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394 FEUTRIER — FÈVE


cation, il fit partie, en 1810, du concile national convoqué à Paris par Napoléon, à l’effet de régler les différends survenus entre lui et le saint-siése ; et, comme ses collègues, il résista aux ordres de l’empereur, et protesta contre les violences dont îe pape était l’objet. La Restauration le maintint dans sa position à la grande aumônerie, et récompensa en 1315 la fidélité dont il avait fait preuve pendant les cent jours, en refusant de prêter serment à l’empereur malgré les instances du cardinal Fesch, par une place de chanoine au chapitre royal de Saint-Denis, et par la cure de la Madeleine, l’une des plus riches de la capitale.

Doué d’une physionomie heureuse, d’une grande douceur de manières, d’une rare aménité d’esprit, il vit ses sermons, non moins remarquables par l’onction et l’harmonie du style que par la dignité gracieuse du débit, devenir à la mode dans toutes les paroisses. Il était vicaire général du diocèse de Paris, et depuis longtemps l’opinion publique le désignait pourunévêché ; sa promotion au siège de Beauvais, en 182G, ne surprit donc personne, et la manière dont il gouverna ce diocèse acheva de lui gagner tous les creurs. Les libéraux lui surent particulièrement gré de n’avoir point permis auï missionnaires de venir prêcher son troupeau, et son nom devint tout à fait populaire quand on le vit punir les prêtres refusant les sacrements aux malades et la sépulture chrétienne aux morts.

M. de Martignac, porté au pouvoir par la marée montante de l’opinion, ne pouvait faire choix pour la direction desaffaires ecclésiastiques, séparées del’instruction publique, confiée à M. de Vatimesnil, d’un collaborateur dont les antécédents fussent autant que les siens une garantie de sagesse et de modération. Son nom se rattachera indissolublement à unemesure restée célèbre dans les annales de k Restauration

nous voulons parler des ordonnances du 16 juin

1828, en vertu desquelles les maisons d’éducation tenues par l’es jésuites devaient être fermées et les petits séminaires se soumettre désormais à la juridiction universitaire. Le parti prêtre cria à l’impiété, à la persécution ; les journaux à sa solde affectèrent de ne plus voir dans l’évêque de Beauvais qu’un transfuge, qu’un apostat ; et ces clameurs passionnées blessèrent au cœur l’abbé Feulrier, esprit droit, honnête, consciencieux, mais timide. Ses collègues de l’épiscopat, de passage dans la capitale, lui renvoyairent, sans un mot de réponse ni d’excuse, les invitations à dîner qu’il croyait devoir leur adresser. Ces outrages publics, et les calomnies de tout genre que la gent dévote se plut à répandre contre son caractère le firent tomber dans une mélancolie profonde, dont ne put le distraire son élévation à la pairie avec le titre de comte. La dissolution du cabinet Martignac fut donc à ses yeux l’événement le plus heureux de sa vie ; car elle lui permettait d’aller oublier au sein de son diocèse les vaines passions des hommes, dans l’accomplissement des devoirs de son état. Mais il ne lui fut pas donné de jouir longtemps de sa philosophique retraite. Venu à Paris le 26 juin 1830, pour y consulter les médecins sur 1 affaiblissement toujours croissant de sa santé, on le trouva, le lendemain matin mort dans son lit. U avait succombé, à ce qu’il paraît, à un épanchement au cerveau. Le vulgaire attribua sa mort au poison, et accusa les jésuites de s’être vengés. Mais l’autopsie fit jusUcedeces rumeurs. 11 a laissé des Panégyriques de Jeanned’Arc ( 1821), de saint iouis (1822), des Oraisons funèbres du duc de Berrij (1820) et de le Vuchesse d’Orléans ( 1821).

FEUX (Marine). Voyez Fanal.

