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DICTIONNAIRE DE LA CONVERSATION ET DE LA LECTURE. ESPAGNOLE ( Langue ). Les habitants aborigènes de l'Espagne, au midi les Ibériens et au nord les Cantabres, [larlaient peut-être uue langue de la famille de celle des Celles; en tout cas, ils se mélangèrent de bonne heure avec des peuplades celtes, et furent dès lors désignés sous le noui do CeltiOériens. Leur principale demeure était dans la contrée qu'on appelle aujourd'hui l'Aragon, le bassin de l'Ébre. Mais ce qu'il y avait de national et de particulier dans leur langue disparut presque complètement au milieu des conquêtes et des immigrations romano-germaines. Ce fut seulement à l'extrémité nord-ouest de l'Espagne, aux abords des Pyrénées, que quelques tribus cantabres purent se maintenir et proléger jusqu'à un certain point leurs moeurs et leur langue contre tout mélange étranger. C'est d'eux que descendent les Basques, qui ont conservé en partie la langue de leurs pères, à laquelle ils donnent le nom d'eicuara, mais que les étrangers désignent sous le nom de langue basque, de même qu'ils nomment provinces basques les trois provhices où on la parle encore aujourd'hui. Toutefois, là aussi, le basque a déchu jusqu'à ne plus être qu'un dialecte populaire ; et voilà déjà bien longtemps que tout ce qui dans ces contrées appartient à la classe instruite et éclairée parle l'espagnol. 11 en est résulté qu'une littérature proprement dite n'a jamais pu se développer dans cette langue. On ne connaît qu'un petit nombre de fragments de chants populaires datant des anciens temps, et la haute antiquité qu'on leur assigne nous parait fort suspecte. Toutefois, l'ancienne langue basque s'est conservée dans quelques noms de lieux ; et aujourd'hui encore le peuple accompagne ses danses nationales de chants en escuara. Quelques tentatives ont élé faites par des Basques, qui avaient d'ailleurs plus de patriotisme que de discernement critique, pour reconstruire grammaticalement leur langue nationale , pour l'inventorier lexicologiquement et étymclogiqiiement, de même que pour recueillir des chants populaires basques. Consullezà cet égard le catalogue des mots basques dans les Recherches sur les habitants primili/ sde l' Espagne, par U. A.deHumboldt (Berlin, 1821 ) ; la grammaire basque publiée par Zarramendi, sous le titre de : El imposible Vencido ( Salamanque, 1729 ) et le Dictionnaire hispano-basque du même auteur (Saint-Sébastien, 174t); Asiartoa, Apologia dcl Bascuense (Madrid, 1S03 ); J.J. (le l/.luela, Guipuzcoaco Dantza Cogoangarrien Conduira, c'est-à-dire Histoire des anciennes Danses du Gul(iu/.cou, et Régies pour les bien exécuter et diantcr en vers ( Saint-Sébastien, 1*24 ); Enscaldun an- DICT. DE U CC-iVEllg. — T. IX. cinaco ta ara ledabicico etorquien , Collection de Clianls basques nationaux (Saint-Sébastien, 1826). Il n'y a comparativement qu'un nombre fort restreint de mots d'origine basque dans la langue espagnole actuelle. Comme toutes les langues néo-romanes, elle eut pour point de départ la lingua romana rustica. En effet, en dépit de leur défense opiniâtre , les Romains avaient tellement subjugué et romanisé les habitants de la Péninsule, que de tous les provinciaux les Espa{.;nols furent ceux qui par leurs moeurs et par leur langage se rapprochèrent le plus des vainqueurs. Ils en vinrent même jusqu'à rivaliser avec eux dans ce qui était du domaine des lettres, et plusieurs des meilleurs empereurs qu'ait eus Rome étaient nés en Espagne. Mais indépendamment de la langue romaine écrile ( sermo urbanui ), il s'était également formé en Espagne une langue des rapports sociaux, une langue populaire, composéede provincialismes particuliers, devenue de plus en plus la seule en usage, la seule généralement comprise , quand , à la suite de la décadence de l'empire et de l'invasion des tribus germaines, les relations politiques et littéraires avec Rome allèrent se relâchant chaque jour davantage ; d'où il résulta aussi en Espagne que la langue .synthétique écrite devint peu à peu une langue purement savante , puis enfin une langue morte , dont quelques parties seulement se conservèrent dans le dialecte analytique et plus commode du peuple. Ce dialecte, les Visigoths qui succédèrent aux Romains dans la domination de l'Espagne, l'adoptèrent et se l'approprièrent si bien, surtout quand ils eurent abandonné l'arianisme pour le catholicisme latin, qu'ils oublièrent leur langue maternelle, dont ils ne conservèrent et ne naturalisèrent dans le romanzoespagnol que les mots indispensables pour désigner les institutions politiques et militaires qui leur étaient propres, ou ceux qui manquaient à la langue romaine avec les idées (|u'ils représentaient, par exemple, les mots servant à désigner les différents détails du mécanisme de la constitution féodale, ou de l'organisation judiciaire et militaire des Germains, les armes, etc. Le romonio-espagnol, formé complètement d'éléments romains et enrichi seulement d'un petit nombre de mots germains, reçut de nouvelles additions des Arabes, contre lesquels les Hispano-Goths durent lutter pour la possession du sol pendant près de huit cents ans. Mais les Arabes ne contribuèrent à enrichir la langue que de termes relatifs à l'industrie, aux sciences, au commerce, ctc; peut-être bien aussi en modilièrent-ds la prononciation, comme l'aspiration de certaines lettres, déjà coni