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DUxNES

tilrersaires : résolu d’aller à leur rencontre et de les attaquer, il sempare des dunes les plus élevées, les entoure de forts et de retranchements , et met son armée en sûreté contre les sorties de la place. Ces dispositions prises, il s’enveloppe dans son manteau et dort , toute la nuit , d’un prorond sommeil. .K cheval à la pointe du jour, il va reconnaître les positions de l’ennemi, et range ensuite son armée en bataille : sa première ligne est formée de 10 bataillons et de 28 escadrons, Il à droite, 14 à gauche, le canon en tête ; la seconde, de 6 bataillons et de 20 escadrons, dont 10 à droite, 10 à gauche ; 6 escadrons, en réserve, chargés de surveiller les sorties, et de seconder linfanterie laissée devant Dunkerque ; quatre escadrons de gendarmerie en avant de la dernière ligne, afin de pouvoir, au besoin, porter un prompt secours à l’infanterie du corps de bataille. L’aile droite était commandée [lar le maréchal de Créqui , le centre par Turenne, les marquis ’e Gadagne et de Bellefonds ; l’aile gauche par Casteinau. Les troupes anglaises, sous les ordres de lord Lockart, appuyaient leur gauche à la mer, faisant face à l’aile droite de l’armée espagnole. Le comte de Ligniville était à la tête des troupes lorraines ; le comte de Soissuns commandait les Suisses, et le marquis de la Salle les gendarmes. Le corps de réserve avait été confié au marquis de Richelieu. Ces dispositions arrêtées , Turenne fait communiquer au général anglais les motifs qui le déterminent à livrer bataille : Je m’en rapporte bien au maréchal, répond Lockart à l’envoyé de Turenne ; après le combat, si j’en reviens, je m’informerai de ses raisons. La droite de l’armée espagnole s’appuyait vers la mer ; elle était commandée par don Juan ; la gauche, dirigée par Condé, s’étendait du côté des prairies. La cavalerie était placée, à l’aile droite, derrière l’infanterie ; à l’aile gauche, elle s’étendait entre les dunes et les fossés , sur plusieurs lignes , dans un terrain très-défavorable , coupé de canaux, couvert de marais et plein de monticules. Le prince de Condé, qui n’était pas d’avis de combattre dans une position si désavantageuse , demanda ou jeune duc de Gloccster ( fils du duc d’York ) .s’il ne s’était jamais trouvé à aucune bataille : £h bien .’ reprit Condé , après la réponse affirmative du duc, dans une demi-heure, vous verrez comme nous en perdrons une. Le canon français ne tarda pas à se faire entendre ; l’année, conduite par Turenne, s’avança avac intrépidité. L’aile droite des Espagnols , placée en partie sur une dune élevée, reçut de pied ferme la première attaque ; les troupes anglaises s’emparèrent de cette position sous le feu de l’artillerie et à travers une forêt de piques, .arrivés au sommet, rien ne peut leur résister ; tout plie, tout s’épouvante, tout cherche le salut dans une prompte fuite. Dans ce moment, Casteinau vient prendre en flanc les Espagnols : cette manœuvre détermine leur déroute, qui devient générale sur toute cette partie du champ de bataille ; les fuyards poursuivis vont jeter le désordre sur les lignes en réserve. TancUs que l’aile gauche des Français, puissamment secondée par leur alliés, taille l’ennemi en pièces, leur aile droite est près de succomber sous les coups de Condé : ses bataillons, vigoureusement attaqués au commencement de l’action, avaient été dans ce premier choc enfoncés et poursuivis à quatre cents pas par le maréchal de Créqui. Mais le prince de Condé, accouru à la tète d’un corps nombreux de cavalerie, avait fait à son tour reculer le maréchal , rompant ses raïuis, et menaçant de pénétrer jusqu’à Dunkerque, à travers les bataillons Irançais. Heureusement le coup d’œil de Turenne a tout saisi ; son expérience va tout réparer. Le danger de Créqui n’a pu lui échapper ; il vole à son secours, arrête la marche victorieuse de l’ennemi, et rétablit le combat. C’est désormais au milieu de cette mêlée que vont se porter tous les efforts ; elle devient furieuse, acharnée, des prodiges de valeur y signalent les deux armées , et la victoire (lotte longtemps incertaine. Enfin, la fortune de ïurenne l’emiiorte. Attaqués de front et sur les lianes , les - DUM 165

