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.192 FEUILLETON — FEU SAINT-AN TOINE tions que te feuilleton ancien; sa verve serpente avec plus de facilité; il est d'une lecture plus aisée. Son grand cheval de bataille, c'est le paradoxe; il s'y complaît, il s'y retourne k loisir. Lorsqu'il veut faire de l'érudition, il est loin d'y trouver son compte, et dans de pareilles dispositions, qui contrastent avec .ses habitudes ordinaires, il est cent fuis plus pédant que l'ancien leuillelon. Son érudition consiste urdinaireiuent en une série de noms peu connus , cpTil déroule avec complaisance, et en citations apprises la veille. Kidin, Sun plus grand délaut, c'est d'Être toujours à côlé du sujet qu'd se propose d'examiner. Nous ne croyons pas exagérer les mauvais côtés du feuilleton actuel ; nous savons que sous la plume de plusieurs écrivains il possède la plupart des qualités opposées aux nombreux défauts dont nous venons de parler. Mais une chose certaine, c'est que, loui de .servir les intérêts littéraires , il tend à s'écarter des engagements sévères ((ue ses anciens maîtres lui avaient fait prendre enveis le public, que son autorité s'affaiblit, et que bien peu de personnes sont disposées aujourd'liui à le croire sur parole. Quelles sont les causes de celle disgrâce? La première, la cause capitale, c'est (|ne le feuilleton sert d'exercice littéraire à tout débutant. Une fois la plume à la main, on s'escrime de son mieux ; on frappe d'estoc et de taille pour faire le plus de bruit possible; ou s'atlaqtieaux hautes réputations, qu'on escalade à l'aide d'un je emphatique; on lait léu des quatre pieds, on s'épuise, on s'exténue; on perd le peu d'imagination juvénile qu'on avait, pour copier une allure de pensée plus virile. Parce qu'il se trouve à la léte du feuilleton actuel un homme plein d'esprit, de verve et de saillies, un écrivain qui dans ses mauvais jours peut fout se peruietirc , siir qu'il est de ne jamais rester couit, on s'est imaginé que pour arriver à la réputation il n'y avait rien de mieux à faire que de le copier, que d'étudier nonseulement .son style, mais encore de singer son rire et de cal(|uer son tic favori. Pour atieindre ce but, on fait mentir son caractère, on se met un masque rieur; on travaille péniblement à se <lonni'r un air libre, bardi, moqueur; et le feuilleton devient un tissu de plaisanteries nerveuses et maladives trouvées au fond d'un bol de puncli ou d'une tasse de café. 11 serait bon de mettre en léte de chaque feuilleton, comme épigraphe, celle phrase d'un écrivain du dix -huitième siècle : « L'art du journaliste n'est point de faire rire, mais d'analyser et d'instruire : un journaliste plaisant est un plaisant journaliste. » La camaraderie, à son tour, est venue harceler le leuillelon, déjà si épuisé ; elle s'est introduite dans la place démantelée. On met son feuilleton au service de ses amis par pure obligeance, et quelquefois même par vénalité; car on oublie .souvent ce précepte du même écrivain : « Qu3 l'intérêt du journaliste soit entièrement séparé de celui de l'écrivain et du libraire. >• Soumis à de si tristes épreuves, le feuilleton actuel serait tombé dans le discrédit le plus complet si des écrivains de talent, de science, de goiit, et surtout d'honneur, ne cherchaient à retarder cette ruine imminente, et à le tenir à la hauteur du but qu'il doit se propo. ser. JoNCif^^BES. Outre le feuilleton critique, les journalistes ont introduit an bas île leurs colonnes h/euUteton littéraire, qui n'est autre qu'un morceau de roman découpé. Ces romans feuillelons ont fait la fortune de quelques journaux et de quelques écrivains, entre autres de l'iédéric Sou lié, de MM. Alexandre Dumas et Eugène Sue. Une croisade fut prêchée par les évêques et le parti prêtre contre ces feuilletons venimeux; et l'assemblée législative, sur la proposilioii de M. do Riancey, les frappa d'un timbre spécial do un centime à ajouter à celui du journal. On changea alors hj roman en mémoires et bien que depuis le 2 décembre jsdI ce timbre spécial ait été supprimé, le feuilleton roman n'a pas r.