamment, Que je regarde un chascun qui follye, Et plus ceulx qui ont plus d’entendement Et plus de biens en leur main et ballye. id., trad. de Fregoso, le Ris de Democrite, ch. 12. — Helas j’ouï, certes, tantost apres Ceus qui de moy furent procheins et pres, Pleindre, gemir à voix moittié faillie Que Mort tenoit desja en sa baillie. Ch. Fontaine, les 21 Epistres d’Ovine, Ep. 14, p. 261. — Les Egyptiens idolatres croyoient qu’il y avoit des Genies, qui admonestoient en voix bien formee et articulee les hommes estans sous leur baillie et gouvernement. Le Loyer, Hist. des Spectres, IV, 16. — Il n’y a doute… que ces enfans ne soient de la tutelle et baillie du diable. id., VII, 14.

Ceux qui gouvernent. — Les Baillifs sont ainsi appellez du mot de Bail, c’est à dire gardien : et la Baillie ancienne de Florence des dix deputez estoit garde de l’estat et souveraineté. J. Bodin, Republique, III, 5.

Baillif. Bailli. — Il espousa la fille du baillif Concordat. Rabelais, III, 28. — Il confessa.… qu’il avoit grandement offensé Dieu, d’autant qu’il avoit malheureusement tué son père, et qu’il avoit bien merité la mort : et pourtant qu’on envoyast querir le baillif. H. Estienne, Apol. pour Her., ch. 18 (I, 390). — Ainsy que ledict navyre fut arrivé en Sellande pour venir à Bourdeaulx, fut visité et arresté par le baylif des eaulx, demourant en la ville de Milledebourg, et par luy lesdictes armes furent confisquées et retenues. Monluc, Lettres, 185 (V, 123).

Saliat emploie le mot bailly pour traduire νομάρχης : — Il estoit ordonné à chescun sien subject faire apparoir d’an en an à son prévost ou bailly dequoy il vivoit. Trad, d’Hérodote, II, 177.

Baillive. Femme d’un bailli. — Le troisieme jour du mois de mars a Tours, depesché ung mandement adressant au tresorier d’Alençon… pour payer les deniers de la dicte recepte a madame la baillive de Caen. Reg. de Jehan de Frotté (G., Compl.). — Comme il estoit advenu… à mademoiselle la baillive Courtin. Ambr. Paré, VIII, 40.

Baillifve 1. Pouvoir, possession. — Or ne scay pas pourquoy Ny la raison corps si tranquille et quoy As occupé et mis en ta balifve. Michel d’Amboise, Epistres veneriennes, 16.

Baillifve 2. Banlieue, — M. de Noailles avoit desjà mandé apprester toutes les baillifves pour les mettre dans la ville par le chasteau du Ha, qu’il avoit. Monluc, Commentaires, L. V (TITI, 65). (L’édition Courteault donne banlieues.)

Baillir. Donner. — Et si perdras de nostre puy l’affique, Tant te bauldray grant plamuse et bauffree. P. Fagri, Art de Rhetor., 11, 115. — C’est grand folye que de suyvre Yvrongnes qui font telz forfaitz, Qui n’en sont saoulx d’once ne livre, Non pas qui leur bauldroït leur faitz. Ane. Poës. franç., II, 322.

Baillistre. Celui à qui est confié un mineur. — Nous declarons toutes dispositions d’entre vifs ou testamentaires qui seront cy apres faictes par