Esgagnols sont culbutés et disper.sés. Ramenés trois fois au combat, trois fois encore ils tombent sous le fer des Français. Le carnage est horrible. Condé, qui dans la mêlée avait eu un cheval tué sous lui, voyant l’inutilité de ses efforts, cède le champ de bataille et la victoire : il se retire en bon ordre. Don Juan le suit avec les débris de l’armée. Poursuivis jusqu’à Furnes, les vaincus abandonnent un grand nombre de morts et de blessés, des munitions, des bagages, de l’artillerie. Ce succès brillant coûta peu aux Français : ils rentrèrent dans leurs lignes , et continuèrent, sans interruption , les opérations du siège. Cette journée eut du retentissement en France : les Espagnols y perdirent 6,000 hommes, dont 3,000 morts et 3,000 prisonniers. Le soir même de celte bataille, le modeste vainqueur écrivait ce billet à sa femme : •^ Les ennemis sont venus à nous, ils ont été battus ; Dieu en soit loué ! J’ai un peu fatigué toute la journée ; je vous souhaite le bon soir, je vais me coucher, u

La défaite des Espagnols n’abattit pas le courage des défenseurs de Dunkerque ; ils soutinrent encore pendant onze jours les efforts des assiégeants, et n’ouvrirent leurs portes aux Français que lorsqu’ils les virent au pied de leurs murailles. DUXETTE (c’est-à<lire petite dune). Quand vous mettrez le pied sur le pont d’un vaisseau de hgne, tournei les yeux vers l’arrière du bâtiment, vous verrez une espèce d’étage dedeux mèti es environ de Lauteur,dont le couronnement porte écrit en lettres brillantes ces deux mots , Honneur el Patrie : c’est la dunette ; c’est là qu’habite le commandant, et l’amiral, quand il y a un amiral à bord. Ce logement est confortable : il se compose d’une grande galerie, qui occupe la partie extrême de la poupe et d’où l’on découvre au loin la mer derrière le navire ; d’une grande chambre, qui sert de salle à manger, de salle de conseil, etc., où il est impossible d’oubfier que l’on est à bord d’une machine de guerre, car les jeux y sont frappés tout d’abord de la vue de deux énormes canons noirs amarrés aux sabords, de chaque côté ; elle renferme encore plusieurs autre* petites chambres, destinées à divers usages. C’est sur la dunette que se tient l’ofTicier de quart quand le vaisseau est en marche ; c’est aussi le poste du commandant pendant le combat, car de là il domine sur toute la longueur du navire, en embrasse l’intérieur et l’extérieur d’un seul conp d’œil, et juge de ses évolutions et de celles de l’ennemi ; mais aussi il s’y trouve exposé plus qu’un autre aux balles lorsqu’on combat de près ; il est reconnaissable à l’éclat de son costume. Trop souvent les habiles tireurs placés dans les hunes le prennent pour point de mire de leurs coups. C’est ainsi, dit-on, que périt >"elson au combat de Trafalgar : un matelot français le reconnut sur sa dunette, l’ajusta et l’abaltit. Autrefois, les dunettes avaient plusieurs étages élevés les uns au-dessus des autres , ce qui donnait à-cette partie du navire l’apparence d’une forteresse, qu’on nommait château d’arrière : cette construction était commode pour les officiers, mais elle nuisait aux principales qualités qu’on requiert aujourd’hui des navires de guerre. De nos jours, on a considéré les dunettes comme un simple objet de luxe dont on gratifiait le capitaine, et qui chargeait l’arrière des vaisseaux sans utilité ; on a même construit des vaisseaux de ligne d’après ce principe : il parait qu’on est revenu sur cette décision, et l’on a conservé les dunettes.

Tbéogène Î’acE, capilaine de vaisseau.

DUJI (EciDio-RoiiLALDo), compositeur célèbre, né à Matera (royaume de >'aples), le 9 février 1709, était le dixième enfant de son père. A neuf ans, il fut envoyé au conservatoire de la Pietà, où il eut pour professeur le célèbre Durante. Son début à Rome fut un grand opéra de Séron, qui , bien qu’en concurrence avec une composition de Pergolèse, obtint une préférence marquée. Loin de s’enorgueillir de son triomphe, Duni le déplora, partit pour Vienne, où il fut employé dans des négociations, revint