-pris sa vogue. L. Locvt.T. FEUILLETTE, fiitailie servant a mettre du vin , des esprits, des liqueurs, et dont la capacité est de i32 litres environ. La fenillelle c^t appelée quelquefois demi-muid , si.rtout en Ujiirg'iii'ie. Aux environs de Lyon, feuillette s'est dit aussi d'une petite mesure à liqueur, valant une chopine ou la moitié de la pinte de Paris. FEU TEKSIQUE, VoyezFev Saint-Antoi.\e. FEUQUIERE (M.^nassès ue PAS , marquis de), lieutenant- général sous Louis XIII, né à Saiiinur en 1590, contribua puissamment à la prise de La Rochelle , fut chargé, en IC33, d'une mission en Allemagne pendant la guerre de trente ans, et lit, en IG39, le siège de Tliionville; il y fut blessé et pris , et mourut quelques mois après , laissant sur ses négociations en Allemagne de curieux Mémoires, qui ont été publiés en 1753 (3 vol. in-I2). FEUQUIÈRE (Antoine de PAS, marquis de), lieutenant général sous Louis XIV, petit-fils du précédent, naquit à Paris, en 1648, débuta à dix-liuit ans dans le régiment du roi, parvint en 1667 au grade li'enseigne, travailla dès lors avec ardeur à combler les lacunes de son éducation première, se signala aux sièges de Douay, de Tournay, de Courtiay, d'Oudenarde et de Lille, reçut un coup de feu devant celte dernière place, devint en 1668 capitaine, en 1672 aide de camp de son parent le maréchal de Luxembourg, l'année suivante colonel de cavalerie, fit la campagne de Hollande de 1673, assista aux sièges de Besançon, de Dôle, de Salins, participa à la conquête de la Franche-Comté et obtint, pour ses services à la bataille de Senef et à la levée du siège d'Oudenarde, le commandement du régiment de Royalmarine. Puis , il servit sous Ciéquy, Condé, Turenne, Câlinât l't Montecuculli , se distingua encore au combat d'AItenheim, aux sièges de Condé et de Bouchain, à la baltaille de Saint-Denis, fut fait brigadier en 1688 et maréchal de camp l'année suivante, au retour du siège de Pliilipsbourg, combattit les Vaudois en Piémont, commanda l'infanterie à la bataille de Staffarde, et, nommé lieutenant-général en 1693, eut une grande part au gaiude la bataille deNerwinde. Di.sgracié pour avoir parlé trop librement, il occupa ses loisirs à écrire des Mémoires sur la guerre , dans lesquels Voltaire u abondamment puisé pour son Siècle de Louis XIV, et que son neveu publia en 1770 (4 vol. iu-4°). 11 mourut à Paris, en 1711, à l'âge de -soixaute-trois ans. FEURItE ou FOARE. l'oi/ec Étape. FEU S.\CRÉ. Voyez Feu Saint-Antoine. FEU SAIiVT-A^TOII\E, maladie épidémique, qui parut à plusieurs reprises dans quelques provinces de la France , en Allemagne, en Sicile et en Espagne du sixième au doui^ième siècle, et que, suivant les localités on désignait eiicoie sous les noms Ae /eu sacré, feu persigue,fic Snint-Fiacre ,mal des Ardents, mal Saint-Marcou, mal Saint-Main. La plus ancienne apparition de cette maladie rrtnonte à l'an 945; elle suivit de près l'invasion des Normands , et enleva près d'un tiers de la population de Paris et de ses environs : Frodoard la mentionne dans sa Chronique. LU 993 et 994, suivant Raoul Glaher et Adbémar de Cliabanr. ais, plusieurs provinces, entre autres l'Aquitaine, le Périgord et le Limousin, furent ravagées par lelléau. Le m.il débutaitbiusqucment et brillait les entrailles ou quelque autre partie du corps, qui tombait en pièces. En 1089, au rapport lie Slijebort de Gemblours, le mal sévit en Lorraine avec une grande intensité; beaucoup de gens en furent atteints : leurs membres, noirs comme du cliaibon se détachaient du corps. Dans l'année 1130 le feu Saint-Antoine sévit à Paris avec plus d'intensité que jamais. On lit des processions et l'on transporta à Notre-Dame lâchasse de Sainte-Geneviève, qui avait une vsrlu miraculeuse pour guérir les affections c-ontagicuscs. Pendant le siècle suivant, le lléau se montra en Espagne, .i .Majorque et aussi à Paris. Au quatorzième siècle, celle capitale lut encore décimée par le mal des Ardents. j .. 11 était 'tans une telle horreur, dit Germain Brice, que par iinpréeation on !ie disait autre chose que le feu Saint-An- I toine Carde, comme te dernier malheur que l'on pouvait ! souhaiter a ses ennemis. » Le mal des Ardents, comoîe tant I d'autres maladies contagieuse-s , disparut avec le moyen â^je