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JÔO

ELBE ■— ELBÉE

salants de la côte (ournisicnl flu sel en abondance. La pùclic du tlion et de la sardine sont des plus productives. Quant il des inanufactures et à des fabriiiues, il n’y eu existe d’aucune espèce. Les localités les plus importantes sont : l’nrto-Ferrajo { le Portus Argous des anciens, appelé au moyen âge Burgum], chef lieu de l’ile, ville très-l’ortiliée, située au fond d'une profonde l>aic de la côte septentrionale, avec un bon portetiMi cliileau fort, une belle place, un hôtel du gouverneur considérablement embelli par Napoléon, et 5,000 habitants ; Porto-Longone , petit port sur la côte sud-est, avec des fortifications qui tombent en ruines et 3,000 habitants ; Rio, habité en grande partie par les ouvriers employés aux mines ; le grand bourg de Marciana, situé à l’ouest sur un plateau assez élevé, entouré d’une forêt de châtaigniers, avec 3,000 tiabilants ; enfin , le village de Marina di Marciana, avec un petit port.

Dès l’antiquité cette ile était célèbre pour .sa richesse en métaux. Au dixième siècle, elle passa sous la domination des Pisans, à qui les Génois l’enlevèrent en 1290. Plus tard elle appartint , à titre de lief mouvant de la couronne d’Espagne, aux ducs de Sora , princes de Piombino. Toutefois, Porlo-Longone appartenait au roi de Xaples, qui avait le droit de mettre garnison dans tous les ports. Le grand-duc de Toscane possédait en outre un district au nord de l’Ile, donné à Cosme I"’ par Charles-Quint et protégé par une citadelle appelée Coamopoli (c’est celle qui défond aujourd’hui le chef-lieu ). lin 1736 l’Ile passa, avec la principauté de Piombino, sous la domination du roi de Napics, qui en demeura le .souverain jusqu’en isol , époque où, conformément à la paix de Luuéville, elle fut attribuée au roi d’f.trurie, sous la dénomination de Stato degli Prcsidii. En 1814, après la première abdication de Napoléon, elle fut donnée en toute souveraineté à ce prince, qui la conserva depuis le 4 mai jusqu’au jour où il .s’embarqua pour retourner en France. 11 y séjourna tantôt à Porlo-Ferrajo, tantôt dans une maison de campagne située dans la vallée de San-Marino à 7 kilomèlres de la côte. Sa sœur Pauline, et sa mère, Madame-Màe , comme on l’appelait, étaient venues l’y rejoindre ; et soit habitude, soit calcul, et afin de donner le change sur ses véritables intentions et dépister les observateurs. Napoléon tut là, comme ai : Tuileries, son giand-maréchal du palais, son grand-chambellan, ses officiers d’ordonnance. Le millier de soldats de la vieillegarde qui l’y avaient suivi, quelques officiers supérieurs, tels que Bertrand, Drouot, Cornnel, Larabit, etc., jouaient un rôle important dans cette comédie politique ; les uns figuraient l’armée du nouveau souverain , et les autres sa petite cour. Cependant il s’en fallait de beaucoup que cette petite cour se composilt uniquement d’amis dévoués comme les hommes honorables dont nous venons de citer les noms. Le plus grand nombre, il faut le dire, n’étaient que des aventuriers de la pire espèce, la lie des états-majors administratif et militaire , des hommes qui , api es un an de séjour sans profit a l’ile d’Elbe, fussent devenus les espions de l’empereur et peut-être pis encore ; car ceux-là ne l’avaient accompagné que dans l’espoir de se faire auprès de lai une position douce et brillante.

^lais Napoléon avait eu évideuunent des arrière-pensées en signant le traité de Fontainebleau, et huit mois à jteine s’étaient écoulés depuis qu’il avait pris possession de l’Ile d’Elbe lorsqu’il se décida à la quitter pour en appeler de nouveau à sa (ortune.