FEUX (Théâtre). Ce terme, qui ne s’emploie guère qu au pluriel, désigne la rétribution accordée aux artistes dramatiques soit indépendamment de leurs appointements, soit pour en tenir lieu, quand ils n’ont pas d’engagement annuel, ou qu’ils ne sont chargés qu’accidentellement ou d’un on de plusieursrôh s pour un nombre déterminéde représentations. L’origine de cette expression dérive sans doute de l’usage de la’lumière dont les artistes ont iiesoin dans leur loge pour s’habituer, ou du chauffage, qui est pour eux d’une néces-


sité absolue pendant la plus grande partie de l’année, et dont ils étaient obligés primitivement de se pourvoir a leurs frais. Cette rétribution a probablement été imaginée pour exciter le zèle des artistes et les intéresser aux recettes, en proportionnant leur traitement à leurs travaux. L’usage, dans les grands théâtres surtout, est d’allouer des feux pour chaque rôle ou chaque représentation. Les feux et les amendes sont un préservatif contre les rhumes et les migraines de ces messieurs et de ces dames. Dufey (de l’Ycaoe).

FEUX (A l’extinction des). Voyez Extinction.

FEUX DE DENTS. Voyez Dentition et Boutons (Médecine).

FEUX DU BENGALE. Voyez Flammes du Bengale.

FEUX PERPÉTUELS. Voyez Naphte.

FÈVE, genre de plantes de la famille des légumineuses, tribu des papilionacées, dans lequel la plupart des botanistes ne rangent qu’une espèce, Ufève commune (Jaba vulgaris, Moench.), probablement originaire de la Perse et des environs de la mer Caspienne, et offrant de nombreuses variétés. Sa tige, creuse, relevée de quatre angles saillants, s’élève de 6 à 8 décimètres ; ses feuilles sont formées d’une ou deux paires de grandes folioles un peu charnues, ovales, mucronées, entières et glabres ; elles n’ont qu’un rudiment de vrille ; leurs stipules sont demi-sagittées, marquées endessus d’une fâche brune. Ses grandes fleurs sont blanches, marquées sur chaque aile d’une grande tache noire. Ses légumes sont gros, renflés, à parois assez épaisses, et ils renferment cinq ou six graines, dont le volume, la forme, la couleur varient notablement dans les diverses variétés de l’espèce. Parmi ces variétés, on cultive principalement dans le potager \a grosse fève de Windsor, déforme orbiculaire ; la fève de marais {Jaba major), de forme allongée ; la fève julienne (Jaba minor), hâtive, mais moins grosse que la précédente ; la fève naine hâtive (Jaba minima), d’un volume encore moindre que la précédente, très-estimée, et qui croit avec un égal succès sous châssis et en pleine terre ; la fève verte {faba viridis), originaire de la Chine, dont les fiuits sont toujours verts, même étant secs ; \afèveà longue cosse(faba Zony ! Sî/î ? Ha), très-productive, l’mie des plus recherchées et des meilleures ; la fève violette (fabaviolncea), encore rare, et qui ne diffère de h fève verte que par la couleur ; la fève pourpre (faba purpurea), dont les fleurs sont dignes de figurer dans les jardins d’agrément. Une autre variété, plus spécialement destinée à la nourriture des bestiaux, est la fève de cheval, féverole ou gourganne (fabaequina), dont la graine est allongée, un peu cylindrique, et dont les fleurs sont noires ou d’un blanc La féverole compte plusieurs variétés : la petite, la nouennc et la grosse, dite féverole anglaise, qui passe pour la plus productive ; sa tige est en effet plus élevée, mais elle demande un meilleur terrain.

Modifiée par la culture, la fève a acquis plus de moelleux et une saveur sut generis que nous essayerions vai nemènt de décrire ; aussi désire-t-on vivement chaque année la voir reparaître sur nos tables. C’est un mets fortagréable, soit qu’on les mange entières, au commencement de leur apparition, ou dérobées un peu plus tard. C’est aussi une dis primeurs que les médecins permettent le plus facilement aux malades. Les fèves sontt.ès-nutritixes, tres-saines, et d’une.facile digestion, sous quelque forme que nous es nréparions ; c’est aussi une nourriture de garde pour les bestiaux. Ces niantes possèdent encore deux avantages qui méritent de fixer l’attention : l’un est de ne point fatiguer la terre mais de la débarrasser, au contraire, des mauvaises herbes’par leur feuillage, et delà diviser par leurs racines, la disposant ainsi à donner de plus abondantes récobes ; l’autre, de devenir, après avoir été renversées par la charrue, et enfouies sous terre, un des meilleurs engrais végétaux. Elles se sèment au printemps, et même en automne, dans toutes les parties de la France ; seulement les semis dau