Deux laits incontestables déterminèrent ce merveilleux épisodr ilu départ de l’ile d’Elbe : la dépopularisation de la laniille royale au commencement de 1815, et le niachiavélismeiUi congrès de Vienne. <pii menaçait à la (ois Napoléon de la déportation à Sainte-Hélène, et Mu rat de la perle de ses États. Or, ces deux princes étaient avertis par leurs émissaires de ces dispositions hostiles. ..iissi Xapol.’on avait-il fait mettre Porto-Ferrajo en état de défense. H était instruit par les journaux du mécontentement de la France , et il y trouvait la raison de son retour. Napoléon avait pardonné à Murât, et tous deux , unis encore par unedeslinée semblable , s’étaient de nouveau associés à une même fortune. L’empereur avait fait acheter des munitions de guerre il Naples, des armes à Alger, des transports à Gènes. Tout se trouva bientôt prêt pour le départ. Le n février, il donnait un grand bal , dont sa sœur Pauline Borghèse faisait les hoimeurs ;ce fut le moment qu’il choisit pour tenter la plus audacieuse entreprise dont il soit fait mention dans l’histoire, lls’estdérobéfacilementau tumulte d’une fête : sesordressont fidèlement exécutifs. A quatre heures du matin, il est à bord dj brick L’Inconstant. Quelques petits bâtiments, où (lotte son pavillon, blanc parsemé d’abeilles, reçoivent 900 hommes, qui ont vu .rcole, les Pyramides , Marengo, .usteriitz, léna, Wagram, Friedland , Moskou et Montmirail. La (lottiUe porte César et sa fortune ! Mais la fortune l’entraîne. Le gant est jeté, dit-il, en montant à bord. Le roi de Naples, Pauline Borghèse , et les généraux Bertrand , Drouot et Cambronne , qui l’accompagnent, sont seuls dans le secret du débarquement. L’armée croyait aller’ en Italie. « Nous allons en France, nous allons à Paris, » dit .Napoléon après une heure de route, et les cris de « Vive l’empereur ! Cii-e la France ! " sont les bruyants adieux des braves aux rochers de l’ile d’Elbe.

Cependant, après qu’on eut doublé le cap Saint-Amlré, le vent devint contraire, et les marins étaient d’avis de retourner à Porto-Ferrajo ; mais, comme au retour d’Egypte, Napoléon déclara qu’il voulait arriver en France, sauf, s’il était attaqué, à s’emparer de la croisière, ou à aller en Corse. Dans ce premier doute. Napoléon ordonna de jeter a la mer tout ce qui pourrait gêner la défense, et chacun fit avec empressement le sacrifice de ce qui lui appartenait. Le soir, diux frégates furent découvertes, et un brick de guerre français. Le Zéphyre, vint droit sur la llottille. Napoléon fit coucher sa garde sur le pont. L’ ne heure après, les deux bricks étaient bord à bord, et Le Zéphijre ayant demaudé des nouvelles de l’empereur. Napoléon lui-même rép<)nilit qu’il se portait bien. Echappé à ce danger, le 2S on reconnut encore un vaisseau de 74 ; mais celui-ci n’aperçut point le bateau de César. Cette journée fut employée à copier trois proclamations, adressées l’une aux Français, l’autre à l’armée, la troisième aussi à l’armée, mais au nom de la garde.

Le pont, en vue des croisières ennemies, était couvert d’expéditionnaires écrivant , sous la dictée rapide de Napoléon, ces magiques appels d’un proscrit à trente millions d’hommes. Enfin, le 1"^ mars, mois cher à l’empereur dans ses prospérités , il revit la terre française, et débarqua au golfe Juan. Le 20 mars il était à Paris {loijez Cem-Jocrs). Les actes du congrès de Vienne restituèrent l’ile d’Elbe et la [irincipauté de Piombino à ses anciens propriétaires, sous la suzeraineté du grand-duc de Toscane, avec les (les de Pianosa,de Palmajola et de Alonte-Christo, qui l’avoisinent.

ELBÉE (N. GIGOT n’), né en 1752, à Dresde, d’une famille française établie en Saxe, fut amené en France dès 1757, et s’y fit naturaliser. Entré de bonne heure dans un régiment de cavalerie, il était parvenu au grade de lieutenant, lorsqu’en 1783, voulant .«e marier, il donna sa démission pour vivre en gentilhomnH’ campagnard dans un petit bien qu’il possédait près de Beaupréau, en Anjou. Ce hit là que le trouva l’explosion révolutionnaire. Royaliste au fond du C(eiir, il suivit les princes à Cobleniz , mais il rentra en France dès qu’il connut le décret qui ordonnait aux émigrés de revenir dans le royaume, sous peine de perdre leurs droits civils et d’encourir la confiscation de leurs biens. Lorsipie commença la première insurrection de la Vendée , les paysans loyalistes des environs de Bcaupréau vinrent, en mars 1793, prier d’Elbée de se mettre in leur tête. Il ac-